Test Blu-ray : Terreur extraterrestre

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Terreur extraterrestre

États-Unis : 1980
Titre original : Without warning
Réalisation : Greydon Clark
Scénario : Lyn Freeman, Daniel Grodnik, Ben Nett, Steve Mathis, Bennett Tramer
Acteurs : Jack Palance, Cameron Mitchell, Martin Landau, Christopher S. Nelson, Tarah Nutter
Éditeur : Sidonis Calysta
Durée : 1h37
Genre : Fantastique
Date de sortie cinéma : 26 novembre 1980
Date de sortie DVD/BR : 19 août 2021

Une région reculée des États-Unis. Un chasseur et son fils échappent de peu à de créatures volantes aussi modestes par la taille que dangereuses. Peu de temps après, ce sont de jeunes campeurs qui subissent la même attaque… Conscient du danger qu’elles représentent, Joe Taylor prend ces étranges prédateurs dans sa ligne de mire. Très vite, il découvre que, dans cette affaire, la proie c’est lui. Pour ne pas finir comme trophée du chasseur extraterrestre à ses trousses, il doit faire preuve de ressources…

Le film

[3/5]

Sorti en France à la fin de l’année 1980, Terreur extraterrestre avait par la suite bénéficié d’au moins deux éditions vidéo, l’une chez Hollywood Vidéo, l’autre chez Terror Home Video (Scherzo), dans la collection « Special Avoriaz ». On peut donc supposer que le film avait été largement distribué en vidéo-clubs, avant de disparaître des écrans radar. A la sortie de Predator en 1987, quelques spectateurs notèrent des points communs entre l’intrigue du film de McTiernan et celui de Greydon Clark. Cependant, entre-temps, Terreur extraterrestre était devenu quasi-invisible, et cette discrétion forcée a tout doucement commencé à lui créer, puis à entretenir, une réputation de film culte, ou du moins de curiosité du fantastique à redécouvrir au plus vite.

Pendant de nombreuses années, Terreur extraterrestre a donc été une espèce de « fantasme » cinéphile, de la même façon que La traque de Serge Leroy par exemple – il s’agissait d’un film dont tout le monde parlait et citait en exemple, mais que peu de gens avaient vu. La présence au générique de Rick Baker, mais aussi de quelques acteurs réputés et une poignée de critiques nostalgiques faisaient tout pour maintenir la légende tenace. La présence d’Olivier Père, directeur général d’ARTE France Cinéma, dans les bonus de l’édition Sidonis Calysta, est d’ailleurs très représentative de l’aura puissante dont bénéficiait le film jusqu’ici.

C’était donc avec une certaine fébrilité teintée d’impatience que l’on découvre – ou redécouvre, pour ceux qui l’avaient vu il y a 35/40 ans – aujourd’hui Terreur extraterrestre. L’attente vend du rêve ; c’est la nature même de la notion de fantasme. Une heure et trente-sept minutes d’un ennui finement distillé plus tard, on peut aujourd’hui l’annoncer, non sans une certaine ironie : certains films gagnent très clairement à ne pas être vus…

Il y a en effet de fortes chances pour que la découverte tardive de Terreur extraterrestre nuise à la solide réputation dont le film bénéficiait du temps où on ne l’évoquait que sur la base de souvenirs flous ou de critiques glanées çà et là sur Internet. Le film de Greydon Clark s’impose plutôt aujourd’hui comme un nanar rigolo, attachant par bien des aspects, mais loin de la bombe attendue. Tout petit budget typique des années 80, le film bénéficiait pourtant d’une distribution impressionnante, composé de Martin Landau, Neville Brand, Jack Palance, Cameron Mitchell, Neville Brand, Ralph Meeker… Mais également d’un tout jeune David Caruso, qui portait le mini-short échancré comme personne.

Le fait est que les grands noms présents au générique de Terreur extraterrestre ont probablement bouffé à eux-seuls les deux tiers du budget dédié à la production, et par conséquent, le film n’évitera pas les scènes bavardes mettant en scène des personnages aux comportements erratiques. Dans les cas des personnages incarnés par Jack Palance et Martin Landau, ce n’est pas extrêmement gênant, dans le sens où ces deux-là sont présentés dès le départ comme parfaitement excentriques, pour ne pas dire déséquilibrés. Joe Taylor (Jack Palance), un chasseur local, est décrit comme le « redneck » typique, du genre à ne pas se laisser effrayer par un simple extraterrestre. Le « Sergent » (Martin Landau), ancien militaire souffrant manifestement de stress post-traumatique, délire quant à lui à plein tube entre deux accès de paranoïa aiguë. Le film a tendance à jouer au ping-pong entre ces deux personnages, et les deux gamins au cœur de Terreur extraterrestre ne savent jamais réellement dans lequel de ces hommes bizarres ils peuvent placer leur confiance. Dans le cas des deux jeunes au centre du récit, le fait de les voir agir en dépit du bon sens est plus problématique : on ne compte plus le nombre de fois où vous pourrez vous demander pour quelle raison ils prennent telle ou telle décision, toutes paraissant plus absurdes les unes que les autres. Leur manque total de logique est malheureusement un frein à l’immersion.

