Critique : Nous les chiens – Tambouille de toutous à la coréenne

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Nous, les chiens
Corée du Sud : 2018
Titre original : The underdog
Réalisation : Lee Choon-Baek, Oh Sung-Yoon
Scénario : Oh Sung-Yoon
Voix (VO) : Doh Kyung-So, Park Chul-Min, Park So-Dam
Distributeur : The Jokers / Les Bookmakers
Durée : 1h42
Genre : Animation, Aventures
Date de sortie : 22 juin 2020

Note : 3/5

Le chien est le meilleur ami de l’homme. Affectueux, fidèle… mais lorsqu’il vieillit ou se comporte mal, il est abandonné comme un mouchoir souillé. Et lorsqu’il se retrouve seul face à la nature, son instinct animal reprend le dessus. L’esprit de meute également. Solidaire, déterminée, notre petite bande de chiens errants va peu à peu réapprendre à se débrouiller seule. Et découvrir la liberté…

Un film d’animation coréen

L’animation coréenne a envahi les petits écrans occidentaux depuis plusieurs années, avec des séries telles que Mölang, Pororo le petit pingouin, RoboCar Poli, Larva ou encore Pucca. Au cinéma, la popularité de l’animation en provenance du pays du matin calme est forcément un peu plus lente, car gênée par l’omniprésence internationale du géant Disney dans le domaine. Néanmoins, on a pu découvrir au fil des années en France une belle poignée de films d’animation coréens : Mari Iyagi (2002), Oseam (2003), Hammerboy (2003), Yobi, le renard à cinq queues (2007), Lili à la découverte du monde sauvage (2011)… Dans le domaine du film pour adultes, on pense également forcément à Wonderful days (2004), The king of pigs (2011), The fake (2013) ou encore Seoul Station (2016).

Originellement prévu pour une sortie le 4 avril, Nous les chiens aura finalement les honneurs de marquer de son empreinte odorante la réouverture des cinémas en France ce 22 juin. Ce sera là l’occasion idéale pour le cinéphile hexagonal de se replonger dans l’univers coloré de Lee Choon-Baek et Oh Sung-Yoon, déjà co-auteurs de Lili à la découverte du monde sauvage (2011), sorti chez nous en 2012, et de constater à quel point les deux compères n’ont pas changé leur fusil d’épaule en quelques années. Nous les chiens nous ressert donc un récit d’apprentissage (trop) plein de bons sentiments, avec des personnages de chiens gentils et rigolos, et des humains soit très méchants, soit merveilleusement gentils.

Coloré et mélodramatique

Bien sûr, le film abordera des sujets difficiles, tels que l’abandon, la famille recomposée, le deuil, ou encore le sacrifice. Au programme de Nous les chiens, on aura donc un scénario extrêmement linéaire et manichéen, reprenant à son compte beaucoup de codes du mélo le plus excessif. En Corée, on ne fait pas dans la demi-mesure au cinéma en général, on y va à fond avec ses gros sabots, même dans le domaine de l’émotion, que Lee Choon-Baek et Oh Sung-Yoon vont littéralement chercher au forceps.

D’aucuns pourront donc tomber sous le charme et se laisser submerger par ce trop-plein d’émotions fortes quand d’autres au contraire hausseront les sourcils devant tant de clichés. En mode #facepalm comme disent les jeunes. Pour ne citer qu’un exemple, au bout d’une heure et quart de film environ, les héros canins de Nous les chiens sont recueillis par un couple d’humains amoureux des animaux tenant une espèce de refuge / ménagerie au milieu des bois. A la nuit tombée, c’est autour d’un feu de camp que se réunit cette famille recomposée d’un nouveau genre, et le jeune proprio d’entonner une chanson, « vous êtes ma famille, vous êtes mes amis, la la la », et des écureuils de gambader joyeusement le long de sa guitare… Vous avez dit too much ?

Nous les chiens joue donc la carte du mélo premier degré et s’adressera de fait d’avantage à un public de jeunes enfants qu’aux adultes, qui trouveront souvent le film beaucoup trop manichéen, voire même niais. Cependant, le fait est que l’on peut se laisser porter par l’énergie et les couleurs de cette fable à l’animation soignée, naïve mais sincère. Les décors, dessinés à la main, sont notamment de toute beauté, et inspirés de la peinture traditionnelle coréenne. Une peinture pleine de couleurs éclatantes, un peu comparable chez nous à celle à celle du Douanier Rousseau. Vous savez, comme dans les, comme dans les, comme dans comme dans comme dans comme dans les tableaux du Douanier Rousseau.

Puisque le film est devenu – un peu malgré lui – un des symboles de la réouverture des salles de cinéma en France après la période du « Grand Confinement », Nous les chiens permettra de plus de redécouvrir le plaisir de partager un film en famille. Les enfants seront assurément aux anges, et le film risque de provoquer des adoptions de Shih Tzu en masse. De leur côté, les parents risquent de s’avérer charmés par la forme mais un peu déstabilisés par les limites du scénario, trop gentil, trop timoré presque, aux antipodes d’un film tel que The plague dogs (Martin Rosen, 1982). Mais le côté familial et fédérateur était recherché par le scénariste et coréalisateur Oh Sung-Yoon : « Je voulais faire un film accessible à tous. En effet, je pense qu’il peut également plaire aux adultes, ne serait-ce que grâce au propos qu’il défend. » On suppose donc que son objectif est atteint !

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