De retour en salles au mois de janvier 2019

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Haute pègre © Splendor Films Tous droits réservés

On prend les mêmes et on recommence. C’est ainsi que l’on pourrait résumer, de façon quelque peu expéditive, le programme des ressorties en salles au mois de janvier 2019. Bien que ce dernier dispose de pas moins de cinq mercredis et donc d’autant d’occasions de faire découvrir ou redécouvrir les trésors du cinéma d’antan, seule une quinzaine de films ont l’honneur d’un retour sous forme restaurée, voire un tout petit peu moins, puisqu’on hésite tout de même à comptabiliser la troisième ressortie en trois ans de La Ligne rouge de Terrence Malick, aussi magistrale cette épopée de guerre soit-elle. Alors que les cycles très étirés dans le temps en hommage à John Carpenter et à Ernst Lubitsch continuent vaillamment, il n’y a qu’une concentration de trois films de Billy Wilder à signaler en guise de rétrospective à proprement parler. Les heureux cinéphiles parisiens auront en plus le privilège de pouvoir se plonger pendant la deuxième moitié du mois dans la filmographie de l’immense Eric Rohmer, dont l’intégrale de 24 longs-métrages sera projetée au Louxor du 16 janvier jusqu’au 5 février ! Sur la même durée, voire deux semaines supplémentaires, l’une plus tôt et l’autre plus tard, le réalisateur fera aussi l’objet d’une grande rétrospective à la Cinémathèque Française.

7 ans de réflexion © Swashbuckler Films Tous droits réservés

Dès demain, vous pourrez également revoir du côté de Bercy tous ces chefs-d’œuvre aux genres divers qui ont fait la réputation de Billy Wilder (1906-2002), restée intacte jusqu’à aujourd’hui. Et si pour une raison inexplicable vous êtes réfractaires à la Cinémathèque Française, Swashbuckler Films vous ressortira dès la semaine prochaine l’une de ses comédies les plus connues – avec laquelle nous avons toutefois le plus grand mal – 7 ans de réflexion avec Marilyn Monroe et sa pose mythique sur la grille du métro de New York en pleine canicule estivale. Le mercredi suivant, nous ne ferons par contre point la fine bouche face à deux classiques incontestés de la filmographie de Wilder, distribués cette fois-ci par Park Circus : l’hilarante comédie de mœurs Certains l’aiment chaud, toujours avec Monroe et ses fausses consœurs musiciennes Tony Curtis et Jack Lemmon, et le doux-amer La Garçonnière avec Lemmon et Shirley MacLaine, lauréat de cinq Oscars en 1961 dont ceux du Meilleur Film, du Meilleur réalisateur et du Meilleur scénario original. Puisque plus qu’une dizaine de films réalisés par Billy Wilder sont d’ores et déjà ressortis en version numérique depuis 2016, il ne reste heureusement plus grand-chose à restaurer au sein d’un corpus cinématographique incomparablement riche en coups de maître, comme par exemple Assurance sur la mort, Boulevard du Crépuscule, Le Gouffre aux chimères, Sabrina et Un deux trois.

Les Raisins de la colère © Swashbuckler Films Tous droits réservés

Le cinéma hollywoodien des années 1930 et ’40, l’âge d’or de la comédie burlesque, du drame social et du film noir, est assez bien représenté sur les écrans des cinémas de répertoire ce mois-ci – contrairement au cinéma français que l’on cherchera quasiment en vain. Pour bien faire travailler les muscles zygomatiques dès le début de l’année, vous aurez le choix cornélien entre l’un des meilleurs films des Marx Brothers, Une nuit à Casablanca de Archie Mayo, à l’affiche depuis ce jour, ou bien, trois semaines plus tard, l’humour plus fin mais tout aussi efficace de Ernst Lubitsch dans l’indémodable Haute pègre avec Miriam Hopkins et Herbert Marshall. Le même jour ressortira l’un des meilleurs films de John Ford, l’adaptation magistrale de John Steinbeck Les Raisins de la colère avec Henry Fonda, un film sans doute pas très rare mais tellement investi de valeurs humaines universelles que l’on pourrait presque le voir tous les mois ! Menaces dans la nuit avec John Garfield et Shelley Winters, distribué par Swashbuckler Films à partir du 16 janvier, est plus rare, même si nous l’avions déjà vu lors de sa ressortie précédente en juin 1997, à l’époque présenté par son réalisateur John Berry en personne, disparu deux ans plus tard.

Invasion Los Angeles © Splendor Films Tous droits réservés

Une petite niche est de même aménagée pour le cinéma de genre à connotation plus fantastique, la chasse gardée des distributeurs téméraires Splendor Films et Mary-X Distribution. Le premier termine dès aujourd’hui sa rétrospective des films réalisés par John Carpenter entre 1978 et ’88, commencée fin octobre avec Halloween La Nuit des masques, avec le génial Invasion Los Angeles ou comment emballer un message sans concession contre la culture de consommation américaine dans une histoire d’invasion extra-terrestre. Une semaine plus tard, les choses deviennent encore plus iconoclastes avec le film culte Toxic Avenger de Lloyd Kaufman et Michael Herz, une tentative de contre-programmation des plus inspirées et irrévérencieuses par rapport à toutes ces productions de contes de super-héros aseptisés qui inondent depuis quelques années les écrans des multiplexes. Le même jour, chez Mary-X donc, sortira un autre film à l’univers singulier : Dark Crystal de Jim Henson et Frank Oz, le croisement étrange entre le fantastique et l’enfantin.

La Passante du Sans-Souci © Les Acacias Tous droits réservés

Cinq films restent pour notre rubrique fourre-tout, ce mois-ci tant soit peu dominée par le cinéma italien. Deux monstres sacrés de l’après-guerre, Anna Magnani et Giulietta Masina, se donnent en effet la réplique à partir de mercredi prochain dans L’Enfer dans la ville de Renato Castellani, une preuve supplémentaire de la formidable volonté du distributeur Les Films du Camélia de vulgariser le cinéma transalpin pas encore vu et revu des dizaines de fois. Tamasa Diffusion s’emploie à la même tâche avec Venez donc prendre le café chez nous de Alberto Lattuada, ressortie le 30 janvier, le même jour où une rétrospective du réalisateur italien s’ouvrira à la Cinémathèque Française. Dès le 23 janvier, vous pourrez revoir la seule et unique ressortie français du mois, La Passante du Sans-Souci de Jacques Rouffio, l’ultime rôle de la grande Romy Schneider, décédée six semaines après sa sortie à seulement 43 ans. Sur une note plus joyeuse, le premier film réalisé par Hayao Miyazaki, Le Château de Cagliostro, jusque là inédit, aura enfin droit à une sortie cinéma en France le 23 janvier. De quoi contempler en toute sérénité les débuts et la fin de la carrière exceptionnelle de Miyazaki, le sujet du documentaire récent Never-Ending Man Hayao Miyazaki de Kaku Arakawa à l’affiche depuis ce jour. Enfin, le cinéma africain, ancien ou contemporain, est hélas si rare sur les écrans français que l’on ne peut que vous conseiller l’adaptation de Dürrenmatt Hyènes par Djibril Diop Mambéty, qui vient également de sortir.

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