Étant donné sa rareté au cinéma et l’engouement que suscite chacun de ses nouveaux films auprès d’une petite communauté de fans surexcités, on pourrait considérer Frank Henenlotter comme le « Terrence Malick » du cinéma d’horreur underground. Carlotta Films l’a bien compris, puisque l’éditeur français entreprend dés le 7 septembre de réévaluer sur support Blu-ray sa riche mais très courte filmographie (seulement six longs-métrages de fiction en 35 ans) avec les quatre petits chefs d’œuvres que sont la trilogie Frère de sang (Basket Case, Basket Case 2, Basket Case 3) et Frankenhooker.
Les français peuvent d’ailleurs se réjouir, puisqu’à l’initiative de l’éditeur (du moins on le suppose) et à l’occasion de la 22ème édition de L’étrange Festival qui se déroulera du 7 au 18 septembre 2016, le maestro Henenlotter sera présent à Paris pour une programmation spéciale de quelques-uns de ses films, ainsi que le 10 septembre pour une séance de dédicaces au cœur de l’excellente boutique Metaluna Store (7 rue Dante, 75005 Paris), dans laquelle vous pourrez également croiser Bruno Terrier (Mad mutilator, Trepanator), Jean-Pierre Putters (créateur de la revue Mad Movies) ou encore Fabrice Lambot, dont les productions Metaluna font beaucoup pour le rayonnement du cinéma de genre « made in France » à travers le monde.
Basket Case (Frère de sang)
États-Unis : 1982
Titre original : Basket case
Réalisateur : Frank Henenlotter
Scénario : Frank Henenlotter
Acteurs : Kevin Van Hentenryck, Terri Susan Smith, Beverly Bonner
Éditeur : Carlotta Films
Durée : 1h32
Genre : Horreur
Date de sortie cinéma : 31 août 1983
Date de sortie DVD/BR : 7 septembre 2016
Fraîchement débarqué à New York, le jeune Duane Bradley s’installe dans un hôtel miteux de Manhattan. Il transporte avec lui un étrange panier en osier. À l’intérieur se trouve son frère Belial, difforme depuis la naissance. Ces anciens frères siamois ont été séparés de force à leurs douze ans. Depuis, Belial n’a qu’une idée en tête : se venger des médecins qui ont pratiqué l’opération…
Basket Case 2 (Frère de sang 2)
États-Unis : 1990
Titre original : Basket case 2
Réalisateur : Frank Henenlotter
Scénario : Frank Henenlotter
Acteurs : Kevin Van Hentenryck, Annie Ross, Kathryn Meisle
Éditeur : Carlotta Films
Durée : 1h30
Genre : Horreur
Date de sortie DVD/BR : 7 septembre 2016
Suite à leur accident, les frères Bradley sont reconnus coupables de leurs crimes. Malgré la surveillance accrue de la police, ils parviennent à s’échapper de l’hôpital avec l’aide de « Mamie Ruth » et de sa petite-fille Susan. Ces dernières tiennent une maison de repos bien particulière puisque leurs habitants sont tous des créatures difformes comme Belial…
Basket Case 3 (Frère de sang 3)
États-Unis : 1991
Titre original : Basket case 3
Réalisateur : Frank Henenlotter
Scénario : Frank Henenlotter, Robert Martin
Acteurs : Kevin Van Hentenryck, Annie Ross, Gil Roper
Éditeur : Carlotta Films
Durée : 1h30
Genre : Horreur
Date de sortie DVD/BR : 7 septembre 2016
Mamie Ruth décide d’emmener ses pensionnaires en vacances chez son ami le docteur Hal Rockwell. Elle compte sur lui pour aider la petite amie de Belial qui est sur le point d’accoucher. Mais la tranquillité de la maisonnée est vite troublée par la cupidité des shérifs locaux qui souhaitent empocher le million de dollars pour la capture des frères Bradley…
Grâces soient rendues à Carlotta, qui nous a permis de revoir la trilogie Frère de sang (Basket Case) dans des conditions décentes ! Si le premier film de la saga (1982) était disponible en DVD en France depuis 2007, ses deux suites demeuraient jusqu’ici toujours inédites sur galettes numériques dans l’hexagone. L’éditeur a même réussi à repêcher les versions françaises d’origine pour les deux premiers films.
