Critique : Fast & furious 8

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Fast & furious 8

Etats-Unis, 2017
Titre original : The Fate of the Furious
Réalisateur : F. Gary Gray
Scénario : Chris Morgan
Acteurs : Vin Diesel, Dwayne Johnson, Jason Statham, Michelle Rodriguez
Distribution : Universal Pictures International France
Durée : 2h16
Genre : Action
Date de sortie : 12 avril 2017

Note : 3/5

Avec désormais huit films à son actif depuis le début du siècle, l’univers de Fast & furious a avancé au rang d’incontournable du divertissement spectaculaire. Tandis que bon nombre de ses concurrents tournent en rond dans le cercle vicieux de l’éternel redémarrage, la bande des experts en bolides vrombissants trace tranquillement sa route. A l’image des James Bond qui, eux, peuvent se targuer d’une tradition encore plus longue et prestigieuse, Fast & furious a su créer la somme de tout ce qui compte à un moment donné dans le domaine de l’action époustouflante, tout en s’appuyant sur quelques personnages emblématiques et des budgets plus que conséquents, garants quasiment infaillibles d’un succès planétaire au box-office. Le principe du balayage tout inclusif – aussi opportuniste soit-il – fait donc une fois de plus mouche dans Fast & furious 8, un film d’une efficacité jamais prise en défaut, qui ravira tous les fans de la série sans pour autant trop dérouter les passagers plus sporadiques de ces virées endiablées.

Synopsis : Dominic Toretto et Letty coulent des jours tranquilles à Cuba, tout juste perturbés par une petite compétition pour préserver l’honneur familiale. La puissante pirate informatique Cipher a pourtant retrouvé leur trace et fait chanter Dominic. Lors d’une nouvelle opération de l’équipe commandée par l’ancien agent Hobbs à Berlin, qui vise à récupérer un engin électrique au pouvoir de nuisance considérable, Dominic fait bande à part et trahit ses anciens camarades. Le mystérieux Monsieur Personne permet à Hobbs de s’enfuir de la prison de haute sécurité, où il a été enfermé suite à l’échec du casse allemand, à condition de faire équipe avec son adversaire d’antan Deckard Shaw et de venir à bout des projets machiavéliques de Cipher et son acolyte involontaire Toretto.

Les agents 008 sont de retour

Même si les films de Fast & furious ont élargi au fil du temps la cible du public visé, leur image de marque reste toujours la promotion d’une forme de virilité plutôt caricaturale, qui carbure exclusivement aux voitures dotées de moteurs surpuissants et aux belles femmes légèrement vêtues. La première partie du film de F. Gary Gray, un réalisateur à la filmographie à peu près solide qui s’acquitte convenablement de la tâche de succéder à Justin Lin et James Wan, les sauveurs de la formule qui risquait de caler après des débuts plus incertains, peut ainsi être comprise comme un hommage à ces origines machistes, sur fond du décor exotique jusqu’à présent préservé de La Havane et une course à l’ancienne pendant laquelle le fair-play compte au moins autant que l’adresse au volant. Par la suite, les affrontements musclés deviennent plus sophistiqués dans leur exécution, à tel point que même l’évasion de prison s’apparente à la chorégraphie fluide d’une violence qui l’est beaucoup moins. Même constat quand il s’agit de zigzaguer à travers des centaines de voitures connectées téléguidées – bonjour les dégâts dans la perception des véhicules autonomes de demain ! –, d’embarquer dans un avion en plein air ou d’écarter une torpille avec la seule force physique de Dwayne Johnson. Tous ces exploits, d’ores et déjà amplement exposés dans une bande-annonce qui révèle quasiment l’intégralité de l’intrigue peu complexe, se succèdent à un rythme si soutenu et si anémique en termes de développement dramatique, qu’ils deviennent carrément la raison d’être primordiale du film.

Photo de famille avec bébé

Car en dépit d’une esthétique de l’action rodée à la perfection après des dizaines de séquences plus tonitruantes les unes que les autres, le fond scénaristique de Fast & furious reste toujours aussi peu engageant. L’avantage de ces histoires en fin de compte tout à fait interchangeables est que le spectateur peut embarquer sans souci majeur dans chaque nouvel épisode, même en ayant raté le précédent. L’inconvénient assez majeur consiste par contre en une absence de personnalité, tant soit peu compensée par un attachement presque outrancier à des valeurs sommairement fédératrices. La motivation pour chaque nouvel acte de bravoure sur le champ de bataille des temps modernes, que l’on peut aisément considérer dans le cas présent comme le champ de ruines de la Guerre froide et d’autres vestiges en guise de poncifs de cette époque révolue, est la protection de la famille au sens large. Celle-ci est la maxime de pratiquement tous les personnages, à l’exception prévisible des méchants menés par une Charlize Theron sensiblement moins charismatique ici que dans le dernier Mad Max. Autour de ce repère ombrelle, les personnages s’agitent sagement selon le rôle qui leur a été attribué depuis longtemps, sans que quiconque parmi eux n’ait l’occasion de s’imposer dans un récit qui privilégie forcément l’action à l’état brut.

Conclusion

Comment expliquer le succès sur la durée, voire de plus en plus marqué d’année en année, de l’univers Fast & furious ? Peut-être en admettant que la faiblesse apparente de ces films à la gloire de la force physique est en fait leur force. Ils ne prétendent point à réinventer le monde ou le cinéma. Cependant, dans les limites de son ambition d’évasion dans un environnement sans frein à l’épanouissement masculin, cet univers nous gratifie à nouveau d’un divertissement adéquat. Le seul effet secondaire en serait notre étonnement de voir une formule a priori si fatiguée fonctionner encore convenablement après tant d’années et de films très proches dans le ton et les enjeux arbitraires.

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