Critique Express : La passion de Dodin Bouffant

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La passion de Dodin Bouffant

France : 2023
Titre original : –
Réalisation : Tran Anh Hung
Scénario : Tran Anh Hung d’après le roman de Marcel Rouff
Interprètes : Juliette Binoche, Benoît Magimel, Emmanuel Salinger
Distribution : Gaumont Distribution
Durée : 2h14
Genre : Drame, Romance
Date de sortie : 8 novembre 2023

1.5/5

Synopsis : Eugénie, cuisinière hors pair, est depuis 20 ans au service du célèbre gastronome Dodin. Au fil du temps, de la pratique de la gastronomie et de l’admiration réciproque est née une relation amoureuse. De cette union naissent des plats tous plus savoureux et délicats les uns que les autres qui vont jusqu’à émerveiller les plus grands de ce monde. Pourtant, Eugénie, avide de liberté, n’a jamais voulu se marier avec Dodin. Ce dernier décide alors de faire quelque chose qu’il n’a encore jamais fait : cuisiner pour elle.

Il est des films pour lesquels on se sent un peu désarmé lorsqu’il s’agit de conseiller d’éventuels futurs spectateurs. La passion de Dodin Bouffant en fait partie. En effet, au vu des bons plats qui sont cuisinés et mangés sous les yeux des spectateurs durant tout le film, on aurait tendance à conseiller de n’aller voir le film que si on a le ventre plein afin de ne pas se laisser gagner par une grosse fringale. Par contre, on ne peut s’empêcher de déconseiller d’aller voir ce film en pleine digestion, moment qui, on le sait, génère la somnolence : La passion de Dodin Bouffant est suffisamment ennuyeux, nul besoin d’en rajouter ! En conclusion, si on tient absolument à ne pas suivre le conseil de s’abstenir de la vision de ce film, il ne reste qu’une solution : aller le voir dans la 2ème partie d’une après-midi suivant un repas de midi copieux et donc, déjà digéré. Entre L’odeur de la papaye verte qui lui avait permis d’obtenir la Caméra d’or en 1992 et La passion de Dodin Bouffant, le réalisateur franco-vietnamien Tran Anh Hung a réalisé 4 longs métrages, dont La Ballade de l’Impossible – Norwegian Wood, un film réalisé au Japon et plutôt réussi et Eternité, un film réalisé en France et, osons le dire, totalement raté. Cherchant sans doute à réaliser un film français à 200 pour 100, il a choisi de s’intéresser à la gastronomie dont le monde entier sait qu’il s’agit d’une passion française, en adaptant (très librement) « La Vie et la passion de Dodin-Bouffant » un roman suisse écrit par Marcel Rouff et publié en 1924. Des films sur la gastronomie et, plus généralement, sur la « bouffe », il y en a déjà eu beaucoup dont certains font partie des grands films de l’histoire du cinéma : La grande bouffe de Marco Ferreri, Le festin de Babette de Gabriel Axel, et d’autres encore. Malheureusement, La passion de Dodin Bouffant ne joue pas dans la même catégorie.

Nul besoin de se lancer dans un résumé de l’histoire racontée, la lecture du synopsis est suffisante. Suffisante, en particulier, pour qu’on puisse espérer un film intéressant, voire passionnant. Malheureusement, une fois de plus, ce n’est pas le cas : c’est long, très long, trop long (2 h 14 minutes), c’est prétentieux, c’est ennuyeux, très ennuyeux. Tout au long du film, on a droit à du « name dropping » (désolé, cette expression anglaise qu’on peut traduire par lâchage de mots ou de noms, n’a pas vraiment d’équivalent en français) à propos de plats ou de vins. Et, cerise sur le gâteau, de nombreux détails font de La passion de Dodin Bouffant un film aux relents misogynes. Juliette Binoche fait ce qu’elle peut, Benoît Magimel fait ce qu’il peut. Présenté en compétition au dernier Festival de Cannes, ce film a obtenu le Prix de la mise en scène, ce qui, avouons le, en a surpris plus d’un. Toutefois la surprise cannoise n’est rien à côté de celle offerte par le jury chargé de choisir le film représentant la France pour le prochain Oscar du meilleur film international : pour à peu près tout le monde, le choix ne pouvait se porter que sur Anatomie d’une chute, à la fois Palme d’or et succès public.  Eh bien non, le choix s’est porté sur  …  La passion de Dodin Bouffant. Faut-il y voir un choix prenant en compte la présence dans le film de Juliette Binoche, comédienne réputée outre-Atlantique ? Faut-il y voir le besoin de mettre en avant la gastronomie française, une fois de plus ? Faut-il y voir la « vengeance » de la Ministre de la culture qui, rappelons le, n’avait pas du tout apprécié le discours prononcé par Justin Triet, la réalisatrice de Anatomie d’une chute, à la réception de sa Palme d’or ?

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