Critique : Un beau voyou

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Un beau voyou

France : 2017
Titre original : –
Réalisation : Lucas Bernard
Scénario : Lucas Bernard
Interprètes : Charles Berling, Swann Arlaud, Jennifer Decker
Distribution : Pyramide Distribution
Durée : 1h44
Genre : comédie, policier
Date de sortie : 2 janvier 2019

3.5/5

Comment ne pas devenir réalisateur lorsqu’on a déjà été Directeur de la photographie, écrivain et scénariste ? Ce n’est plus vraiment la peine de poser la question à Lucas Bernard : il est devenu réalisateur, de La place du mort, un court-métrage pour commencer, en 2014, puis de Un beau voyou, un premier et prometteur long métrage.

Synopsis : Le commissaire Beffrois attend la retraite avec un enthousiasme mitigé quand un vol de tableau retient son attention. Est-ce l’élégance du procédé ? L’audace du délit ? La beauté de l’œuvre volée ? Beffrois se lance à la recherche d’un voleur atypique, véritable courant d’air, acrobate à ses heures.

Sa dernière enquête ?

Est-il encore vraiment possible de motiver le commissaire de police Marc Beffrois alors qu’il est sur le point de prendre sa retraite ? Pourquoi pas avec une affaire qui se déroule dans le milieu de l’Art et qui, à part lui, met en scène Bertrand, un jeune cambrioleur / escroc à l’ancienne, et Justine, une jeune restauratrice de tableau qui travaille avec son père ? Dans son activité d’escroc, Bertrand s’arrange pour « emprunter » les clés d’appartements proposés à la location  lors de visites groupées afin d’en faire un moulage puis une copie. Il devient facile, ensuite, de récupérer les 2 mois de caution auprès d’éventuels locataires en se métamorphosant en agent immobilier ! Plus délicate est son activité de cambrioleur : s’introduire dans des appartements parisiens en passant par les toits et bien choisir les tableaux volés, jamais de trop grande valeur afin de ne pas faire la une des journaux et de pouvoir les écouler plus facilement.

Voilà donc le commissaire Beffrois parti sur la trace du cambrioleur, pas grand connaisseur en matière d’art mais ne demandant qu’à apprendre, commençant son enquête suite à un vol chez Madame Maupas, une bourgeoise des beaux quartiers de Paris, la poursuivant en rendant visite à un restaurateur de tableau chez qui transitent, peut-être, les tableaux volés, rencontrant Bertrand par le plus grand des hasards, suite à une invitation à un diner qui ne lui était pas destinée.

Un film qui change de personnage principal

Pour ce film dont l’écriture du scénario a pris 2 ans et le tournage 8 semaines, Lucas Bernard est parti d’une idée simple : un voleur passant par les toits et « travaillant » à l’ancienne. Le personnage du flic et le milieu de l’art ne sont apparus qu’ensuite, tout en prenant de plus en plus d’importance. Au point que le titre du film a failli être « Une histoire de l’art ». Le scénario s’est écrit petit à petit : Lucas Bernard proposait des idées à Florian Môle, le producteur, lequel les validait ou pas, et, parfois, apportait ses propres idées. Le fond du scénario était strictement dans le domaine du polar, la face humoristique du film n’étant apparue que lors de l’écriture des dialogues. Sans oublier une troisième facette du film : les rapports qu’on peut avoir avec l’art, la question du goût en la matière, la question de savoir si on aime ou pas un tableau, et pourquoi.

Pour raconter l’histoire des 3 personnages principaux du film, le réalisateur a fait le choix de découper son film en 3 chapitres. Un beau voyou s’intéresse d’abord à Marc, le flic, avec, dès le début, avant même le début de cette nouvelle enquête, une scène qui donne le ton du film, très souvent pince-sans-rire : de retour chez lui, Marc se retrouve nez à nez avec un cambrioleur qui s’est introduit chez lui en arrivant par une fenêtre, un jeune noir qu’il va laisser partir, non sans lui donner un conseil qui lui permettrait de rencontrer moins de problèmes dans son activité : « la prochaine fois, n’oublie pas d’être blanc ! » Puis le film bifurque vers les activités de Bertrand, vers le couple qu’il commence à former avec Justine, avant de revenir se pencher sur Marc et son enquête.

Une belle découverte

Lorsqu’il s’est agi de choisir les interprètes de Un beau voyou, film qui n’avait pas été écrit pour des acteurs particuliers, le réalisateur, le producteur et la directrice de casting se sont partagé la tâche : Lucas Bernard a eu le déclic pour Charles Berling : « Je l’ai appelé en lui disant qu’il avait l’âge du rôle, donc l’âge d’être à la retraite, ça l’a fait beaucoup rire », rappelle-t-il. Un choix très judicieux, en tout cas, Charles Berling ayant le don de se montrer très drôle sans avoir à en faire des tonnes. Swann Arlaud, l’interprète de Bertrand, c’est Florian Môle, le producteur, qui en a eu l’idée : un comédien dont l’apparence mystérieuse convient parfaitement au rôle. Toutefois Charles Berling et Swann Arnaud étant déjà des comédiens confirmés à l’écran, on peut considérer que le plus grand mérite revient à Tatiana Vialle, la Directrice de casting, qui, pour interpréter Justine, a proposé Jennifer Decker, une pensionnaire de la Comédie Française qui, jusqu’à ce film, n’avait interprété que de très petits rôles à l’écran : normalement, après son éblouissante prestation dans Un beau voyou, les réalisateurs devraient se l’arracher !

Il y a un autre personnage important du film qui, lui, s’est imposé de lui-même : il s’agit de Paris, de ses toits, de ses différents quartiers, tous bien mis en valeur par Alexandre Léglise, le Directeur de la photographie.

Conclusion

Après le succès remporté récemment auprès du public par En liberté !, film pas vraiment réussi se partageant entre comédie et polard, on se dit que Un beau voyou, qui opère dans le même domaine et qui fait preuve de beaucoup plus de qualités, devrait logiquement faire un bon score dans les salles. En tout cas, ce film permet de mettre en valeur à l’écran, aux côtés de Charles Berling et de Swann Arlaud, une comédienne de la Comédie Française qui n’avait encore jamais eu de rôle important au cinéma. Elle s’appelle Jennifer Decker et elle a beaucoup de talent.

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