Critique : Westworld – saison 1

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Westworld – saison 1

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Article sans spoilers

Westworld, c’est en premier lieu un générique, qui pose l’ambiance de la série – comme tout bon générique donc. Une mélodie au piano, des machines semblant fabriquer des êtres humains, quelques éléments rappelant le far-west. Comme le film des années 70, chroniqué ici, il est question d’une sorte de réserve naturelle à thème dans laquelle des touristes peuvent se rendre, moyennant 1000 dollars par jour (40 000 aujourd’hui, merci l’inflation !), pour jouer au cow-boy ou au bandit. Série oblige, ici nous avons plusieurs points de vue, plusieurs intrigues qui se développent en parallèle, pour nous conter les événements de ce parc. En dépit du postulat de base, la série ne va ni conter la même histoire, ni embrasser le point de vue d’humains seulement. Il est cette fois question en grande majorité de la conscience de ceux appelés « robots » pour s’en distancier, et par extension de la conscience de nous autres humains. En bref, un beau programme en perspective !

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I, Robot

Westworld, c’est un mélange de science-fiction et de western, rassurez-vous à mille lieues devant le plutôt moyen Cowboys et envahisseurs. C’est surtout le décor du western qui est utilisé, plus que ses codes ; on évite d’ailleurs la sempiternelle rue unique avec barbier-croquemort-saloon. Ici, HBO nous rappelle qu’elle a un gros budget à disposition, et on aura ainsi l’occasion de voyager dans toutes sortes de décors différents. Que ce soit de grandes étendues, des villages mexicains ou des intérieurs plus ou moins fréquentables, tout est mis en valeur par une direction artistique de haute volée, accompagnée d’une belle photographie. A côté de ce déploiement de décors, l’imagerie qui elle est proprement S.F. paraît pauvre : quelques bureaux et des ascenseurs en verre font pâle figure à côté du déluge de « concepts arts » dont fait preuve la partie western …

Il est aussi nécessaire de parler de la musique, omniprésente. D’un côté, des mélodies jouées au piano façon automatique, quelque peu « froide » – normal venant de pianos automatiques ! – et de l’autre des morceaux contemporains ré-arrangés de façon orchestrale, comme Paint it black des  Rolling Stones ou des morceaux de Amy Winehouse, Radiohead, et j’en passe. Tout cela  participe à installer cette ambiance étrange dû au mélange des genres, propre à la série, dont l’ambiance sonore comme musicale est une des (nombreuses) qualités.

It’s not TV, it’s HBO ?

Il nous faut tout de même évoquer quelques défauts de la série. Comme Game of Thrones, sa grande sœur (à laquelle Westworld fait figure d’éventuel successeur), on a parfois tendance à s’éparpiller parmi les différentes intrigues mises en place. Inévitablement, suivant les codes du format, la série va s’appuyer sur des twists qui peuvent faire effet, mais qui sont parfois annoncés tout au long de l’épisode. Dommage aussi que quelques fois le scénario soit pratiquement « raconté » par les personnages. Car si les dialogues sont souvent réussis, on est parfois face à un protagoniste qui vient expliquer la situation au spectateur. Un fait étrange d’ailleurs, vu la construction de la saison, qu’on ne peux évoquer sans révéler un grosse partie de l’intrigue.

L’intrigue justement est, comme expliqué plus haut, centrée sur Dolores, mais les quelques intrigues secondaires sont tout aussi importantes. Mention spéciale pour les deux seniors de la série, les géniaux Anhtony Hopkins et Ed Harris. Tandis que l’un apparaît comme démiurge, l’autre s’affirme comme destructeur, et chacune de leur apparition est un bonheur. Surtout que les autres histoires mettant en scène des humains sont loin d’être passionnantes !

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Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?

Westworld, de par son synopsis même offre une réflexion sur l’écriture. Une sorte de mise en abyme des scénaristes de la série, qui mettent en scène des personnes se questionnant sur le développement des personnages/ androïdes du parc. Mais surtout, le fil rouge de la série est la question de la conscience. Sans trop en révéler, certains robots vont se rendre compte de leur situation, dépassant leur programmation initiale pour se retourner contre leurs « maîtres ». Mais peut-on parler de conscience pour des êtres mécaniques, surtout que cet éveil semble être une volonté de leurs créateurs ? Et jusqu’où pousser la perfection dans une reproduction d’êtres vivants ? Car si l’humanité n’est qu’une question de coût, qu’est-ce qui nous rend humain ? La série, dans la droite lignée des questionnements d’Isaac Asimov, va tenter de répondre à ces questions, dans un parc où les humains cherchent eux une raison de vivre …

Conclusion

Ce n’est pas un hasard si la série est co-créée par Jonathan Nolan : on retrouve dans Westworld les mêmes obsessions que dans des films qu’il a écrit avec son frère, le fameux Christopher. Le même schéma labyrinthique, fait de répétitions que dans Memento, la même confusion dans laquelle on se blottit comme dans le Prestige. Tout cela permet une belle réflexion qui s’étale et se termine sur 10 épisodes, tout en ouvrant la porte à un prochaine saison qui sortira courant 2018. Reste à savoir si la série connaîtra le même succès que Game of thrones – elle en a les moyens.

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