Critique Express : La mine du diable

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La mine du diable

France, Italie, Suisse : 2021
Titre original : Mother Lode
Réalisation : Matteo Tortone
Scénario : Matteo Tortone, Mathieu Granier
Interprètes : José Luis Nazario Campos
Distribution : Just Doc
Durée : 1h26
Genre : Documentaire
Date de sortie : 19 avril 2023

3/5

Synopsis : Jorge, jeune chauffeur de moto-taxi quitte la banlieue de Lima et sa famille pour poursuivre ses rêves d’or et de fortune, en rejoignant la mine de La Rinconada, sur le toit de la Cordillère des Andes. Là-bas, on raconte que la mine appartient au Diable, et qu’il ne cède ses pépites qu’en échange d’un sacrifice…

Depuis la nuit des temps, l’or exerce un grand pouvoir de fascination sur les humains. Les réalisateurs de cinéma faisant partie de ces humains, il n’est pas franchement étonnant de constater que s’exerce sur certains d’entre eux la fascination de l’or. C’est ainsi que, quelques semaines à peine après Si tu es un homme, un documentaire de Simon Panay mettant en scène un enfant de 13 ans dans une mine d’or du Burkina Faso, arrive sur nos écrans un documentaire de Matteo Tortone mettant en scène un homme jeune dans des mines d’or du Pérou. Heureusement pour les spectateurs, ces deux films ont beaucoup plus de différences que de points communs. Certes, dans les deux cas, ce sont des conditions familiales et économiques qui poussent ces jeunes vers le travail difficile et dangereux qui se fait sous terre, à la recherche du métal précieux. Certes, dans les deux cas, ce sont des documentaires scénarisés qui se regardent comme des films de fiction. Mais là s’arrêtent les ressemblances !

Alors que dans Si tu es un homme, on est face à un enfant qui rêve de pouvoir gagner de quoi poursuivre ses études grâce à ce travail dans une mine, La mine du diable nous montre Jorge, un homme jeune, un homme marié, un père de famille, un homme qui avait déjà un métier, celui de conducteur de moto-taxi, avant qu’une panne irréparable de son outil de travail ne le contraigne à quitter Lima pour chercher à trouver du travail dans des mines d’or. Une d’entre elles est particulièrement mythique, celle de La Rinconada, une ville de la Cordillère des Andes, 60 000 habitants, proche de la Bolivie, la ville la plus haute du monde, à plus de 5000 mètres d’altitude. A une telle altitude, les conditions de vie sont extrêmement difficiles, ce qui n’empêche pas les habitants de sacrifier au rituel du Carnaval. Loin de sa famille, Jorge travaille durement, cherche à se loger et téléphone régulièrement à sa compagne à qui, chaque fois, il demande des nouvelles de leur fille. C’est pour donner un caractère plus universel à son film que Matteo Tortone l’a tourné en noir et blanc, un choix qui permettait aussi de ne pas distinguer l’or, d’en faire une matière comme les autres et donc de faire du travail de Jorge un travail comme les autres. Malgré le caractère universel recherché par le réalisateur, le rapport que les mineurs ont avec le diable qui ne cède ses pépites qu’en échange d’un sacrifice imprègne son film de religiosité et de mysticisme, faisant de La mine du diable, documentaire scénarisé, un nouveau fleuron du réalisme magique propre à un certain cinéma sud-américain.


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