Critique : Le cours de la vie

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Le cours de la vie

France : 2023
Titre original : –
Réalisation : Frédéric Sojcher
Scénario : Alain Layrac d’après son livre « Atelier d’écriture – 50 conseils pour réussir son scénario sans rater sa vie »
Interprètes : Agnès Jaoui, Jonathan Zaccaï, Géraldine Nakache
Distribution : Jour2fête
Durée : 1h30
Genre : Comédie dramatique
Date de sortie : 10 mai 2023

4/5

Synopsis : Noémie retrouve Vincent, son amour de jeunesse, dans l’école de cinéma dont il est désormais directeur. A travers une masterclass hors norme, elle va apprendre à Vincent et ses élèves que l’art d’écrire un scénario c’est l’art de vivre passionnément.

Lorsque Noémie, scénariste réputée, arrive à l’Ecole Nationale Supérieure d’AudioVisuel de Toulouse, elle est en terrain connu : elle connait les lieux et, surtout, elle connait très bien Vincent, le directeur de l’Ecole, celui qui l’a fait venir afin qu’elle donne une masterclass sur l’écriture de scénario à des étudiants de l’école  : 30 ans auparavant, Vincent a été son premier grand amour ! La vie les a séparés et les voici réunis à nouveau. Bien entendu, il n’est pas question pour Noémie de ne pas se montrer professionnelle en se contentant de profiter de ce court séjour à Toulouse pour passer du temps avec Vincent, pour parler avec lui du passé et du présent, des relations amoureuses qu’elle et il ont vécues depuis leur séparation, de leurs progénitures, pour faire remonter avec lui le souvenir de ce qui les avait réunis. Bien entendu, il n’est pas question pour Noémie et Vincent de rester confinés dans la relation professionnelle et de ne pas profiter de ce court séjour de Noémie à Toulouse pour passer du temps ensemble.

Bien entendu, il n’est pas question pour le réalisateur de ne pas profiter de cette situation pour partager son film entre les retrouvailles des deux anciens amants et la masterclass donnée par Noémie avec ce qu’elle peut induire chez les étudiantes et les étudiants qui y assistent, ainsi que sur Louison, belle-soeur de Vincent et régisseuse de l’école. Le livre « Atelier d’écriture – 50 conseils pour réussir son scénario sans rater sa vie » ayant servi de base pour l’écriture du scénario par Alain Layrac, l’auteur du livre, il est logique de retrouver dans la bouche de Noémie un grand nombre de conseils comme : la première qualité d’un scénariste, c’est beaucoup plus le sens de l’observation, des autres et de soi-même, que l’imagination, l’importance de la question « et si » à se poser à tout moment pour faire rebondir l’action, aimer les défauts de ses personnages comme leurs qualités, et même, surtout leurs défauts, le côté positif pour un.e scénariste d’avoir fait une thérapie, etc.. En fait, l’art d’écrire un scénario c’est très simplement l’art de vivre passionnément.

Des films qui se focalisent sur le tournage d’un film, certes, il n’y en a pas des milliers, mais nous sommes certainement très nombreux à pouvoir en citer au moins un ou deux. Des films dont le thème principal est l’écriture de scénarios, et même, plus précisément, une masterclass sur l’écriture de scénarios, pas sûr, par contre, qu’on soit capable d’en faire remonter du fond de sa mémoire. Il est vrai que ce thème peut sembler plus difficile à faire l’objet d’un film que celui du tournage d’un film, ce que fait un scénariste en pleine action, que ce soit au moment de l’écriture ou lorsqu’il en parle face à des étudiants, étant moins cinématographique que les actions des différents corps de métier lors d’un tournage. C’est pourquoi Frédéric Sojcher a proposé à Alain Layrac d’introduire une histoire d’amour dans son scénario et d’en profiter pour glisser un double message dans la masterclass de Noémie : celui à l’attention des étudiants, un autre à l’attention de celui qui fut son premier amour. En plus de la masterclass et des moments passés ensemble entre Noémie et Vincent, le scénariste n’oublie pas de parler de tou.te.s ces anonymes qui ont la passion d’écrire, que ce soit des romans ou, ici, des scénarios, des écrits que personne, ou presque, ne lit.

On peut retrouver dans Le cours de la vie des similitudes avec Showing up, le nouveau film de Kelly Reichardt, sorti une semaine plus tôt : le fait, pour un.e artiste, d’être partagé.e entre la réalisation et un rôle de pédagogue. Dans Showing up, Lizzie partage son temps entre la sculpture et l’enseignement de la sculpture dans une école d’art et Frédéric Sojcher, le réalisateur de Le cours de la vie, partage le sien entre la réalisation de films et la direction d’une formation de cinéma. Ayant tous les deux de l’expérience dans l’écriture de scénarios, c’est avec beaucoup de naturel qu’Agnès Jaoui et Jonathan Zaccaï interprètent les rôles de Noémie et de Vincent. Interprétant les rôles d’étudiant.e.s de l’ENSAV, on trouve de véritables étudiant.e.s de l’école mais pas que : d’autres proviennent de castings réalisés dans la région.


Conclusion

Bien aidés par Agnès Jaoui et Jonathan Zaccaï, Frédéric Sojcher et Alain Layrac ont réussi à ne pas tomber dans le piège qu’ils s’étaient tendus eux-mêmes en décidant de réaliser un film sur l’écriture de scénarios : loin d’être plombé par un didactisme prononcé, leur film qui montre les interférences entre le cinéma et la vraie vie s’avère divertissant tout en étant instructif.  

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