Vacances forcées
France : 2025
Réalisation : François Prévôt-Leygonie, Stephan Archinard
Scénario : François Prévôt-Leygonie, Stephan Archinard, Martin Darondeau
Acteurs : Clovis Cornillac, Laurent Stocker, Bertrand Usclat
Éditeur : Sony Pictures
Durée : 1h36
Genre : Comédie
Date de sortie cinéma : 11 juin 2025
Date de sortie DVD : 15 octobre 2025
Suite à une erreur de réservation, deux familles que tout oppose, ainsi qu’un éditeur un peu snob et l’influenceuse qu’il souhaite publier, sont contraints de partager une sublime maison de vacances. Le choc des cultures est immédiat, entre habitudes incompatibles et personnalités bien affirmées. Pourtant, malgré les tensions et les quiproquos, ces vacances forcées prennent une tournure inattendue et se révèlent une aventure pleine de surprises et d’éclats de rire…
Le film
[3,5/5]
Depuis quelques années, la comédie française semble avoir trouvé son nouveau terrain de jeu : le remake. Après Menteur, Irréductible, Alors on danse ou encore Pourris gâtés, voici donc aujourd’hui Vacances forcées, adaptation du film italien Odio l’estate de Massimo Venier, sorti dans les salles transalpines en 2020. Et comme souvent dans ce genre d’exercice, la réussite ne tient pas à la fidélité au matériau d’origine, mais à la capacité de l’équipe à en capter l’esprit tout en le transposant dans un contexte hexagonal crédible. Bonne nouvelle : Vacances forcées coche les bonnes cases, sans chercher à faire du neuf avec du vieux, mais plutôt du vrai avec du vécu. Une comédie estivale qui ne révolutionne rien, mais qui fait du bien là où ça gratte.
Le pitch de Vacances forcées est aussi simple qu’efficace : une erreur de réservation oblige trois hommes que tout oppose à partager une villa de rêve en bord de mer, avec leurs familles respectives. Le choc des cultures est immédiat, les tensions fusent, les egos s’échauffent, mais peu à peu, une forme de complicité inattendue s’installe. Ce qui aurait pu tourner au vaudeville balnéaire se transforme en chronique douce-amère sur le vivre-ensemble, les compromis, et les amitiés qui naissent là où on ne les attend pas. Le film ne cherche pas à faire rire à tout prix, mais à faire sourire avec justesse. Et dans ce registre, Vacances forcées est une réussite modeste mais sincère.
Ce qui fonctionne particulièrement bien dans Vacances forcées, c’est la dynamique entre les trois personnages masculins. Clovis Cornillac, Bertrand Usclat et Laurent Stocker forment un trio improbable mais attachant, chacun incarnant une facette du mâle contemporain : le bourru au grand cœur, le bobo névrosé, et le snob en crise. Leurs interactions sonnent juste, leurs disputes sont crédibles, et leur rapprochement progressif évite globalement les clichés, s’avérant même extrêmement attachant et réussi dans ses meilleurs moments. Le film capte avec finesse les micro-tensions, les regards en coin, les silences qui en disent long. Et surtout, il montre que l’amitié, comme les coups de soleil, peut surgir sans prévenir.
Mais Vacances forcées, ce n’est pas qu’une affaire de mecs. Le charme du film repose aussi sur ses deux actrices principales, Aure Atika et Pauline Clément, qui illuminent l’écran à chaque apparition. Aure Atika incarne avec justesse une mère de famille à la fois solide et vulnérable, capable de désamorcer les tensions avec une répartie sèche et un regard qui ferait reculer un CRS. Pauline Clément, en mère bobo dépassée par les événements, apporte une touche de fragilité comique, oscillant entre bienveillance maladroite et panique logistique. Et pour compléter ce duo, Claïna Clavaron, en influenceuse en quête de sens, injecte une fraîcheur bienvenue, entre superficialité assumée et sincérité inattendue. Leur présence équilibre le récit, apporte du relief aux scènes de groupe, et rappelle que derrière chaque homme qui râle, il y a souvent une femme qui respire… et qui finit par prendre les choses en main.
Alors bien sûr, comédie familiale oblige, la mise en scène de Vacances forcées reste dans les clous de la comédie estivale classique. On pourrait certes presque parler de platitude, mais l’ensemble est propre, les décors ensoleillés, et la photographie flatte les paysages sans tomber dans la carte postale. Le montage est fluide, les dialogues bien rythmés, et la musique de Matthieu Gonet accompagne le jeu des acteurs sans se montrer trop envahissante, notamment dans les scènes d’émotion. Pas de grandes audaces, mais une cohérence d’ensemble qui sert le propos. On sent bien que les deux co-réalisateurs du film, François Prévôt-Leygonie et Stéphan Archinard, cherchent surtout à installer une ambiance, une chaleur humaine, une douceur de vivre. Et c’est réussi.
Enfin, Vacances forcées réussit à détourner les clichés sans les renier. Bien sûr, les passages obligés du genre sont là : il y a des disputes autour du barbecue, des enfants insupportables ou des soucis liés à la coexistence en groupe. Mais le film ne s’en moque pas, il observe avec tendresse les petits travers de ses contemporains, comme un entomologiste bienveillant. Et surtout, il montre que derrière les apparences, il y a surtout des êtres humains qui cherchent à s’aimer, à se comprendre, à exister. En bref, en dépit de sa nature de remake, qui tend toujours à attiser notre méfiance, Vacances forcées s’avère une comédie qui fait du bien, sans prétention, mais avec une vraie sincérité. Une comédie d’été à voir entre amis, entre deux gorgées de rosé tiède.
Le DVD
[4/5]
A l’image de Anges & Cie que nous évoquions hier, Vacances forcées n’est pas parvenu à trouver son public lors de sa sortie dans les salles françaises : seulement un peu plus de 156.000 français sont venus assister aux embrouilles estivales au programme du film. La sanction est immédiate en vidéo : le film sortira seulement au format DVD, sous les couleurs de Sony Pictures. Le film n’étant certes pas des plus ambitieux d’un point de vue formel, on s’en contentera donc, d’autant que le DVD de Vacances forcées nous propose une image tout à fait correcte pour le format. Le transfert respecte les intentions des réalisateurs, avec des couleurs chaudes, une définition honnête et une compression bien maîtrisée. Les scènes en extérieur, baignées de soleil, ressortent avec une belle luminosité. Pas de grain excessif, pas d artefacts gênants, mais une image qui reste dans les standards du DVD, sans chercher à rivaliser avec les formats HD.
Côté son, le mixage Dolby Digital 5.1 fait le travail avec une spatialisation modeste mais efficace. Les dialogues sont clairs, bien centrés et toujours parfaitement compréhensibles. Les ambiances estivales bénéficient d’une légère spatialisation, notamment dans les scènes de groupe ou les moments de tension. La dynamique sonore reste contenue, mais suffisante pour une comédie de ce genre : le rendu acoustique global reste tout à fait sympathique. On notera par ailleurs que Sony Pictures nous propose également un mixage Dolby Digital 2.0, sobre mais efficace, et qui s’avérera plus cohérent si vous visionnez le film sans passer par un système de spatialisation sonore. Pas de bonus.




















