Critique : Les sans-dents

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Les sans-dents

France : 2020
Titre original : –
Réalisation : Pascal Rabaté
Scénario : Pascal Rabaté
Interprètes : Yolande Moreau, Gustave Kervern, François Morel, Charles Schneider
Distribution : Jour2fête
Durée : 1h25
Genre : Comédie
Date de sortie : 20 avril 2022

3/5

Avant tout auteur de bandes dessinées, le tourangeau Pascal Rabaté s’est lancé dans la réalisation cinématographique en 2006 avec le court métrage Cavaliers faciles. En 2010, Les petits ruisseaux, son premier long métrage est sorti sur les écrans. Les sans-dents est son 4ème long métrage et, comme Ni à vendre, ni à louer, son 2ème, il est sans paroles.

Synopsis : Un clan vit à rebours de la civilisation, dans l’inframonde d’une décharge. Cette mini-tribu recycle en toute illégalité notre rebut pour s’aménager de manière étonnante un hameau de bric et de broc. La vie pourrait ainsi couler si une équipe policière ne se mettait sur leurs traces…

Un voyage dans l’absurde

Y a-t-il actuellement un autre pays qui compte autant d’ « allumés » que la France parmi ses réalisateurs de cinéma ? Chacun dans son genre, Bruno Dumont, Gustave Kerven et Bruno Delépine, Gaspard Noé, Antonin Peretjatko, Jean-Christophe Meurisse et … Pascal Rabaté, le réalisateur de Les sans-dents, proposent des films qui vont plus loin que le burlesque en puisant abondamment dans l’absurdité, que ce soit au niveau du fond ou de la forme. C’est ainsi que les personnages de Les sans-dents ne s’expriment que par des gloussements, des rires, des cris, du grommelot, des onomatopées, des grognements, des borborygmes, la seule véritable phrase qu’on entend dans le film, « Je vous aime tous » étant proférée par … un mort ! D’un côté, une douzaine de personnes ayant investi une décharge, passant le plus clair de leur temps à s’amuser comme de véritables enfants, utilisant les objets de la décharge à d’autres fins que celles prévues lors de leur fabrication. Ces personnes sont pacifiques, elles ne font de mal à personne, il n’empêche, une petite équipe de policiers cherche quand même, sans grand succès, à les alpaguer.

Du bon et du moins bon

Dans ce film inégal mais qui ne manque pas d’air, on remarque l’importance des objets gonflés, baudruches, bouées, ballons et autres poupées gonflables. La présence de bouées : faut-il y voir la nécessité, pour cette population déshéritée ayant investi cette décharge, d’une aide leur permettant de ne pas couler ? Les objets gonflés qui s’échappent vers le ciel : faut-il y voir, chez cette population, un profond désir de liberté, le besoin vital de s’échapper par le haut de leur situation ? Les influences qu’on recense dans Les sans-dents sont nombreuses, les plus importantes étant le cinéma de Jacques Tati et celles venant de certains réalisateurs de la comédie italienne des années 70 comme Ettore Scola et son Affreux, sales et méchants. Toutefois, le cinéma de Pascal Rabaté est quand même très personnel et doit beaucoup, avant tout, à sa grande expérience d’auteur de bandes dessinées. On peut penser que Les sans-dents rebutera complètement pas mal de spectateurs, enchantera pas mal d’autres et laissera tous les autres osciller, selon les scènes, entre ces deux jugements extrêmes.

Des comédiens et des comédiennes ayant des dispositions particulières ?

Fallait-il des dispositions spéciales pour entrer dans le casting de Les sans-dents ? Probablement ! En tout cas, il n’est pas surprenant de retrouver Yolande Moreau en tête d’affiche de ce film, dans le rôle de Calamity, ainsi que Gustave Kerven dans celui du bigleux. S’ils ont l’occasion de voir ce film, on ne sait pas comment réagiront les élèves du Lycée Vincent Scotto de Plus Belle La vie lorsqu’ils verront Charles Schneider, l’interprète de leur proviseur Claude Rochat, se comporter de façon enfantine dans Les sans-dents et n’utiliser que le rire pour s’exprimer dans le rôle de Magnum : arriveront ils, dorénavant, à le prendre au sérieux ? Côté forces de police, nous ne sommes pas surpris de trouver François Morel dans le rôle de L’inspecteur, leur chef.

Conclusion

Les sans-dents est un film qui ne laissera personne indifférent : un rejet total pour certains spectateurs, une adhésion totale pour d’autres, et un nombre important de spectateurs passant d’un sentiment à l’autre selon les scènes.

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