Cannes 2016 : Tour de France – Quinzaine

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Tour de France

France, 2016
Titre original :
Réalisateur : Rachid Djaïdani
Scénario : Rachid Djaïdani
Acteurs : Gérard Depardieu, Sadek …
Distribution : Le Pacte
Durée : 2h08
Genre : Comédie Dramatique
Date de sortie : Prochainement

 

Note : 3,5/5

Tour de France est le second film de Rachid Djaïdani. Son premier long-métrage, Rengaine, avait été remarqué à la Quinzaine des réalisateurs en 2010. Il s’agissait d’un conte moderne où le réalisateur montrait son envie de faire du cinéma, lui qui n’avait ni producteur ni acteurs professionnels. Djaïdani a d’ailleurs un parcours assez atypique : après avoir été boxeur professionnel, il devient acteur, et sort quelques romans inspirés de sa jeunesse en banlieue de Paris. Avec Tour de France il bénéficie d’un budget plus large (et d’un budget tout court d’ailleurs), comme l’atteste la présence de Gérard Depardieu devant la caméra.

Synopsis : après un règlement de comptes, Far’hook (Sadek) est obligé de quitter Paris. Il va alors faire le tour des ports français avec le père d’un ami à lui, Serge (Gérard Depardieu).

Vernet : swag ou pas ?

Tour de France, c’est l’histoire (a priori classique) de deux personnes que tout oppose et qui vont apprendre à se connaître pendant un voyage. Farouk/Far’hook, joué par le rappeur Sadek, part faire un tour des ports de France avec le père d’un ami, Serge (Gérard Depardieu, toujours immense, et omniprésent en ce moment sur les écrans français !). Ce dernier, qui ne voit plus son fils depuis qu’il s’est converti à l’islam, effectue un pèlerinage sur les traces de Vernet, et le jeune parisien va lui servir de chauffeur. Si les deux hommes n’ont apparemment rien en commun, il sont pourtant semblables : l’un cache ses yeux sous sa casquette, tel un cow-boy, pour créer une barrière avec les autres. L’autre se cache sous une attitude rustre pour masquer sa tristesse. Tous les deux sont d’ailleurs artistes, la seule différence étant que l’un écrit sur les vitres d’un train tandis que l’autre griffonne sur une serviette. La maîtrise de Djaïdani, qui s’approprie totalement le sujet, va transformer cette historie apparemment banale en quête initiatique, pour les deux protagonistes, qui questionne le rapport de la France avec certains de ses citoyens.

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« Paris mon amour, Paris mon enfer »

Tour de France aborde en effet le thème de la place des enfants d’immigrés dans notre société : les deux personnages débattront souvent sur le sujet. Dommage que parfois les dialogues soient de facture assez classique, et que certaines scènes apparaissent un peu maladroites (comme une dispute entre Serge et Farouk, qui ressemble à une étape forcée dans le déroulement du script). Cependant le rap, et l’évolution de sa perception par Serge, vient alimenter le dialogue (pour lui, ce n’est au début qu’une “musique islamique). La musique permet aux deux hommes de se rapprocher, à travers des scènes qui font parties des meilleures du film : un petit déjeuner sous fond de Serge Lama, et un freestyle de Depardieu sur la Marseillaise ….

Enfin pour moi une des grandes forces du film, qui permet à Djaïdani de se démarquer, réside sans les divers vidéos que fait Farouk avec son portable. Si dans de (trop) nombreux films l’intégration des vidéos filmées avec un smartphone casse le rythme du film, ici le procédé sert totalement la narration. Le rappeur, qui ne veut pas faire de photos avec ses “fans” (ce qui fera qu’on lui tire dessus et l’obligera à quitter Paris), se sert constamment de son portable pour filmer le monde qui l’entoure. En plus de renforcer le côté “artiste” du rappeur, cela offre au film des moments hors du temps, purement oniriques. En effet il s’agit de plans cadrés, à la photo travaillée, des inserts appuyant sans aucun mots le propos de Rachid Djaïdani, et rappelant le côté “brut” de Rengaine.

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Conclusion

Avec une histoire en apparence commune, Djaïdani nous offre son point de vue sur la société française, grâce à un voyage initiatique bercé de rap. La mise en scène de Tour de France, parfois brute, parfois rêveuse, est la preuve que son réalisateur est un auteur à part entière.

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