Critique : Mortal Engines

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Mortal Engines

Etats – Unis, Nouvelle – Zélande, 2018
Titre original : –
Réalisateur : Christian Rivers
Scénario : Peter Jackson, Fran Walsh, Philippa Bovens d’après l’oeuvre de Philipp Reeve
Acteurs : Robert Sheehan, Hera Hilmar, Hugo Weaving, Jihae, Stephen Lang
Distribution : Universal Pictures International France
Durée : 2h08
Genre : science-fiction, dystopie
Date de sortie : 14 décembre 2018

Note : 3,5/5

Projet de longue date annoncé depuis presque une décennie, Mortal Engines aura longtemps suscité les espoirs des nombreux fans de Peter Jackson. Et l’entreprise semblait toute taillée pour le réalisateur qui aurait annoncé son retour flamboyant après avoir été longtemps claquemuré dans la Terre du Milieu. L’excitation a laissé place à l’appréhension après l’annonce de Christian Rivers à la réalisation (la première le concernant) en lieu et place de Jackson qui conservera une place de producteur exécutif. Mais que l’on se rassure : le résultat est d’une fraîcheur plutôt galvanisante dans une ère où les productions originales se raréfient. Mortal Engines est une course frénétique à l’esthétique novatrice dont le pur plaisir du spectacle l’emporte sur une faiblesse d’écriture parfois embarrassante.

Synopsis : Dans un monde où les villes se déplacent, le jeune apprenti historien Tom Nastworthy rencontre dans un malheureux concours de circonstances la jeune et mystérieuse Hester Shaw. Ils vont se retrouver au coeur d’un périple dans lequel vengeance et complot se révèlent indissociables …

Entrailles urbaines : une esthétique en mouvement

Dès la séquence d’ouverture, le spectateur est plongé dans un rallye endiablé dans lequel il assiste à l’engloutissement pur et simple d’une petite ville sédentaire par une capitale londonienne mobile et affamée. Incroyable postulat esthétique que celui de la mise en scène d’une chasse citadine que Rivers a réussi à mettre en images. C’est donc avec une facilité déconcertante que l’on entre dans un univers foisonnant et inédit par une imagerie steampunk s’agrégeant parfaitement avec le cadre post-apocalyptique d’un récit dans lequel l’avancée technologique a subi une régression totale après une guerre atomique qui aura profondément modifié la géographie du monde. Le pari du spectaculaire est ainsi grandement relevé à travers des séquences d’action dantesques dans lesquelles la caméra ne cesse de capter les téléscopages constants de ces villes mais aussi le mouvement incessant des machines amalgamées à des corps : une alliance astucieuse entre l’organique et la technologie.

Maladresse adolescente : un scénario « mortel »

Il faut néanmoins rappeler l’origine du projet, à savoir une saga littéraire destinée à un public adolescent. Ainsi, même si la greffe esthétique a pris, il est difficile d’être aussi catégorique concernant le scénario qui aurait mérité d’être davantage remodelé. L’on retrouve ainsi de nombreux poncifs propres aux œuvres destinées à ce public : les personnages constituant des archétypes parfois purement fonctionnels. On pense ainsi au professeur Pomeroy ou à la jeune Katherine Valentine dont la sous intrigue aurait pu être simplement supprimée afin de laisser davantage de place aux autres. Les dialogues, d’une naïveté folle, manquent cruellement de finesse et l’on peine à s’attacher aux personnages qui manquent souvent de profondeur. Ainsi, l’on dénombre de nombreux gâchis comme le personnage de Shrik qui aurait mérité un traitement beaucoup plus développé. Par ailleurs, une artificialité pesante plane au dessus d’une narration qui construit beaucoup trop grossièrement les liens entre les protagonistes. Néanmoins, il faut saluer la prégnance de personnages féminins comme la très charismatique Anna ou l’héroïne qui sortent quelque peu des stéréotypes des œuvres du genre.

Conclusion

Malgré une indéniable faiblesse dans l’écriture, Mortal Engines est un morceau de bravoure d’une jouissance absolue en termes d’action. Le spectateur ressort ébahi après ce ballet urbain dans lequel la machinerie est organique. D’une originalité folle, ce monde ouvert ne demande qu’à être davantage développé et l’espoir est permis concernant une possibilité de consolider les ramifications d’un univers aussi foisonnant que palpitant.

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