Critique : Absolutely anything

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Absolutely anything

Royaume-Uni, 2015
Titre original : Absolutely anything
Réalisateur : Terry Jones
Scénario : Gavin Scott et Terry Jones
Acteurs : Simon Pegg, Kate Beckinsale, Sanjeev Bhaskar, Rob Riggle
Distribution : Océan Films Distribution
Durée : 1h25
Genre : Comédie fantastique
Date de sortie : 12 août 2015

Note : 2,5/5

Que feriez-vous, si vous disposiez du pouvoir de faire absolument tout ? Pour votre propre bien et celui de l’humanité toute entière, espérons que vous trouveriez un emploi un peu plus utile à ces capacités illimitées que l’usage qu’en fait le personnage principal de cette comédie britannique. Plutôt que d’être une parabole cinglante sur la nature humaine, profondément égoïste, voire narcissique, Absolutely anything tend fâcheusement à s’éparpiller dans des futilités. Il y aurait eu une certaine leçon de philosophie à tirer des déboires de ce professeur tout-puissant. Sauf que l’état d’esprit du film dans son ensemble n’est guère moins mesquin que celui de ce dieu de pacotille, rapidement dépassé par l’étendue de ses capacités magiques. Enfin, la participation vocale des Monty Python – tout comme celle de Robin Williams – relève de l’anecdotique, tant ces monstres sacrés de l’humour grinçant des années 1970 et ’80 n’ont plus grand-chose à apporter aux enfantillages contemporains.

Synopsis : En 1972, les hommes ont envoyé une sonde aux confins de l’univers. Récupéré par le vaisseau du conseil supérieur galactique, cet engin est considéré par ce dernier comme une déclaration de guerre. Les notables extra-terrestres décident par conséquent d’anéantir la Terre et tous ses habitants. A moins que l’un d’entre eux, tiré au hasard, sache faire la différence entre le bien et le mal. Le choix tombe sur Neil Clarke, un professeur anglais solitaire dont le seul vrai ami est son chien Dennis. Pendant une semaine, Neil disposera d’un pouvoir absolu, puisqu’il lui suffira de lever la main pour que tous ses vœux se réalisent. Ignorant l’enjeu planétaire lié à ce don divin, l’enseignant s’en sert avant tout pour attirer l’attention de sa voisine, la belle Catherine.

La malédiction de la bénédiction

A partir d’une prémisse pas sans attrait, le septième film réalisé par Terry Jones peine sérieusement à décoller. Sans doute contre son gré, il démontre sur le ton de la fatalité que tous les pouvoirs du monde n’arriveront jamais à changer la personnalité des hommes ou des femmes qui seraient bénis de la sorte. Ainsi, la mélancolie profonde du protagoniste s’avère beaucoup plus durable que tous les miracles insensés qu’il accomplit grâce à son super-pouvoir. Car il se voit obligé d’annuler la plupart d’entre eux, attribués sans réfléchir réellement aux conséquences de ses lubies. Ces dernières couvrent certes un spectre assez large de fantaisies plus ou moins innocentes, du perfectionnement des attributs physiques au choix du poste de travail le plus prestigieux, en passant par des absurdités un peu trop tributaires du spleen de l’humour britannique pour nous faire rire aux éclats. Mais le cheminement dramatique de cette abolition de toutes les limites matérielles et affectives imaginables ne conduit point vers une prise de conscience salutaire. Pour cela, le récit reste beaucoup trop attaché à la blague facile et à un va-et-vient désordonné entre les différents théâtres de l’action.

Qui commande ici ?

Il existe en effet au moins trois points de vue complémentaires dans Absolutely anything, dont seul celui de Neil dégage un certain charme. Ceux du conseil galactique et de Catherine, poursuivie par un ancien prétendant américain qui fait tant bien que mal office de méchant dans cette histoire inoffensive au possible, servent au contraire à diluer l’intérêt que nous pouvions porter à cette aventure passablement loufoque. Au moins, le choix scénaristique de faire évoluer en parallèle les deux histoires principales, sur Terre et dans l’espace, c’est-à-dire de ne jamais souffler à Neil l’idée, pourtant basique, de s’interroger sur l’origine et le sens de son pouvoir, garantit au film un parfum d’absurdité qui lui sert plus qu’une fois de bouée de sauvetage. C’est hélas trop peu pour nous divertir convenablement, d’autant plus que nous nous attendions à mieux de la part de Simon Pegg, depuis plus de dix ans l’ambassadeur officieux de la comédie britannique déjanté, qui risque d’être plus marrant – comble de l’ironie – dans le rôle stéréotypé qu’il endosse une nouvelle fois dans Mission : impossible Rogue Nation, sorti en France le même jour.

Conclusion

Le fait d’avoir choisi le premier anniversaire de la mort de Robin Williams pour présenter au monde son tout dernier film relève de l’hommage touchant. Dommage alors que Absolutely anything ne soit guère à la hauteur de cette triste occasion, puisqu’il confond son humour superficiel et puéril avec les feux d’artifice comiques qui sortaient inlassablement de la bouche de ce comédien de légende, réduit ici au rôle sous-développé d’un chien, prisonnier de ses désirs et ennuyeusement soumis à son maître.

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