Critique : Deadpool

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Deadpool film 2016Deadpool

Etats-Unis – 2016
Titre original : Deadpool
Réalisateur : Tim Miller
Scénario : Rob Liefeld, Rhett Reese, Paul Wernick
Acteurs : Ryan Reynolds, Morena Baccarin, Ed Skrein, T. J. Miller
Distribution : 20th Century Fox, Marvel Entertainment
Durée : 1h 48
Genre : Action, fantastique
Date de sortie : 10 février 2016

Note : 3/5

Il est vrai qu’un Marvel, comme à son habitude, fait déplacer les foules. Agrémentons la présentation du film à un coup de publicité qui a fait son effet, et on obtient une sortie en salle bien attendue par les fanatiques du genre. Ryan Reynolds, porte le costume de ce personnage purement et hautement atypique, purement et hautement éloigné de tous ces modèles de super héros biens en place, biens charismatiques, biens chevaleresques à souhait. Remettre à plus tard le visionnage de film serait une absurdité tant il paraît être un film qui offre un coup de sang neuf à la franchise des Comics. C’est pour cela qu’on fait la queue comme tout le monde, on prend de quoi passer 1h48 dans notre salle obscure, on se gratte frénétiquement l’entrejambe pour faire un peu comme notre super héros du jour, on rote un grand coup histoire de rentrer à fond dans le personnage, sans bien évidemment déranger l’assistance qui n’aura peut-être pas saisi le principe de ce film : ne surtout pas se prendre au sérieux !

Synopsis : Deadpool, est l’anti-héros le plus atypique de l’univers Marvel. A l’origine, il s’appelle Wade Wilson : un ancien militaire des Forces Spéciales devenu mercenaire. Après avoir subi une expérimentation hors norme qui va accélérer ses pouvoirs de guérison, il va devenir Deadpool. Armé de ses nouvelles capacités et d’un humour noir survolté, Deadpool va traquer l’homme qui a bien failli anéantir sa vie, le méchant Ajax.

Deadpool (Ryan Reynolds) pauses from a life-and-death battle to break the fourth wall, much to the dismay of his comrades Negasonic Teenage Warhead (Brianna Hildebrand) and Colossus (voiced by Stefan Kapicic).

Un bon blockbuster, on en a pour notre argent… c’est sûr !

La trouille qu’on pouvait avoir, c’était que ce film brise un peu trop les codes de l’Association Conventionnelle et Internationale des Films Explosifs Que Nous Proposent la Franchise Marvel (l’ACIFEQNPFM… je vous rassure, je viens de l’inventer). En effet, on nous a servi des tas et des tas de teasers ces derniers mois, ces dernières semaines, présentant ce brave Deadpool en costume rouge et noir, en lycra hyper super moulant, ultra corrosif, vulgaire à souhait, sans peur et sans ni même reproche. Ce premier blockbuster de la saison 2016, tout droit sorti de la grande usine à confectionner des supers héros, va être suivi très rapidement par X-Men : Apocalypse du génial Bryan Singer, de Captain America : Civil War d’Anthony et Jo Russo, et de Docteur Strange de Scott Derrickson avec Benedict Cumberbatch. Rien que ça ! Nous voilà gâtés, on le sait !

En fait, dès le début du film, lors du générique, ce film de Tim Miller, presque inconnu dans le monde des réalisateurs hollywoodiens, nous surprend terriblement en nous ne présentant aucun membre de l’équipe Deadpool. Je vous laisse découvrir cette amuse-bouche graveleuse, sans spoiler cet effet de surprise. Ça a de la gueule, mais c’est longuet… On entre à grand coup de pied dans la porte dans l’action. Ça tranche, ça saigne, ça crache, ça gicle, ça coupe, ça émince. C’est juste jouissif d’assister à cette petite merveille dans ce domaine de l’action qui nous transcende tant, mes chers cinéphiles que vous êtes tous. Tout est finalement très bien orchestré dans la réalisation… Tim Miller nous offre des séquences « rock’n’roll », que dis-je ? Des séquences « Hard Rock » ! Les ralentis apportés aux séquences de combats à pistolet, au sabre, et aux poings sont réellement rafraichissants surtout quand Mister Deadpool y va de sa petite touche « insultatoire ».

On jubile, comme on jubile de voir Ryan Reynolds, nu la moitié du temps (d’ailleurs les nanas présentes dans la salle sauront apprécier ce sublime fessier), beau comme un Apollon, marrant à la Jim Carrey (oui, je sais ça divise un Jim Carrey qui fait rire… Mais moi, il me fait rire !), dans ce rôle de Wade Wilson, ancien militaire reconverti en mercenaire des temps modernes. Il est bon le bougre, et il se prend difficilement au sérieux aussi, lui qui a convaincu, tout simplement convaincu dans The Voices de Marjane Satrapi où il campait le rôle d’un parfait illuminé. Il montre  que l’autodérision est une arme dont il sait jouer à merveille.