Avec le recul (déjà 25 ans nous séparent du troisième opus), la saga signée Henenlotter -quasiment sous la contrainte en ce qui concerne le troisième épisode- évoque presque irrésistiblement une autre saga horrifique composée de trois films et mettant en scène des « monstres » : celle de It’s alive (Le monstre est vivant, 1974) de Larry Cohen, et de ses deux suites. Dans les deux cas, on y traite de monstres bien sûr, mais il s’agit également de sagas dont les films s’avèrent très espacés dans le temps (entre 1974 et 1987 pour les Cohen, entre 1982 et 1991 pour les Basket Case). Plus nette encore est la différence de ton entre les premiers épisodes de ces deux franchises (de l’horreur teintée d’humour noir pour le premier opus du Monstre est vivant autant que de Basket Case) et leurs suites respectives, définitivement tournées vers la comédie, voire même la franche gaudriole à l’esprit très potache.
Il faut dire également qu’entre 1982, année du premier Frère de sang (Basket Case), et 1990, année de tournage du deuxième film, le cinéma fantastique et horrifique a énormément changé. Durant la décennie 80, c’est l’explosion des « video nasties », les excès se multiplient, de même que les petites pépites déviantes. Aux États-Unis, la série B est en pleine mutation, le gore et les outrances visuelles s’affirment, Stuart Gordon, Brian Yuzna ou encore Jim Muro repoussent les limites de tout ce qui paraît « montrable » à l’écran, et multiplient les films complètement fous ; même Henenlotter s’est inscrit dans cette mouvance de films doucement chtarbés, maniant avec habileté l’horreur et la comédie dans Elmer le remue-méninges (Brain damage, 1988).
Aux effets spéciaux datés et au côté craspec et noir de Basket Case premier du nom (très similaires aux autres films produits par James Glickenhaus au début des années 80, qui donnaient une image très glauque de New York) succéderont donc deux films au budget beaucoup plus confortable, passant non seulement du 16 au 35 mm, mais bénéficiant qui plus est des très nets progrès faits en matière d’effets spéciaux visuels entre les deux films. Basket Case 2 et 3 nous proposent donc un défilé de monstres complètement fou dans une ambiance décomplexée. Et si Basket Case 2 maintient encore un peu de tension en faisant de sa maison de freaks une bombe à retardement toujours prête à l’explosion de violence, le troisième film fait quant à lui la part belle au slapstick et à l’humour de plus en plus cartoonesque en mettant en scène l’accouchement de la femme de Belial et nous proposant une intrigue bien barrée autour des douze enfants du monstre, prétexte à toutes les digressions et aux délires visuels les plus improbables (Belial en mode « Robocop » vêtu d’une armure robotisée…).
Au final, si Frère de sang (Basket Case) est sans aucun doute le plus intéressant des trois films d’un pur point de vue cinématographique, notamment grâce à son point de départ original et son humour très noir, il sera difficile pour le spectateur redécouvrant les trois films aujourd’hui de ne pas éprouver une tendresse particulière pour ses deux suites : la première pour sa manière d’hommage complètement dérangé à Freaks – La monstrueuse parade (Tod Browning, 1932), la deuxième pour son humour, le cabotinage de sa bande d’acteurs lui permettant de signer quelques séquences anthologiques. De la graine de culte !
Les Blu-ray
[4/5]
On vous l’avait annoncée en mai (lire notre article), et voici donc la deuxième salve de la « Midnight collection » de Carlotta Films. L’idée forte de cette collection est donc de faire redécouvrir une poignée de films cultes des années 80, le tout présenté dans des visuels des DVD / Blu-ray qui reprennent l’esprit des jaquettes VHS d’époque.
Carlotta nous propose donc de redécouvrir les trois films de la saga Frère de sang (Basket Case) dans des Blu-ray proposé au format 1.85 respecté et encodé en 1080p. Côté image, le premier film est celui qui a le plus souffert, et affichera une très forte granulation d’origine, due au côté très « craspec » de son tournage même ; le Blu-ray enterre cependant sans mal le DVD de 2007 : même si des taches et autres points blancs demeurent, on comprend enfin ce qu’il se passait à l’écran durant les scènes nocturnes. Le grain argentique a été scrupuleusement préservé, même s’il est naturellement un peu plus épais pendant les séquences nocturnes ou en basse lumière. Basket Case 2 et 3 semblent quant à eux avoir été beaucoup mieux préservés des outrages du temps, et si tout n’est certes pas tout à fait parfait, ils affichent un piqué, des couleurs et une netteté générale très supérieurs au premier film. Côté son, VO et VF d’origine sont proposées en DTS-HD Master Audio 1.0 ; la VF du premier film renomme Duane et Belial en Frank et Martial (!??!), tandis que le deuxième épisode revient aux noms d’origine. Seul Basket Case 3 ne propose pas de version française et devra être visionné en VOST.
Dans la section suppléments, les trois films de la saga Frère de sang (Basket Case), comme les autres films de la collection, sont simplement accompagnés de leurs bandes-annonces respectives.