Critique : Avant la fin de l’été

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Avant la fin de l’été

France, Suisse : 2017
Titre original : –
Réalisation : Maryam Goormaghtigh
Scénario : –
Acteurs : Arash, Hossein, Ashkan, Charlotte, Michèle
Distribution : Shellac
Durée : 1h20
Genre : Comédie, documentaire
Date de sortie : 12 juillet 2017

3/5

Née à Genève il y a 35 ans, Maryam Goormaghtigh a vu Avant la fin de l’été, son premier long métrage, faire l’ouverture de la sélection ACID lors du dernier Festival de Cannes. Naturalisée suisse, d’origine franco-belge par son père et iranienne par sa mère, Maryam Goormaghtigh s’était jusqu’à présent fait connaître par plusieurs documentaires dont le format approchait parfois les fatidiques 60 minutes, durée à partir de laquelle on entre dans le monde du long métrage, tout en collaborant à Cut Up, la revue documentaire d’Arte.

Synopsis : Après 5 ans d’études à Paris, Arash ne s’est pas fait à la vie française et a décidé de rentrer en Iran. Espérant le faire changer d’avis, ses deux amis l’entraînent dans un dernier voyage à travers la France.

Comment l’inciter à rester ?

Que faire lorsqu’un de vos amis, iranien comme vous, vivant comme vous en France depuis plusieurs années, semble décidé à rentrer au pays ? C’est la question que se posent Hossein et Ashkan lorsque Arash leur fait part de son mal du pays et de son prochain départ vers Téhéran. Que faire pour le retenir ? L’emmener dans un voyage d’une semaine vers le sud de la France, vers des paysages qui ressemblent un peu à ceux de leur pays d’origine, voilà peut-être une bonne solution. D’autant plus qu’il n’est pas exclu que la chance s’en mêle en lui faisant rencontrer une amoureuse dont le charme pourrait l’inciter à ne pas partir, à rester auprès d’elle.

Voilà donc nos 3 trentenaires partis sur les routes de l’hexagone, s’arrêtant le soir pour camper, prenant le temps de s’allonger dans l’herbe ou sur le sable d’une plage, s’arrêtant pour contempler la parade de chars d’une fête villageoise, prenant en stop deux jeunes « rockeuses » et, surtout, conversant sur un peu tous les sujets, l’Iran, la France, les filles et la drague. Comme le dit Hossein, il serait plus heureux en Iran mais il préfère la personne qu’il est devenu en France. L’Iran, ils l’ont quitté à cause des mollahs, à cause du service militaire qu’ils voulaient éviter à tout prix, même si l’obésité d’Arash lui permet, de toute façon, d’en être exempté. C’est leur pays de cœur, mais la vie n’y est pas facile. La France, c’est le pays que la raison a imposé à Hossein et Ashkan mais qui, sans doute, n’en a pas fait assez pour retenir Arash, quand bien même il arrive à admettre que « Ce qui va le plus lui manquer, c’est d’acheter de l’alcool chez Carrefour ». Quant aux filles et à la drague, cela donne entre autre, dans ce film tout aussi iranien que français, une scène mémorable au cours de laquelle le trio présente aux deux « rockeuses » les différentes façons de porter le voile islamique selon les époques et l’âge des femmes.

Ni documentaire, ni fiction ou documentaire ET fiction ?

Documentaire ? Fiction ? La vérité, c’est que Avant la fin de l’été refuse avec obstination de rentrer dans une case ! Sauf une, peut-être : la liberté. En fait, il y a 4 ans, Maryam Goormaghtigh a ressenti l’envie de tisser des liens avec une partie de ses origines, la partie iranienne, celle qui lui vient de sa mère. Cela passait, bien sûr, par l’apprentissage du persan, une langue qu’on ne lui avait pas transmise. C’est alors que le hasard l’a mise en contact avec Hossein, Ashkan et Arash, un trio d’iraniens pratiquant entre eux la langue de leur pays. Elle s’est mise rapidement à filmer leurs conversations, sans but précis, sans trop savoir où cela la mènerait. C’est lorsque Arash a fait part de son désir de retourner en Iran qu’elle a vu la possibilité de bâtir un film autour de ce trio, un film qui parlerait de l’exil, de l’amitié, un film qui reprendrait, autrement, tout ce qui avait enrichi les conversations de ces mois passés avec eux. Un film dans lequel les dialogues seraient improvisés, mais qui serait basé sur des situations le plus souvent initiées par la réalisatrice. C’est ainsi que la rencontre avec les deux « rockeuses » ne doit rien au hasard : elle a été organisée par Maryam Goormaghtigh, qui souhaitait confronter Arash au contact de deux jeunes françaises, sans savoir à l’avance, bien sûr, ce qui allait arriver.


Elle a tout pris en charge

C’est dans un vieil Espace acheté à un habitant de … Persan (ça ne s’invente pas !) que le quatuor a quitté Paris pendant deux semaines et demi, les trois iraniens se relayant pour conduire. Dans le véhicule, du matériel de camping et une caméra. Pas question, par contre, de se faire accompagner d’une équipe de techniciens ! C’est Maryam Goormaghtigh qui a tout pris en charge : images, son.

Dans ce cinéma actuel dans lequel la frontière entre documentaire et fiction devient de plus en plus floue, il parait difficile de placer Maryam Goormaghtigh dans une famille bien précise de réalisateurs. Cela n’a d’ailleurs pas beaucoup d’intérêt ! On se contentera donc de dire que toutes celles et tous ceux qui aiment le cinéma de Jacques Rozier trouveront certainement leur compte avec Avant la fin de l’été.


Conclusion

C’est un film très libre que propose Maryam Goormaghtigh, un film dans lequel se côtoient la mélancolie engendrée par l’exil et le sens de l’humour de 3 jeunes iraniens, dans lequel se mélangent des situations tendres et des situations loufoques, dans lequel la gravité voisine avec la légèreté, un film qui observe la France tout en nous parlant de l’Iran, qui, la nuit, regarde la lune au milieu de la voute céleste et qui, le jour, se chauffe au soleil d’une fin d’été dans le sud. On n’ira pas jusqu’à parler de grand film à propos de Avant la fin de l’été, on préférera affirmer que c’est un film éminemment sympathique !

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