Décès de l’acteur Jacques Perrin

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La 317ème section © 1964 Les Productions Georges De Beauregard / Rome-Paris Films / Tamasa Distribution
Tous droits réservés

L’acteur et producteur français Jacques Perrin est décédé le 21 avril à Paris. Il était âgé de 80 ans. Initialement un jeune premier du cinéma français et italien dans les années 1960, Perrin avait réussi l’exploit de mener ces cinquante dernières années une double carrière à la fois devant la caméra et en tant que producteur.

Après ses premiers rôles mémorables de jeune homme fébrile dans des films comme La Fille à la valise de Valerio Zurlini et Les Demoiselles de Rochefort de Jacques Demy, il avait migré vers des personnages plus matures, notamment chez Costa-Gavras, Pierre Schoendoerffer ou encore dans Cinéma Paradiso de Giuseppe Tornatore. Grâce à ses talents de producteur, le cinéma français a pu célébrer des succès artistiques ou commerciaux tels que Z et État de siège de Costa-Gavras, La Victoire en chantant de Jean-Jacques Annaud, Himalaya L’Enfance d’un chef de Eric Valli, Les Choristes de Christophe Barratier et, plus récemment, Le Loup et le lion de Gilles De Maistre.

Peau d’âne © 1970 Marianne Productions / Parc Film / Ciné Tamaris Tous droits réservés

De petits rôles à la fin des années ’50 dans des films comme Les Tricheurs de Marcel Carné et La Vérité de Henri-Georges Clouzot avaient conduit Jacques Perrin à son premier personnage majeur en 1961 dans La Fille à la valise de Valerio Zurlini. Tout au long de la décennie, l’acteur allait interpréter ce genre de jeune homme un peu timide et certainement d’une grande sensibilité, un type d’homme en parfaite symbiose avec la décomposition des stéréotypes virils à l’œuvre à partir des années ’60.

Ainsi, on a pu le voir chez Valerio Zurlini (Journal intime – Lion d’or au Festival de Venise en 1962), Duccio Tessario (Le Procès des doges), Mauro Bolognini (La Corruption), Pierre Schoendoerffer (La 317ème section), Costa-Gavras (Compartiment tueurs et Un homme de trop), Steno (Le Chevalier à la rose rouge), Claude Chabrol (La Ligne de démarcation), Jacques Demy (Les Demoiselles de Rochefort), Vittorio De Seta (Un homme à moitié), Jacques Rouffio (L’Horizon), Pierre Granier-Deferre (Le Grand dadais), Serge Korber (La Petite vertu), Charles Belmont (L’Écume des jours) et Marcel Camus (Vivre la nuit).

Le Désert des Tartares © 1976 Georges Pierre / Galatée Films / Reggane Films / Films de l’Apostrophe / France 3 Cinéma /
Gaumont / Les Acacias Tous droits réservés

C’est en 1969 que la carrière de Jacques Perrin allait prendre un nouveau tournant décisif. Sur Z de Costa-Gavras, il occupait en effet le poste de producteur délégué, tout en y jouant le rôle d’un journaliste. Ce chef-d’œuvre du cinéma politique, couronné du prix du jury au Festival de Cannes en 1969 et de l’Oscar du Meilleur Film étranger l’année suivante, était alors le point de départ d’un brillant parcours de producteur pour Perrin.

Par la suite, il s’occupait de films aussi variés que le documentaire La Guerre d’Algérie de Yves Courrière et Philippe Monnier, L’Étrangleur de Paul Vecchiali, État de siège et Section spéciale de Costa-Gavras, La Victoire en chantant de Jean-Jacques Annaud – Oscar du Meilleur Film étranger en 1977 –, Le Désert des Tartares de Valerio Zurlini, Les 40èmes rugissants de Christian De Chalonge, Hors la vie de Maroun Bagdadi, Guelwaar de Ousmane Sembene, Microcosmos Le Peuple de l’herbe de Claude Nuridsany et Marie Perennou, Himalaya L’Enfance d’un chef de Eric Valli, Le Peuple migrateur qu’il avait co-réalisé avec Jacques Cluzaud et Michel Debats, La Vie comme elle va de Jean-Henri Meunier, Les Choristes, Faubourg 36 et L’Outsider de Christophe Barratier, Tabarly de Pierre Marcel, Le Bel âge de Laurent Perreau, L’Empire du milieu du sud qu’il avait co-réalisé avec Eric Deroo, Océans et Les Saisons co-réalisés avec Jacques Cluzaud, Voyage of Time Au fil de la vie de Terrence Malick, Le Jour de mon retour de James Marsh, ainsi que Mia et le lion blanc et Le Loup et le lion de Gilles De Maistre.

L’Honneur d’un capitaine © 1982 Bela Productions / TF1 Films Production / Tamasa Distribution Tous droits réservés

En parallèle, Jacques Perrin continuait d’être très présent sur le petit et le grand écran. Notamment dans L’Américain de Marcel Bozzuffi, L’Invitée de Vittorio De Seta, Peau d’âne de Jacques Demy, Blanche de Walerian Borowczyk, Le Crabe-tambour et L’Honneur d’un capitaine de Pierre Schoendoerffer, La Part du feu de Etienne Périer, La Légion saute sur Kolwezi de Raoul Coutard, Une robe noire pour un tueur de José Giovanni, Le Juge de Philippe Lefebvre, L’Année des méduses de Christopher Frank, Paroles et musique de Elie Chouraqui, Parole de flic de José Pinheiro, Cinéma Paradiso de Giuseppe Tornatore – Grand Prix au Festival de Cannes en 1989 et Oscar du Meilleur Film étranger en 1990 –, Vanille fraise de Gérard Oury, Montparnasse Pondichéry de Yves Robert, Scènes de crimes de Frédéric Schoendoerffer, Le Pacte des loups de Christophe Gans, Là-haut Un roi au dessus des nuages de Pierre Schoendoerffer, Le Petit lieutenant de Xavier Beauvois, L’Enfer de Danis Tanovic, Rémi sans famille de Antoine Blossier et, enfin, Goliath de Frédéric Tellier, sorti au cinéma le mois dernier.

Cinema Paradiso © 1989 Luca Biamonte / Cristaldi Film / Les Films Ariane / TF1 Films Production / Les Acacias
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Jacques Perrin a été nommé à deux reprises à l’Oscar, en 1970 comme producteur du Meilleur Film Z et en 2003 dans la catégorie du Meilleur Documentaire pour Le Peuple migrateur. Du côté des César, il avait reçu un César spécial du Meilleur producteur en 1997 pour Microcosmos Le Peuple de l’herbe, puis il a été nommé en 2002 pour la Meilleure première œuvre avec Le Peuple migrateur, pour finir par gagner celui du Meilleur Documentaire en 2011 pour Océans. En 1966, il avait gagné la Coupe Volpi du Meilleur acteur au Festival de Venise pour Un homme à moitié.

Jacques Perrin est le frère de l’attachée de presse Eva Simonet, disparue en décembre 2020, et l’oncle du réalisateur Christophe Barratier (Le Temps des secrets).

La Cinémathèque Française lui avait consacré une rétrospective au printemps 2011.

Goliath © 2021 Caroline Dubois / A Single Man Productions / Dum Dum Films / Labyrinthe Films / Studiocanal
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