Test DVD : À quoi tu penses-tu ?

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À quoi tu penses-tu ?

 
France : 1992
Titre original : –
Réalisation : Didier Kaminka
Scénario : Didier Kaminka
Acteurs : Richard Anconina, Isabelle Pasco, Martin Lamotte
Éditeur : Gaumont
Durée : 1h22
Genre : Comédie
Date de sortie cinéma : 4 mars 1992
Date de sortie DVD : 7 novembre 2018

 

 

Pierre, écrivain en panne d’inspiraton, vit une double vie : réelle d’abord, avec sa femme Mireille, et surtout imaginaire avec Karine, la femme de son meilleur ami. Réunis tous les quatre lors d’un voyage à Miami, Pierre va vivre un véritable calvaire, mêlant rêve et réalité. Mais de retour à Paris, découvrant qu’un sentiment mutuel l’unit vraiment à Karine, il peut enfin lui déclarer sa flamme…

 

 

Le film

[3,5/5]

Comme son titre peut le laisser deviner, À quoi tu penses-tu ? est un film « gigogne », s’amusant à renvoyer un miroir vers le spectateur dans une mise en abyme aussi ambitieuse que franchement inattendue au cœur d’un film français. Film dans le film dans le film, suivant les errances rêveuses d’un héros schizophrène au cœur d’un univers l’étant tout autant, le film de Didier Kaminka apparaît, avec le recul, comme à la fois très ambitieux et très en avance sur son temps. A l’image de son affiche, surréaliste, rappelant une toile de Dali (en fait, il s’agissait de la réinterprétation d’une toile célèbre de Dominique Appia), À quoi tu penses-tu ? ne cesse de surprendre, part dans tous les sens, et s’avère véritablement unique.

À quoi tu penses-tu ? est donc une vraie surprise de petite comédie française, que l’on redécouvre littéralement de nos jours, blindée de bonnes idées et de trouvailles visuelles : on pense notamment à la séquence d’ouverture, avec ses sous-titres visibles par les personnages, aux délires obsessionnels ou schizophrène du héros, plutôt bien servis par des dialogues occasionnellement très efficaces, ou encore au virage final versant dans une esthétique cyberpunk cheap ou disons, hum, « à la française »… Grand habitué du cinéma populaire, Didier Kaminka propose donc quelques très jolies séquences, poétiques, drôles ou efficaces selon les cas. Par exemple, le film de « Tim Tarmush » qui ouvre À quoi tu penses-tu ? dénote d’une certaine maîtrise dans le recyclage de l’esthétique du cinéma américain de l’époque.

Malheureusement, comme on l’a souligné à demi-mots quelques lignes au-dessus, le film ne bénéficie pas forcément d’un budget digne de ses ambitions, et lors de certains passages, il semble que le cinéaste ne maîtrise finalement que très partiellement les codes avec lesquels il jongle, ne parvenant pas à aller au bout de ses idées, ou à exploiter ses concepts à 100%, par manque de moyens ou de maestria technique. Il faut dire aussi que ce boulot d’équilibriste très en avance sur son temps n’explosera réellement que quelques années plus tard, notamment avec le cinéma de Michel Gondry et de quelques autres formalistes de génie, concentrés autour des scénarios de Charlie Kaufman, qui comportent plusieurs points communs avec l’univers créé par Kaminka dans son film de 1992.

Cette tendance au relâchement formel, plus globalement doublé d’un problème général de casting (le trio composé par Richard Anconina, Isabelle Pasco et Martin Lamotte ne constitue pas forcément ce qui se faisait de mieux dans le cinéma français des années 90), amoindrissent forcément un peu l’impact que pourraient / devraient avoir certaines séquences. Échec commercial dans les salles à sa sortie, À quoi tu penses-tu ? mérite cela dit d’être réhabilité tant il osait, tentait des choses et prenait le risque de jouer la carte de la différence au cœur d’un cinéma français un peu trop figé.

 

 

Le DVD

[4/5]

À quoi tu penses-tu ? fait donc partie de la collection « Gaumont Découverte DVD » (ex « Gaumont à la demande »), initiative de l’éditeur français de proposer toujours plus de DVD inédits, composant les masters avec les meilleurs éléments disponibles dans des éditions dénuées de suppléments mais proposées à un prix défiant toute concurrence.

Le film de Didier Kaminka est donc proposé dans des conditions globalement satisfaisantes, au format Cinémascope 2.35 respecté et Dolby Digital 2.0 mono d’origine. L’encodage ne pose pas de souci particulier : absence de remasterisation oblige, le rendu est un peu doux, mais au moins, on peut être sûr qu’il respecte la granulation d’origine. La galette est également en 16/9, et le chapitrage se fait toutes les dix minutes de film, sans prendre en considération les différentes séquences.

Tous les films de la collection « Gaumont à la demande » disposent également de sous-titres destinés aux sourds et malentendants. Bref, c’est du tout bon !

 

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