Cannes 2018, carnet de bord, septième partie

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Nouveau très gros coup de coeur en compétition officielle, et il s’agit à nouveau d’un long-métrage issu du continent asiatique. Burning est un nouveau très grand film réalisé par le coréen Lee Chang-Dong (4/5) qui adapte une nouvelle du japonais Haruki Murakami, Les Granges brûlées. Jongsu, coursier, retrouve par hasard son ancienne voisine, Haemi. Ils semblent séduits l’un autant que l’autre mais leur idylle naissante est mise à mal par le voyage de la jeune fille à l’étranger. Lorsqu’elle revient, elle est accompagnée de Ben, jeune homme très riche au comportement étrange. Soudain, elle disparaît sans laisser de trace. Après le triangle amoureux au fort potentiel dramatique, l’histoire vire au film noir lorsque Jongsu soupçonne son rival d’être lié à cette disparition. Apprenti écrivain, il s’interroge sur l’absence de celle qu’il aime. A-t-elle décidé de changer de vie sans prévenir personne ou a-t-elle été tuée par ce mystérieux Ben ? Son comportement glaçant fait planer le doute mais le plus fragile Jongsu n’est parfois pas moins inquiétant par l’intensité difficilement contenue de ses sentiments contradictoires. Une œuvre assez haletante, riche de sous-entendus sur la lutte des classes et les rapports entre hommes et femmes, le portrait en creux de l’absente n’étant pas moins fortement esquissé que le duel masculin.

Dogmande Matteo Garrone (1,5/5) (compétition) ne laisse pas la même impression positive. Marcello Fonte, toiletteur pour chiens discret, mène une vie… de chien. Après Gomorra et Reality, deux lauréats du Grand Prix, le cinéaste italien surestimé par les divers jurys du Festival de Cannes suit la trajectoire tragique d’un homme modeste joué par le timide Marcello Edoardo, malmené par une petite frappe. Il échoue à lui résister malgré ses vaines tentatives, sous le regard indifférent de sa communauté. Engagé dans une spirale criminelle, il se laisse griser par son envie de vengeance. Une œuvre misérabiliste et complaisante avec la violence représentée à l’écran.

Guy(3/5) est le film de clôture de la Semaine de la Critique. À la mort de sa mère, Gauthier découvre qu’il est le fils illégitime de Guy Jamet, grande vedette de variété française entre les années 60 et 80. Afin de mieux le connaître, Gauthier décide de tourner un documentaire sur le chanteur en le suivant lors de sa nouvelle tournée. Croisement bienveillant de nombre de personnalités populaires, tels que Herbert Léonard, Dave ou bien d’autres de cette «époque», Guy Jamet pourrait être ringard mais le regard porté sur lui, sans être béat d’admiration, est bienveillant et au final assez tendre. L’approche d’Alex Lutz n’est en rien parodique, mais plutôt profonde et sincèrement sentimentale. Le répertoire du chanteur, indispensable pour la réussite du projet, est d’une étonnante justesse, grâce à la collaboration parfaite entre l’acteur et réalisateur Alex Lutz avec Vincent Blanchard et Romain Greffe pour imaginer ces tubes composés dans l’esprit de ceux qu’on aurait pu entendre chez Maritie et Gilbert Carpentier. Il n’est pas interdit de verser quelques larmes dans ce qui s’avère au final être le portrait d’un fils cherchant à découvrir son père, moins que celui d’un artiste oublié.

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