L’actrice suédoise Bibi Andersson est décédée avant-hier à Stockholm. Elle était âgée de 83 ans. L’une des plus importantes comédiennes de l’univers de Ingmar Bergman, au même titre que Liv Ullmann et Max von Sydow, Andersson avait joué dans onze des films du maître suédois, dont les chefs-d’œuvre Le Septième sceau, Les Fraises sauvages et Persona. Elle avait également collaboré avec des réalisateurs tels que John Huston, André Cayatte et Robert Altman.
Avant même d’entamer une abondante formation théâtrale, Bibi Andersson avait croisé une première fois le chemin de Ingmar Bergman lors du tournage d’une publicité en 1951. Membre de sa troupe au théâtre municipal de Malmö dès 1956, elle joue d’abord des rôles mineurs dans ses films tels que Sourires d’une nuit d’été, Le Septième sceau, Les Fraises sauvages – Ours d’or au Festival de Berlin en 1958 –, Au seuil de la vie, Le Visage, L’œil du diable et Toutes ses femmes. C’est en 1966 qu’elle décroche son rôle le plus emblématique dans la filmographie de Ingmar Bergman : celui de l’infirmière en charge de l’actrice malade interprétée par Liv Ullmann dans le troublant Persona. Après cette symbiose artistique, elle apparaît plus sporadiquement dans les films de son réalisateur attitré, par exemple dans Une passion, Le Lien et Scènes de la vie conjugale.
En parallèle, notamment à partir des années ’60, elle travaille de même pour d’autres réalisateurs, suédois comme Vilgot Sjöman (La Maîtresse et Ma sœur mon amour) et Mai Zetterling (Les Filles) ou bien étrangers tels que Ralph Nelson (La Bataille de la vallée du diable), Jacques Doniol-Valcroze (Le Viol), John Huston (La Lettre du Kremlin), Anthony Page (Jamais je ne t’ai promis un jardin de roses), André Cayatte (L’Amour en question), Robert Altman (Quintet), George Sluizer (Un homme deux femmes), David Lowell Rich (Airport 80 Concorde), James Toback (Surexposé), Gabriel Axel (Le Festin de Babette – Oscar du Meilleur Film étranger en 1988) et Marco Bellocchio (Le Rêve du papillon).
Bibi Andersson a gagné les prix d’interprétation féminine de deux des trois grands festivals européens : à Cannes, elle le reçoit avec ses trois consœurs pour Au seuil de la vie en 1958, ainsi qu’à Berlin, sous forme d’Ours d’argent, cinq ans plus tard pour La Maîtresse. La National Society of Film Critics américaine l’a récompensée également à deux reprises, en tant que Meilleure actrice pour Persona en 1968 et comme Meilleure actrice dans un second rôle pour Scènes de la vie conjugale en 1975.