Critique : Euforia

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Euforia

Italie : 2018
Titre original : –
Réalisation : Valeria Golino
Scénario : Valeria Golino, Francesca Marciano, Valia Santella, Walter Siti
Interprètes : Riccardo Scamarcio, Valerio Mastandrea, Isabella Ferrari
Distribution : Paname Distribution
Durée : 1h55
Genre : Drame
Date de sortie : 20 février 2019

4/5

Alors qu’elle a commencé sa carrière de comédienne il y a 36 ans, c’est seulement il y a 6 ans que Valeria Golino s’est lancée dans la réalisation d’un long métrage : Miele, présenté dans la sélection Un Certain Regard de Cannes 2013. C’est dans la même sélection qu’a été présenté en mai dernier son 2ème long métrage en tant que réalisatrice, Euforia.

Synopsis : Deux frères que tout semble opposer vont apprendre à se découvrir et à s’aimer.
Matteo, extravagant, extraverti, jongle avec la facilité de ceux qui ont réussi, et Ettore, clown triste, introverti, joue jusqu’à la corde avec les silences.
Quand l’austérité et la fantaisie se rencontrent, la vie les emporte dans un tourbillon de tendresse et d’euphorie.

Deux frères très dissemblables

L’ivresse des profondeurs est un trouble neurologique que connaissent les plongeurs lorsqu’ils s’aventurent à des profondeurs importantes. Cette narcose à l’azote se traduit de façon différente selon les individus, sentiment d’euphorie pour certains, repli sur soi pour d’autres. Une différence que l’on retrouve entre Matteo et Ettore, deux hommes aux fêlures profondes : ils sont frères, mais autant Matteo, jouisseur flamboyant, homosexuel narcissique et extraverti, mais secrètement angoissé, vit « sur le toit du monde » et celui de … son immeuble, dans un somptueux duplex que son aisance financière lui a permis d’acquérir, autant Ettore, petit professeur de province, est introverti, renfrogné et renfermé. Marié et père de famille, également, mais en train de se séparer de sa femme et de commencer une nouvelle liaison. C’est malheureusement une maladie grave qui va réunir à nouveau les deux frères : Ettore est atteint d’une tumeur au cerveau et Matteo, ayant montré des radios à un ami médecin, est le premier de la famille à l’apprendre. C’est sans dire la vérité à Ettore et à leur mère qu’il décide d’accueillir Ettore chez lui, afin qu’il soit à proximité du meilleur hôpital.

Doit on cacher la vérité à un malade ?

C’est avec beaucoup de finesse que Valeria Golino dépeint la relation fraternelle entre Matteo et Ettore : ils sont très différents, ils le savent, il y a des frictions entre eux mais cela ne les empêche pas de bien s’aimer. Bien sûr, Ettore n’est pas sans s’étonner de l’attention que lui porte Matteo, arrivant finalement à l’expliquer par le fait que son frère cherche à se faire pardonner son homosexualité auprès de leur mère : « Tu as encore à te faire pardonner d’être pédé », lance-t-il à Matteo. Le film aborde aussi un thème majeur : doit on cacher la vérité à un malade ? C’est le comportement qu’a choisi Matteo, sans qu’on sache si c’est uniquement dans le but de ménager son frère ou, hypothèse moins sympathique, de prendre l’ascendant sur lui.

Malgré le contexte très grave de son film, Valeria Golino a choisi de le parsemer d’un grand nombre de scènes très drôles et d’en faire, également, une formidable déclaration d’amour à la beauté de la ville de Rome.

Deux grands comédiens

Pour interpréter le rôle de Matteo, Valeria Golino avait la chance de bien connaître l’interprète idéal : Riccardo Scamarcio, son ex-mari. Non pas qu’elle ait pensé à lui dès l’écriture du scénario : c’est seulement après des séances d’audition que le choix de ce comédien s’est imposé à elle et il faut reconnaître que son jeu dans le film, mélange de désinvolture et de fanfaronnade, est parfaitement adapté à son rôle. Valerio Mastandrea, l’interprète de Ettore, est un des acteurs majeurs du cinéma italien contemporain, souvent couronné en tant que meilleur acteur lors de la cérémonie des Donatello, les César italiens. Concernant la mise en images, Valeria Golino est restée fidèle au Directeur de la photographie qu’elle avait choisi pour Miele, le hongrois Gergely Pohárnok.

Conclusion

Avec Euforia, bien aidée par deux excellents comédiens, Valeria Golino réussit une très belle étude de ce que peuvent être les rapports entre deux frères que tout sépare, avec ce que cela peut entrainer comme frictions et comme affection. On ne peut qu’apprécier le fait qu’elle arrive à faire rire sur un sujet très grave, ainsi que la splendide image qu’elle donne de la ville de Rome.

https://www.youtube.com/watch?v=QKTkIPP5vmI

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