Critique : Asako I&II

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Asako I&II

Japon : 2018
Titre original : Netemo Sametemo
Réalisation : Ryusuke Hamaguchi
Scénario : Ryusuke Hamaguchi, Sachiko Tanaka d’après le roman « Nete mo samete mo » de Tomoka Shibasaki
Interprètes : Masahiro Higashide, Erika Karata, Koji Seto
Distribution : Art House
Durée : 1h59
Genre : drame, romance
Date de sortie : 2 janvier 2019

3.5/5

Avant la sortie de Senses, film de 5 heures sorti en France en 3 fois, en mai dernier, peu nombreux étaient ceux qui, dans notre pays, connaissaient l’existence du réalisateur japonais Ryusuke Hamaguchi, aucun de ses 4 long-métrages de fiction précédents n’ayant fréquenté les salles françaises. Et le voilà qui, dans la foulée, se retrouve en compétition au dernier Festival de Cannes avec Asako I&II  !

Synopsis : Lorsque son premier grand amour disparaît du jour au lendemain, Asako est abasourdie et quitte Osaka pour changer de vie. Deux ans plus tard à Tokyo, elle tombe de nouveau amoureuse et s’apprête à se marier… à un homme qui ressemble trait pour trait à son premier amant évanoui.

L’amour, toujours l’amour !

Il y a des films qu’il est impossible de raconter en quelques mots, tellement l’intrigue est compliquée, voire, parfois, confuse. Et puis il y a ceux à qui une phrase suffit pour les résumer. Par exemple : une jeune femme tombe amoureuse d’un jeune homme qui disparait brutalement et, deux ans plus tard, elle tombe de nouveau amoureuse d’un sosie de cet homme. Cela signifie-t-il qu’il ne passe rien d’intéressant dans ce genre de films ? On est d’accord, cela peut arriver, mais ce n’est pas le cas de Asako I&II.

Un film qui débute à Osaka, où Asako, une étudiante, se retrouve quasiment submergée par un coup de foudre pour Baku, beau jeune homme qui, très vite, va se révéler extravagant et fantasque. Tellement imprévisible qu’un beau jour, il va disparaître sans crier gare. Fuyant ce passé qui l’a laissée désemparée, Asako part à Tokyo où, dans le cadre de son travail, elle se retrouve nez à nez avec Ryohei, extraordinaire sosie de Baku. Exactement le même homme, mais … totalement différent : posé, fiable, équilibré. Après la crainte et la suspicion générées par cette apparition, c’est de nouveau l’amour qui emporte Asako.

L’importance du premier amour

Au départ, il y a tous les ingrédients pour faire de Asako I&II un film à l’eau de rose, à l’intérêt peu évident. Sauf que la situation très particulière que vit Asako permet à Ryusuke Hamaguchi de porter le regard sur différentes facettes de la relation amoureuse : l’importance du premier amour, ce que l’on recherche dans une relation amoureuse, la façon dont un couple se construit, le pardon dans une relation amoureuse …. Ayant vécu un premier amour qui, pour elle, ne pouvait qu’être éternel, Asako, lorsqu’elle rencontre Ryohei, ne perçoit dans un premier temps que son physique, identique à celui de Baku. On peut s’étonner, ensuite, qu’un amour aussi fort que le premier éclose avec Ryohei, si différent de Baku en matière de caractère et de comportement. Le physique est-il ce qui prédomine dans la quête amoureuse d’Asako, recherche-t-elle avant tout à avoir en face d’elle l’image de celui qu’elle a perdu ou bien a-t-elle tout simplement muri et a-t-elle dorénavant besoin d’une plus grande stabilité ? Dans ce contexte, une autre question vient à l’esprit même si, très vite, on a tendance à l’écarter : le fait que Asako soit une femme japonaise peut-il expliquer son comportement ?

3 rôles principaux, 2 interprètes

3 rôles principaux et seulement 2 interprètes, le même comédien interprétant bien sûr les rôles de Baku et de Ryohei. Un défi relevé avec succès par Masahiro Higashide, un comédien qu’on a pu voir dans les 3 dernières réalisations de Kiyoshi Kurosawa : se mettre dans la peau de deux personnages au caractère et au comportement si différents. Erika Karata, l’interprète d’Asako, n’avait, elle, tourné que dans des séries TV avant d’endosser ce premier rôle. On la reverra au cinéma, c’est certain !

Conclusion

C’est avec un certain talent que Ryusuke Hamaguchi dynamite un canevas de romance fleur bleue et invite en fait les spectateurs à réfléchir sur différentes facettes de la relation amoureuse. Il le fait dans le contexte du Japon contemporain mais ce que dit Asako I&II s’avère très universel.

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