Critique : Nocturnal Animals

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Nocturnal Animals

Etats-Unis, 2016
Titre original : –
Réalisateur : Tom Ford
Scénario : Tom Ford, d’après l’oeuvre d’Austin Wright
Acteurs : Amy Adams, Jake Gyllenhaal, Michael Shannon, Aaron Taylor-Johnson
Distribution : Universal Pictures International France
Durée : 1h56
Genre : Drame / thriller
Date de sortie : 4 janvier 2017

4/5

Soyons direct : le nouveau film de Tom Ford est une réussite, au niveau de sa mise en scène, de sa photographie, de ses interprètes et de ses dialogues. On ne peut qu’être transporté et touché par cette œuvre qui tape là où ça fait mal. Si l’on peut reprocher au réalisateur d’être quelques fois trop vague sur le message qu’il désire faire passer, l’on est forcé de se sentir concerné. Car nous avons tous vécu des relations qui se sont terminées abruptement, tous voulu éviter de ressembler à nos parents sans y parvenir et surtout tous mal interprété les signaux de notre partenaire, un jour ou l’autre.

Synopsis : Susan, une galeriste, souffre d’insomnie. Son mariage prend l’eau et elle travaille sans aucune passion. Un jour, son ex-mari (Edward) lui envoie le premier jet de son nouveau livre. Elle va alors se plonger dedans et revivre en parallèle sa relation avec l’homme qu’elle aimait. Deux histoires en parallèle…

Le film se scinde donc en deux histoires différentes. D’un côté la vie de Susan (Amy Adams) qui se remémore sa relation avec Edward (Jake Gyllenhaal) et qui se met à douter de ses choix. De l’autre, l’histoire du livre en question (appelé « Nocturnal Animals » car c’est le petit nom qu’Edward donnait à sa femme) qui dépeint la quête de justice d’un homme détruit par la perte de sa femme et de sa fille. Cette mise en abîme va donc permettre d’avoir deux types de films pour le prix d’un. Un drame sentimental avec la vie de Susan et un thriller avec le livre. Tom Ford soigne d’ailleurs les transitions entre le réel et la fiction avec une précision d’horloger. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si le réalisateur est également scénariste.

Le beau

Les thèmes qui vont pouvoir être traités par Tom Ford sont multiples. On nous montre dès les premiers instants du film des femmes excessivement grosses qui dansent nues. Le culte du beau est attaqué avec beaucoup de cynisme à travers la vie de Susan. Les œuvres en tout genre très «bobo» sont là pour nous montrer le milieu sans originalité et aseptisé dans lequel vit maintenant Susan après s’être séparée d’un mari qu’elle trouvait trop faible et en qui elle ne croyait pas. Cette femme qui s’était promise de ne jamais ressembler à sa mère, se retrouve dans une vie qu’elle n’a jamais voulu et tout cela à cause de l’attrait du beau (un bellâtre qui la trompera, joué par Arnie Hammer), de la facilité (l’argent que possède le bellâtre en question). La lecture du livre de son ex-mari va la réveiller (paradoxal, vu qu’elle ne dort jamais) et lui permettre une remise en question, mais est-ce trop tard ?

 

 

La relation

Le livre d’Edward prend le rôle d’une catharsis. L’on sent qu’il a dû coucher sur papier tout son ressenti sur sa relation avec Susan. Ainsi, on assiste à un jeu de reflets entre le livre et la relation des deux protagonistes. Certains éléments sont repris et se mélangent. En témoigne, cette scène où le meurtrier de la famille de Tony lui hurle qu’il est trop faible. Le thriller qui prend forme sous nos yeux parle avant tout de la vengeance qui dévore un homme, aidé par un policier toussotant (magnifique Michael Shannon). Mais cette vengeance lui apportera-t-elle le repos recherché ?

Les discussions

C’est donc au moyen d’une mise en scène et d’un montage particulièrement travaillés (l’on suit les deux histoires sans se perdre en route) que le réalisateur nous attrape et nous fait réfléchir. Les actrices et acteurs sont tous justes dans leur jeu. Mention spéciale à Aaron Taylor-Johnson qui s’en sort parfaitement bien en violeur puant. Mais l’aspect le plus puissant du film réside dans ses dialogues que les personnages s’envoient avec passion. Ils nous restent en tête et viennent nous hanter durant les longues nuits où le sommeil refuse de passer, des longues nuits où nous nous transformons en animaux nocturnes.

Conclusion

Nocturnal Animals est une œuvre coup de poing qui pourra peut-être laisser sur le carreau les personnes qui aiment les films prémâchés mais qui parlera à toutes les autres qui aiment se remettre en question…

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