FID 2016 – 3 films de Hong Sang-Soo

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HSS 3 films

Le FID 2016, qui s’est terminé en début de semaine, était l’occasion de revoir certains films de la filmographie de Hong Sang-soo. Cinéaste prolifique – 17 longs-métrages en 20 ans de carrière, le réalisateur donne au cinéma coréen une image différente de celle dont on peut être habitué. Pas de violence graphique, de crimes ou de mise-en-scène (génialement) grandiloquente, contrairement à ses compatriotes les mieux exportés en France – Park Chan Wook ou Kim Jee-woon par exemple. Ici tout est question de relations humaines, de filmer l’intime. Voici donc trois courtes critiques d’un cinéaste que j’ai découvert à l’occasion de festival estival.


Le pouvoir de la province de Kangwon

Corée du sud, 1998
Titre original : –
Réalisateur : Hong Sang-soo
Scénario : Hong Sang-soo
Acteurs : Baek Jong-hak, Kim Yoosuk, Younhong Oh
Distribution : ASC Distribution
Durée : 1h56
Genre : Comédie dramatique
Date de sortie (FR) : 26 février 2003

2,5/5

En compétition Un certain regard à Cannes en 1998, le second film de Hong Sang-Soo est des trois que j’ai vu celui qui m’a le moins emporté. Il y est question de deux personnes, une étudiante et un professeur, qui voyagent chacune de leur côté afin d’oublier leur rupture. C’est en tout cas ce que l’on peut lire en lisant le synopsis du film ; dans le fait la structure du film laisse une partie de ses spectateurs pantois. Le film n’est en effet pas linéaire, et il est difficile de s’y retrouver parmi ses personnages. Si Hong Sang-soo refuse toute scène d’exposition – ce qui est loin d’être un défaut ! – les dialogues se révèlent parfois trop cryptiques pour tout comprendre. Quant à certaines scènes qui se ressemblent (le film est scindé en deux parties distinctes), elles ne font que renforcer l’incompréhension. Il semble judicieux d’aborder l’esthétique du film : le grain épais et surtout les défauts volontaires (saletés et rayures sur la pellicule, micros qui entrent plus ou moins discrètement dans le champ …) renforcent cette impression de film fait dans la précipitation. C’est d’ailleurs sûrement le but du réalisateur : nous perdre dans la campagne coréenne en compagnie des protagonistes du long-métrage. Il en ressort une impression d’improvisation, de film tourné au jour le jour, comme le faisaient les plus grandes figures de la nouvelle vague à leur époque, ou comme dans l’excellent Au fil du temps (1975) de Wim Wenders. Pour autant jamais le film ne m’a vraiment emporté dans son aventure …


In another country

Corée du sud, 2012
Titre original : –
Réalisateur : Hong Sang-soo
Scénario : Hong Sang-soo
Acteurs : Isabelle Huppert, Yu Junsang, Yumi Jung
Distribution : Les Acacias
Durée : 1h29
Genre : Comédie dramatique
Date de sortie : 12 octobre 2012

3,5/5

Une jeune coréenne décide de s’inspirer d’une réalisatrice rencontrée récemment pour écrire un court-métrage. Nous voilà plongés dans le cerveau de cette apprentie-cinéaste, et nous voilà servies trois histoires différentes avec les mêmes acteurs et dans les mêmes lieux. Isabelle Huppert incarne ainsi trois femmes, trois françaises quelque peu perdues – dans leurs sentiments mais aussi dans la ville coréenne. Si le dispositif de raconter trois histoire différentes peut parfois faire penser à trois courts-métrages déclinés en trois versions et étalés sur 30min chacun, l’humour grinçant et l’énergie des acteurs nous font oublier ce détail. Car si le dépaysement est bien là pour quiconque n’est pas habitué aux petites villes coréennes, et il faut dire qu’Isabelle Huppert y est pour beaucoup dans l’appréciation du long-métrage. En plus de son talent – on s’y habitue vite !, le fait qu’elle soit française nous permet d’éprouver encore plus d’empathie pour elle. Là où Le pouvoir de la province de Kangwon, deuxième film du cinéaste, paraissait encore maladroit, ici Hong Sang-soo maîtrise totalement son sujet et ses acteurs. On peut aussi apprécier son style esthétique, des longs plans fixes parfois accompagnés de brusques zoom, que j’évoque ci-après.


Haewon et les hommes

Haewon afficheCorée du sud, 2013
Titre original : –
Réalisateur : Hong Sang-soo
Scénario : Hong Sang-soo
Acteurs : Jeong Eun-Chae, Lee Seon-gyoon, Ye Ji-won
Distribution : Les Acacias
Durée : 1h30
Genre : Comédie dramatique
Date de sortie : 16 octobre 2013

3,5/5

Haewon est une étudiante coréenne, qui décide de rompre avec un de ses professeurs, un ancien réalisateur, avec qui elle a une liaison depuis plus d’un an. Même en n’ayant vu que trois films de Hong Sang-soo, on retrouve des thèmes et des situations qui semblent chères au réalisateur – ce qui semble être confirmé lorsqu’on ne regarde ne serait-ce que le synopsis de ses autres œuvres. Au cœur du film, et apparemment au cœur de son cinéma, se logent ainsi les relations (amoureuses en particulier) entre les protagonistes. Il est d’ailleurs amusant de noter qu’un des personnages principaux est souvent un réalisateur, plus ou moins confirmé, comme si cela permettait au cinéaste d’encore plus se « confier » aux spectateurs. Haewon et les hommes ne déroge pas à la règle, et l’héroïne nous plonge le temps d’un court film dans sa mélancolie. Les interactions entre les différents personnages sont écrites avec une grande justesse : les dialogues ne paraissent ainsi jamais trop écrits, toujours naturels. Hong Sang-soo n’opte cependant pas – ici comme dans ses autres films, ceux que j’ai vu tout du moins – pour approche « cinéma-vérité », car il installe une atmosphère particulière, cinématographique, par la mise-en-scène. Le tout rehaussé par la 7eme symphonie de Beethoven, qu’elle soit jouée par un orchestre ou remixée au synthé et écoutée sur cassette audio …  On a ainsi encore droit aux plans fixes et aux changements de focales pour tout mouvement. En décidant de poser sa caméra pour de longs plans, Hong Sang-soo permet à ses personnages de se déplacer dans le cadre, ou de se poser autour d’une table bien remplie. Si les plans fixes donnent parfois une impression de « froideur » vis-à-vis des protagonistes, ici le procédé ne fait que renforcer l’attention que porte le réalisateur à ses acteurs, à ses personnages. Et il semble beaucoup les apprécier !

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