37ème Cérémonie des Césars : l’éternelle redite

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Suspens infernal autour des César 2012

De plus en plus placée sous le signe de la vulgarité gratuite qui oublie surtout d’être drôle, la Cérémonie des Césars aura cette année vu la victoire sans surprise du film « The Artist » qui récolte six récompenses. Omar (Sy) a tué ses concurrents en décrochant le trophée du meilleur acteur. Retour sur une soirée triste à mourir.

Romy Schneider dans le film de Sautet avait cette phrase sublime qui commençait par « César sera toujours César ». Difficile d’imaginer qu’il n’en soit pas de même avec  la récompense éponyme. Le grand rendez-vous de la grande famille du cinéma français, damnée en année, n’en finit pas de briller par ses itératifs gags éculés, ses myriades de remerciements plus ou moins émus, ses intervenants n’ayant rien à dire. Le cru 2012 n’a guère échappé à sa réputation. Diffusée désormais un vendredi soir comme si le samedi risquait de drainer une trop grande quantité d’amateurs de ce « jeu télévisé » (dixit Dominique Lavanant en 1988) dont tout le monde au fond se fout éperdument, elle aura cette année vu la victoire attendue d’un film certes audacieux mais surestimé.

Kad Mérad a donné le ton de l’irrésistible impression de nivellement par le bas en expérimentant la chute libre des corps (en tout cas du sien) sur un pupitre provoquant une double déflagration : celle du malheureux présentoir et celle du public parti dans d’incoercibles rires. On aura compris que le gag potache reste finalement le plus sûr moyen de décrisper ces rangées de coincés semblant s’emmerder à mourir et attendant finalement une seule chose : la prononciation de leur nom. Il faut dire que rien d’autre n’avait vraiment de quoi provoquer de grands esclaffements jusque là. La palme revenant, quelques dizaines de minutes avant la remise du césar à Polanski pour l’adaptation, à sa belle-sœur qui s’est octroyée, avec le monopole du bon goût dont on la sait affublée, le droit de juger la récompense remise à Michel Blanc. On savait depuis longtemps que le cinéma de Mathilde, c’est niais. On a vu qu’il pouvait même parfois être juste très con.

37ème Cérémonie des Césars

Lafitte-Gondry : à nul, nul et demi

Entre Michel Gondry, grotesque à défaut d’être drôle au moment de son madrigal à Kate Winslet et Laurent Laffite toujours en quête de ce qu’il peut se passer au-dessus de la ceinture, le palmarès. Voilà donc le film muet dont on espère toutefois que le revival se limitera à une seule œuvre, qui fait la nique à celui qui fut son fossoyeur il y a 80 ans. « The Artist » repart avec six récompenses, dont celle de la meilleure comédienne. Bérénice a salué son Titus Hazanavicius, sans alexandrins mais avec de vrais trémolos d’émotion dans la voix qui n’a pas hésité à dire, avant de remercier Dujardin de lui avoir donné la réplique (ben si, quand même un peu !) qu’elle la voulait, sa statuette. Elle la méritait, elle l’a eue, n’en parlons plus. Plus sobre, Carmen Maura, lauréate pour son interprétation dans « Les femmes du 6ème étage » aura apporté un peu de classe à cette soirée, de même que Michel Blanc, récompensé pour « L’exercice de l’Etat ». Omar Sy, à la surprise générale, empoche un « putain de » César du meilleur comédien. Largement surestimée, sa prestation a donc cassé Jean Dujardin qui rate le grand chelem à cause d’une bande de coincés qui ne lui pardonnent toujours pas d’avoir été showman, acteur télé mais surtout d’avoir d’explosé les box offices avec des films adulés du public.

Les Césars ont donc couru le risque de se ridiculiser face aux Oscars dans le cas où le comédien recevrait la statuette hollywoodienne. Ils ne sont pas à ça près puisqu’ils n’ont presque jamais abondé non plus dans le sens du Festival de Cannes lorsque ce dernier primait un acteur français (l’exception devant être Depardieu pour « Cyrano »). Eh oui, les Césars seront toujours les Césars. Cette cérémonie où l’autocongratulation exclut le principal acteur du cinéma français (le public), où l’on boude un film primé à très juste titre à Cannes (« Polisse »), où l’on nomme dix fois un film formidable en le laissant repartir bredouille (« La Guerre est déclarée »), où l’on n’a jamais jugé bon de récompenser un Piccoli, un Trintignant mais où l’on glorifie une Adjani à cinq reprises même pour un film où elle n’a pas un vrai rôle principal. Et si l’an prochain, on allait au cinéma au lieu de s’infliger ce mortel ennui ?

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