Critique : Àma Gloria

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Àma Gloria

Belgique, France : 2023
Titre original : –
Réalisation : Marie Amachoukeli
Scénario : Marie Amachoukeli
Interprètes : Louise Mauroy-Panzani, Ilça Moreno Zego, Arnaud Rebotini
Distribution : Pyramide Distribution
Durée : 1h24
Genre : Drame
Date de sortie : 30 août 2023

2.5/5

En 2014, la Caméra d’Or cannoise avait été attribuée à Party Girl, un film réalisé par Marie Amachoukeli, Claire Burger et  Samuel Theis, deux femmes et un homme qui s’étaient rencontrés à la FEMIS. Depuis, on a surtout rencontré Samuel Theis en tant que comédien, ne serait-ce que dans Anatomie d’une chute où il interprète le rôle de Samuel, mais il a également réalisé Petite nature, présenté à la Semaine Internationale de la Critique 2021Claire Burger, elle aussi, s’est tournée vers l’interprétation, ne serait-ce que dans … Petite nature, mais elle a également réalisé C’est ça l’amour, sorti en 2019. Quant à Marie Amachoukeli, la voilà qui sort son premier long métrage de fiction, Àma Gloria, film d’ouverture de la dernière Semaine Internationale de la Critique.

Synopsis : Cléo a tout juste six ans. Elle aime follement Gloria, sa nounou qui l’élève depuis sa naissance. Mais Gloria doit retourner d’urgence au Cap-Vert, auprès de ses enfants. Avant son départ, Cléo lui demande de tenir une promesse: la revoir au plus vite. Gloria l’invite à venir dans sa famille et sur son île, passer un dernier été ensemble.

Des promesses qui ne sont pas toutes tenues

Il arrive parfois qu’un film qui possède a priori tous les ingrédients pour vous ravir n’arrive finalement qu’à éveiller en vous un intérêt poli mélangé avec une certaine forme d’ennui. Exactement ce qui peut arriver avec Àma Gloria, le premier long métrage réalisé en solo par Marie Amachoukeli. « Ce qui peut arriver », car, d’un extrême à l’autre, ce film va arriver à ravir de nombreux spectateurs et plonger dans un ennui profond d’autres spectateurs. De quoi s’agit-il ? Il s’agit de Cléo, une charmante petite parisienne à lunettes, âgée de 6 ans et dont la maman est décédée d’un cancer. Arnaud, son père étant beaucoup pris par son travail, elle est surtout élevée par Gloria, une nounou capverdienne qu’elle adore, ayant trouvé en elle une mère de substitution. Elle l’adore tellement, elle se sent tellement bien avec elle, que c’est le drame lorsque Gloria lui annonce qu’elle doit quitter Paris afin d’aller retrouver ses enfants à Tarrafal, au nord de l’île de Santiago, la plus grande de l’archipel du Cap Vert. En effet, Gloria a des enfants, des enfants qu’elle connaît à peine car elle a dû les quitter pour des raisons économiques : Fernanda, sa fille sur le point d’accoucher d’un fils qui portera le prénom de Santiago, et César, un adolescent. Gloria ayant juré à Cléo qu’elles se reverront, Arnaud accepte d’envoyer Cléo en vacances chez Gloria.

Que de belles promesses présentées par ce film : la description des rapports entre une fillette de 6 ans et sa nounou capverdienne dont la très grande affection pour Cléo a permis à cette dernière de commencer son existence dans la félicité malgré la perte de sa maman survenue dès son plus jeune âge ; le comportement de César qui en veut à sa mère de l’avoir en quelque sorte abandonné durant de longues années ; le comportement de Cléo lorsqu’elle prend conscience qu’elle n’est plus le centre du monde pour Gloria et que la jalousie s’installe en elle, en particulier lorsque Gloria chante à Santiago ce qu’elle considère être sa chanson à elle toute seule ; sans oublier le bel environnement que le Cap Vert procure au film. Malheureusement, les promesses ne sont pas parfaitement tenues : en effet, la description des rapports entre Cléo et Gloria est certes très touchante mais s’avère finalement manquer de relief et de souffle ce qui  finit par générer un certain ennui au bout d’un moment ; en effet, on devine trop vite l’arrivée du sentiment de jalousie qui va envahir Cléo. Par contre, c’est vrai, la façon dont est montré le ressentiment de César envers sa mère et la peinture quasi documentaire de la vie au Cap Vert tiennent toutes leurs promesses et font partie des points forts du film.

Une part d’autobiographie, des interprètes très naturels 

C’est dans sa propre histoire que Marie Amachoukeli est allée chercher le sujet de son film. En effet, elle a vécu une grande partie de son enfance dans la loge de Laurinda, la concierge de l’immeuble où elle habitait, issue de l’immigration portugaise, et la future réalisatrice avait six ans lorsque Laurinda lui a annoncé qu’elle retournait au pays avec son mari afin de refaire sa vie auprès des siens. La déflagration que Marie a ressentie à ce moment là fut du même ordre que celle ressentie par Cléo dans le film. D’où son envie de raconter au cinéma l’amour que peut ressentir un enfant pour une personne qui n’est pas son parent, « un amour secret, presque clandestin, qui n’est jamais formulé », précise-t-elle. Si les enfants de Laurinda étaient dans la loge, auprès de leur mère, en même temps que Marie, celle-ci a ressenti le besoin de parler du sort des enfants qui grandissent sans leur mère que des raisons économiques ont contrainte à partir très loin d’eux.

Coréalisatrice en 2016 de I want Pluto to be a planet again, film d’animation, Marie Amachoukeli a décidé de parsemer son film de 5 séquences d’animation, des séquences réalisées avec l’illustrateur et auteur jeunesse Pierre-Emmanuel Lyet et destinées à permettre d’avoir accès à ce que Cléo ressent sans arriver à l’exprimer verbalement. Mis à part Arnaud Rebotini, l’interprète du père de Gloria, surtout connu comme musicien, mais qui avait déjà tenu de petits rôles dans quelques films, tous les autres interprètes faisaient leurs premiers pas face à une caméra. Comme c’est souvent le cas, leur naturel permet largement de compenser leur inexpérience. Louise Mauroy-Panzani, qui joue une Cléo tout à fait craquante, s’est parait-il beaucoup amusée à jouer à la myope, elle qui, contrairement à la réalisatrice, ne l’est pas du tout. Quant à Ilça Moreno Zego, elle a eu un parcours très proche de celui de Gloria, ayant dû, en particulier, laisser ses 3 enfants à sa mère pour aller gagner sa vie en Europe.

Conclusion

Même si ce premier long métrage réalisé en solitaire est tout à fait honorable, on est en droit de se montrer déçu par rapport à ce qu’on pouvait attendre de l’histoire racontée par Marie Amachoukeli.

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