Décès du réalisateur Jacques Rivette

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Il était l’un des fondateurs de la Nouvelle vague, un cinéaste à l’œuvre aussi atypique qu’épique, qui a su rester fidèle à ses préoccupations artistiques et théoriques au cours d’une filmographie monumentale ! Le réalisateur et scénariste français Jacques Rivette est décédé ce jour. Il était âgé de 87 ans. Plus admiré qu’aimé par le public, Jacques Rivette a pourtant su créer au fil d’un demi-siècle une filmographie au moins aussi impressionnante que celles de ses contemporains François Truffaut, Jean-Luc Godard, Claude Chabrol et Eric Rohmer. Parmi ses films les plus marquants, citons La Religieuse, Out 1, Céline et Julie vont en bateau, La Belle noiseuse et Jeanne la pucelle.

Religieuse

Jacques Rivette était parti de sa province natale à Paris à la fin des années 1940. Il y avait d’abord tenté sa chance en se joignant à Truffaut, Godard, Rohmer et les autres pour les premières années de la revue emblématique Les Cahiers du cinéma, dont il allait devenir le rédacteur en chef pendant deux ans au début des années ’60. Rivette avait tourné son premier court-métrage dans des conditions à peu près professionnelles en ’56 à travers Le Coup du berger, coécrit et produit par Chabrol. Cinq ans plus tard, à l’issue d’une production calamiteuse, allait sortir son premier long-métrage, Paris nous appartient. Jacques Rivette allait défrayer la chronique avec son film suivant, l’adaptation de Diderot La Religieuse avec Anna Karina, poursuivi par la censure et affublé d’une interdiction aux mineurs soi-disant à cause de sa description scandaleuse de la vie du clergé.

Out1

Sans doute refroidi par la réception tumultueuse de son dernier film, Jacques Rivette avait entamé une brève parenthèse à la télévision où il avait tourné un portrait de son idole Jean Renoir pour les besoins de l’émission « Cinéastes de notre temps ». Ses films suivants allaient faire la part belle aux talents d’improvisation de ses comédiens, à commencer par L’Amour fou en ’69 avec sa muse Bulle Ogier. Deux ans plus tard devait sortir la pièce maîtresse de sa filmographie, le film-fleuve Out 1 avec Jean-Pierre Léaud et Juliet Berto, une variation en huit films sur douze heures autour de « L’Histoire de Treize » de Honoré de Balzac. Initialement prévu pour la télévision, Out 1 n’allait sortir dans sa version intégrale que bien plus tard, à savoir à l’automne dernier lorsqu’il était distribué par Carlotta à la fois en vidéo et au cinéma. Une version « courte » de quatre heures et demie était toutefois sortie en ’74.

BelleNoiseuse

Le fantastique Céline et Julie vont en bateau est sans doute le film le plus connu à l’étranger du réalisateur. Avec une durée là encore impressionnante de plus de trois heures, il ouvrait la voie aux films ultérieurs de Rivette, des portraits de femmes énigmatiques perdues dans les méandres d’un labyrinthe filmique débordant d’indices et de réflexions intellectuelles. Ses deux autres films des années ’70, Duelle et Noroît, avaient adopté le même ton libre et fantaisiste avant un tournant plus sombre et sobre dans la décennie suivante, à travers Le Pont du Nord, Merry-Go-Round, L’Amour par terre, l’adaptation Hurlevent et La Bande des quatre. La présentation de La Belle noiseuse au festival de Cannes en ’91 était le point de départ d’un bref moment de reconnaissance publique et artistique pour le réalisateur. En effet, à l’intimité de quatre heures de lutte créative entre Michel Piccoli et Emmanuelle Béart sous le regard méfiant de Jane Birkin suivait son diptyque de plus de cinq heures sur Jeanne d’Arc, Jeanne la pucelle avec Sandrine Bonnaire dans le rôle emblématique de l’icone française.

VaSavoir

Les six derniers films de Jacques Rivette enrichissaient davantage l’univers de ce cinéaste singulier, sans pour autant trouver nécessairement les faveurs du public : Haut bas fragile avec Marianne Denicourt et Nathalie Richard, Secret défense avec Bonnaire et Jerzy Radziwilowicz, Va savoir avec Jeanne Balibar et Sergio Castellitto et sa version longue Va savoir +, Histoire de Marie et Julien avec Béart et Radziwilowicz, Ne touchez pas la hache avec Balibar et Guillaume Depardieu, ainsi que l’inhabituellement court 36 vues du pic Saint-Loup avec Birkin et Castellitto sorti en 2009.

JacquesRivette

Pour un cinéaste de la carrure de Jacques Rivette, celui-ci n’a reçu que très peu de récompenses, comme par exemple le Grand prix du jury et le prix du Meilleur film étranger des critiques de Los Angeles pour La Belle noiseuse. Le même film lui avait également valu ses deux seules nominations aux César en ’92 en tant que Meilleur réalisateur et pour le Meilleur Film, toutes deux perdues contre Tous les matins du monde de Alain Corneau.

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