Critique : En fanfare

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En fanfare

France : 2024
Titre original : –
Réalisation : Emmanuel Courcol
Scénario : Emmanuel Courcol, Irène Muscari
Interprètes : Benjamin Lavernhe, Pierre Lottin, Sarah Suco, Jacques Bonnaffé
Distribution : Diaphana Distribution
Durée : 1h44
Genre : Comédie, Comédie dramatique, Drame
Date de sortie : 27 novembre 2024

4/5

Synopsis : Thibaut est un chef d’orchestre de renommée internationale qui parcourt le monde. Lorsqu’il apprend qu’il a été adopté, il découvre l’existence d’un frère, Jimmy, employé de cantine scolaire et qui joue du trombone dans une fanfare du nord de la France. En apparence tout les sépare, sauf l’amour de la musique. Détectant les capacités musicales exceptionnelles de son frère, Thibaut se donne pour mission de réparer l’injustice du destin. Jimmy se prend alors à rêver d’une autre vie…

Un savoureux mélange de « feel-good movie » et de film social

Eh bien oui, il est possible de réaliser en France un savoureux mélange de « feel-good movie » et de film social, l’utilisation du terme anglais ayant tendance à prouver que ce genre de comédie a plutôt tendance à fleurir de l’autre côté de la Manche, voire de l’autre côté de l’Atlantique. Venu sur le tard à la réalisation après une carrière de comédien restant cantonnée dans des seconds rôles, Emmanuel Courcol avait déjà montré un talent de réalisateur très prometteur dès son 2ème long métrage, Un triomphe, sorti en 2021 alors qu’il avait déjà près de 64 ans. Comme dans Un triomphe il joue dans En fanfare sur la rencontre de personnages que tout semble opposer, origines, culture, etc. pour prouver que des chemins existent qui permettent de les rapprocher. Dans En fanfare, il ajoute même un élément très particulier concernant les différences d’origine : Thibaut et Jimmy, les 2 personnages que tout, a priori, oppose, sont frères et, pourtant, leurs différences d’origine sont énormes. En effet, ils ont été adoptés par 2 familles aux profils très différents, une famille parisienne cossue pour Thibaut, une famille ouvrière du nord de la France pour Jimmy. Résultat : si les 2 frères ont en commun un grand amour de la musique, Thibaut est devenu un chef d’orchestre de réputation mondiale alors que Jimmy est employé d’une cantine scolaire et tromboniste dans une fanfare locale.

C’est une maladie qui s’est déclarée chez Thibaut qui, dans un premier temps, va créer les conditions de leur rencontre, une leucémie qui nécessite une greffe de moelle osseuse. Cette maladie va permettre à Thibaut d’apprendre qu’il a été adopté, que celle qu’il pensait être sa sœur n’est pas vraiment sa sœur et qu’il a un frère dans le nord de la France, un frère adopté par une autre famille et dont la moelle osseuse est très probablement compatible avec la sienne. Très vite, un autre élément va venir renforcer ce lien entre Thibaut et Jimmy : l’amour de la musique. Certes, il s’agit de deux musiques a priori très différentes, une musique « noble », la musique symphonique, pour Thibaut, une musique populaire, celle des fanfares, pour Jimmy, mais, de toute évidence, ces deux musiques sont capables de créer des émotions.

Après avoir scénarisé la rencontre de deux frères ayant suivi des parcours totalement différents depuis leurs naissances, Emmanuel Courcol n’hésite pas à confronter le monde de la musique populaire et celui de la musique classique avec le but louable de montrer que toutes les deux ont des valeurs qui leur sont propres et qu’il est tout sauf utile de chercher à les opposer. Dans En fanfare, on voit un modeste tromboniste de fanfare qui a une oreille parfaite et une grande connaissance du jazz et qui va venir tenter sa chance au sein d’un orchestre symphonique. A l’inverse, on voit un chef d’orchestre habitué à diriger des orchestres symphoniques dans le monde entier qui se prend au jeu de diriger une fanfare municipale qui n’a plus de chef. Tout cela filmé sans aucune condescendance, sans que cela donne l’impression d’être artificiel. En effet, cette absence de chef est amenée de façon très fine, l’usine dans laquelle travaillent les membres de la fanfare étant sur le point d’être délocalisée en Roumanie et le chef de la fanfare ayant été muté dans ce pays pour y former du personnel.

Ce film très réussi et dans lequel on a parfaitement le droit de passer du rire aux larmes et vice-versa, c’est avant tout pour Pierre Lottin, l’interprète de Jimmy, qu’il a été écrit. Ce comédien que Emmanuel Courcol avait déjà fait jouer dans Un triomphe, est en train de prendre une place de plus en plus importante dans le cinéma français et sa prestation dans En fanfare mérite tous les éloges. A ses côtés, c’est un sociétaire de la Comédie Française qui interprète le rôle de Thibaut : Benjamin Lavernhe, lui aussi de plus en plus présent dans des premiers rôles, lui aussi excellent. Pierre Lottin et Benjamin Lavernhe sont tous les deux de très bons  musiciens amateurs ce qui leur a permis de faciliter le gros travail qu’ils ont entrepris pour devenir un tromboniste et un chef d’orchestre crédibles. Dans des rôles moins importants, on remarque particulièrement Sarah Suco et Jacques Bonnaffé qui, en plus de faire la preuve de leurs talents de comédiens, ont réussi à se fondre sans problème au sein de L’harmonie municipale des mineurs de Lallaing, choisie pour représenter la fanfare dont fait partie Jimmy. Une fanfare qui a eu le plaisir et l’honneur d’être invitée au Festival de Cannes pour accompagner en musique la projection de En fanfare, dans le cadre de la sélection des avant-premières.

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