Critique : Dallas Buyers Club

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dàDallas Buyers Club

États-Unis : 2013
Titre original : Dallas Buyer Club
Réalisateur : Jean-Marc Vallée
Scénario : Craig Borten, Melisa Wallack
Acteurs : Matthew McConaughey, Jared Leto, Jennifer Garner
Distribution : UGC Distribution
Durée : 1h57
Genre : Biopic, Drame
Date de sortie : 29 Janvier 2014

Note : 4,5/5

À quelques semaines de la cérémonie des Oscars 2014, les paris sont ouverts et Dallas Buyer Club semble déjà bien lancé dans la course aux statuettes dorées. Nominé entre autre dans la catégorie du meilleur acteur, Matthew McConaughey s’est lancé dans une aventure détonante et complexe. Alors, la frénésie mondiale est-elle justifiée ?

Synopsis : Tocard cocaïnomane, Ron Woodrof est un homme de vices dont la vie n’est qu’une succession d’excès en tout genre. Sniffeur invétéré et Don Juan borderline, son existence bascule le jour où les médecins lui annoncent qu’il est séropositif et qu’il lui reste 30 jours à vivre. Après une période d’abattement et de résignation, Ron décide de tout faire pour sauver sa peau. Il doit alors affronter le puissant lobby américain de la FDA, qui vend les mérites d’un soi-disant antidote. 

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Les confessions d’un battant du siècle

Chevauchant le rodéo comme il chevauche l’existence, Ron Woodrof est un personnage atypique. Avec sa démarche de cow-boy et son accent très middle-west, le héros s’impose comme le cliché grotesque de l’Américain standard. Standard ? Rien n’est moins sur, puisque le film s’attache à rendre hommage au destin extraordinaire d’un homme ordinaire. Comme l’exposent rapidement les séquences, Ron aurait pu aimer dans une vie sans relief, mais la lutte lui murmurait déjà son nom. De coups durs en bagarres, l’action avance au gré des tumultes et des doutes, délivrant un message universel de bravoure. Pourtant, le personnage paraît bien souvent antipathique. Tour à tour misogyne et violent, il s’enorgueillit bien souvent de ses insultes homophobes. Tout aurait pu se figer ainsi, mais le réalisateur en avait décidé autrement. Grâce à de solides dialogues, les personnages dévoilent le portrait acerbe de l’Amérique des 80’s, engluée dans les préjugés sur le SIDA qui condamnent les séropositifs à l’exclusion. Marionnette indigne d’un état coupable, Ron comprend bien vite l’importance de la lutte. Le film sait tirer les leçons de ce souffle d’indépendance, en offrant au passage une belle leçon sur la Démocratie et la liberté d’expression. Jamais repenti et toujours inventif, la constance du héros force l’admiration. Optimiste, résigné, excessif et passionné, les différents atouts du personnages sont autant de défauts avec lesquels le réalisateur bouscule les conventions. Non sans une certaine ironie, il donne naissance à des répliques cultes. À la fin de ce prodigieux voyage, les assauts contre le corps médical asservi par les puissants lobbies pharmaceutiques, se transforment en combat pour la vie. L’occasion pour le film de rendre justice aux malades, bien trop souvent considérés comme des cadavres mobiles.

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Les vertiges du talent

Dallas Buyer Club raconte également la rencontre improbable de deux personnages excentriques avec d’un côté le macho Ron, et de l’autre le transsexuel Rayon. Bien loin de donner dans la guimauve superflue, l’amitié entre les deux hommes se fonde avant tout sur le respect mutuel de leurs différences. Ce profond attachement qui lie progressivement les protagonistes ajoute au combat une dimension universelle, digne d’un film de Gus Van Sant. Cerise sur le gâteau, les deux acteurs transpercent l’écran et forment un duo hors du commun. Incroyable, prodigieux, Matthew McConaughy est enfin sorti du cadre parfois complaisant des comédies, pour offrir une surprenante prestation à la hauteur de sa métamorphose. Méconnaissable dans le rôle de Ron, il restera à coup sûr inoubliable. Pour lui donner la réplique, Jared Leto est transfiguré dans le rôle difficile de Rayon. Dans la lignée d’un personnage d’Almodovar, il manie la satire autant que la bonté, avec une aisance remarquable. La réunion fortuite de deux acteurs au sommet de leur maturité, confirme la grandeur de Dallas Buyer Club, un film qui on l’espère, fera la fierté des Oscars.

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Résumé

Intelligemment réalisé, Dallas Buyer Club est un film remarquable et saisissant. Tiré d’une histoire vraie, il a le mérite de trouver l’équilibre parfait entre le rire et les larmes et d’offrir une satire féroce de l’Amérique contemporaine. 

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