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Un marvel dans le marvel… un colossus au pied d’argile

Deadpool suit donc à la chaîne, tous ces films qui nous sont proposés par cette multinationale filmique avec un dédain revigorant. Out les principes nationalistes ! Exit cette solidarité à toute épreuve qui coulent dans les veines de nos supers héros ! Deadpool est intransigeant, égoïste et sale. Et cela fait tout simplement rire. Comment donc incorporer un mec comme ça dans la Team Avengers ? Ou dans la Team X-Men ? C’est ce message bien précis que décident de nous servir les scénaristes en nous envoyant une multitude de clins d’œil sur le monde merveilleux de notre franchise « marvelienne ».

En effet, Deadpool reprend à tour de bras, des anecdotes qui nous ont bercées. Samuel L. Jackson et Hugh Jackman en prennent pour leur grade, et sont alors cités pour référence, et c’est fait avec ironie. Toujours avec ironie, voire même toujours avec ce cynisme déconcertant. Que dire du vaisseau des X-Men qui décolle de l’Institut Xavier, avec à son bord, deux personnages des X-Men : Colossus et Negasonic. D’ailleurs nos deux personnages sont aussi touchés par cette grâce nommée « autodérision ». D’un côté, on a Negasonic (Brianna Hildebrand), petite fille comparée dans le film à Sinead O’Connor, pas sûre d’elle. Voilà qu’elle se fait chambrer par notre homme au costume rouge et noir en lycra, et ce, sans aucune pitié apparente. D’un autre, on nous sert Peter Rasputin alias « Colossus », immense homme d’acier que rien ne peut ébranler, même pas un coup de pied dans les « cojones » alias « parties intimes ». Il a un fort accent soviétique, et donne de nombreuses leçons sur les vraies valeurs de la vie et de l’humanité. Le bien contre le mal en gros. Le bien ce sont les X-Men. Le mal c’est Deadpool qui n’épargne personne.

Cette opposition de style souligne parfaitement l’égoïsme de notre personnage principal qui ne veut que se venger de son triste sort, en tentant de rattraper le méchant Ajax (Ed Skrein), le principal instigateur de cette décadente apparence de notre Wade Wilson, atteint d’un cancer incurable et qu’il a soigné sadiquement. Et toujours avec la présence « hommage/clin d’œil » de notre bon vieux Stan Lee… je vous laisse trouver notre « Où est Charlie ? » dans cette 1h48 de films sévèrement burné… Bon, voilà que Deadpool, au final, apparaît malgré tout comme un film lointainement décevant. Je m’explique. C’est toujours vulgaire à en devenir presque lassant, et quand on veut que cela continue, voilà que Wade Wilson fait dans la dramaturgie lorsqu’il apprend sa maladie. Lui qui venait de trouver sa « bombasse » (Morena Baccarin…Pour les puristes des séries et de How I Met Your Mother, c’est celle qui n’a fait qu’un épisode où elle endossait le rôle de celle qui a les yeux de cinglés… J’ai bien dit pour les puristes !), puis de la demander en Mariage, voilà qu’il est perdu dans ses doutes, dans son amour, dans ses états d’esprit que seuls les hommes peuvent avoir dans la vie, et lorsque qu’on attrape ce satané virus. Cela apporte une instabilité au film, une lenteur presque absurde alors qu’on est bien lancé dans ce schéma stratosphérique que nous offre le film.

On reste aussi un peu sur sa fin, quand on voit Ajax. On ne remet pas en cause sa brutalité, son sang-froid, on ne remet en cause que ce côté lambda d’un super-méchant. Il est lisse, sans charisme évocateur. Alors, pour excuser ce côté trop « soap » du film, on peut creuser, et se dire que, finalement, cette œuvre campe sur ce contre-pied à l’univers Marvel… Ajoutons à cela une lenteur toute relative à ce film par moment, et nous aurons terminé avec les côtés négatifs du film. C’est parfois long tout de même par moment. Mais, ne faisons pas dans la dramaturgie apparente, car le film reste un divertissement de très bonne facture.

Conclusion

On sort de la salle, on a bien rigolé. On peut rentrer à la maison, lancer quelques sales insultes, se boire une pipe (vous comprendrez), ne pas tirer la chasse d’eau après avoir vidangé, ne pas fermer à clé la porte d’entrée par rébellion, et surtout, ne pas mettre ses pantoufles… Parce que, peu à peu, on oublie… On oublie ce film qui nous a pourtant divertis, avec un Ryan Reynolds toujours impeccable. C’est drôle et ça secoue une salle de ciné en chœur. Mais, il y a toujours un « mais » à l’univers Marvel, il faut se l’avouer. Il ne sera pas gravé dans les annales, mais il restera gravé dans cet hiver 2016.

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