Le parallèle avec Predator est bien réel, dans le sens où Terreur extraterrestre met en scène un grand alien (qui n’a grosso modo que deux minutes de présence à l’écran) se cachant dans les bois afin de s’adonner à la chasse aux humains. En guise d’arme, il utilise une espèce de parasite aux allures de frisbee mou, ressemblant à un pancake avec des dents et des tentacules. Ces créatures, ainsi que les effets spéciaux du film en général, constituent sans aucun doute le point fort du film : ils ne sont certes pas tous très réussis, mais contribuent à lui donner un certain charme.

Ainsi, si Terreur extraterrestre n’est certainement pas le chef-d’œuvre que l’on s’attendait à découvrir, il n’en possède pas moins un charme un peu « nanar » qui le rend sympathique et amusant. Il suffit, pour s’en rendre compte, de voir Martin Landau débiter des conneries les yeux exorbités à différents moments-clés de l’intrigue, ou voir Jack Palance charger un extraterrestre en criant « ALIEEEEEEEEENNNNNN !!!! ». Rien que d’y repenser, on en rigole…

Le Combo Blu-ray + DVD + Livret

[5/5]

Disponible à partir du 19 août chez Sidonis Calysta, le Blu-ray de Terreur extraterrestre impose sans peine une présentation assez superbe (Mediabook Blu-ray + DVD + Livret), qui dénote d’une volonté forte de la part de l’éditeur de mettre en avant ce film aussi méconnu que très réputé. Côté master, on retrouve une copie Haute Définition certes perfectible, mais globalement propre : si certains plans « à effets » (fondus enchaînés, mentions écrites) dénotent d’une légère baisse de définition, le reste du métrage affiche une belle pêche globale, avec un grain cinéma à peu près préservé et une définition et un piqué satisfaisants. Les plans nocturnes ou en basse lumière rencontrent par moments de petits soucis de contrastes, mais dans l’ensemble, il y a de quoi se montrer heureux, surtout si l’on considère que le film était jusqu’ici inédit en France en Blu-ray (une édition DVD confidentielle avait vu le jour en 2014 chez Crocofilms Éditions). Côté son, la version française d’origine côtoie donc la VO, toutes deux en DTS-HD Master Audio 2.0 : les deux proposent des dialogues clairs et sans (trop de) souffle parasite ; on préférera néanmoins la version originale, plus ample et efficace, à la version française, qui souffre par ailleurs de légères distorsions sonores par ci par là. On notera que la VF comporte de très courts passages non doublés, Terreur extraterrestre étant naturellement proposé en version intégrale, et par conséquent plus long de 8 minutes que la version exploitée en France au cinéma et en VHS.

Du côté des suppléments, l’éditeur nous propose de commencer avec une présentation du film par Olivier Père (19 minutes), qui galérera un peu à énumérer les qualités de ce film « d’estraterrestre » mais s’en sortira tout de même avec les honneurs, en partie grâce à de nombreuses digressions. On continuera ensuite avec une sélection de bonus hérités du Blu-ray américain de 2014, édité par Shout Factory. On reviendra donc sur le film en commençant par les entretiens croisés de Christopher S. Nelson et Tarah Nutter (21 minutes), alias Greg et Sandy, les deux héros du film, qui se remémoreront avec plaisir leur expérience sur le plateau. On poursuivra ensuite avec des entretiens avec Daniel Grodnik (producteur, 11 minutes), Greg Cannom (maquillages, 6 minutes) et avec le légendaire directeur de la photo Dean Cundey (15 minutes), qui, il est vrai, a livré un boulot plutôt sympa sur Terreur extraterrestre.

On notera par ailleurs qu’en plus des suppléments présents sur le Blu-ray, Sidonis Calysta nous propose de nous jeter à corps perdu dans la lecture du livret inédit de 24 pages sur le film, naturellement rédigé par l’incontournable Marc Toullec. On y découvrira sur tous les secrets de la production !

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