Critique : A second chance (pour)

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En Chance Til/A Seccond Chance Andreas/Nikolaj Coster-Waldau & Anne/Marie Bonnevie Directed by Susanne Bier Zentropa Productions Photo Credit:Rolf Konow

a second chance affiche A second chance

Danemark : 2014
Titre original : En chance til
Réalisateur : Susanne Bier
Scénario : Anders Thomas Jensen
Acteurs :  Nikolaj Coster-Waldau, Maria Bonnevie, Ulrich Thomsen
Distribution : KMBO
Durée : 1h42
Genre : Drame, Thriller
Date de sortie : 13 janvier 2016

4/5

Récompensée, entre autres, par l’Oscar 2011 du meilleur film en langue étrangère avec Revenge, la réalisatrice danoise Susanne Bier avait commencé à acquérir une notoriété internationale en 2004 avec Brothers, sorti en France 2 ans plus tard. After the wedding, Revenge, Love is all you need n’ont fait que renforcer cette notoriété. En 2007, Nos souvenirs brulés avait vu Susanne Bier réussir dans une première tentative de film US alors que Serena, son deuxième film US, 7 ans plus tard, n’avait réussi à convaincre ni la critique, ni le public. Avec A second chance, la revoici filmant dans son pays d’origine et plongeant de nouveau à bras le corps dans un thème totalement en phase avec ce qui constitue sa marque de fabrique : les relations qui tournent autour de la cellule familiale.

 

Synopsis : Andreas est un jeune inspecteur prometteur qui gère, en plus de son travail, les crises et déboires de Simon, son coéquipier récemment divorcé. Quand il rentre de son service, il a le bonheur de retrouver sa femme et leur nouveau-né. Un matin, Andreas et Simon sont appelés pour une violente dispute chez un couple de junkies. Ils découvrent sur place un nourrisson laissé pour compte, caché dans un placard. Par identification avec son propre enfant, Andreas est en état de choc. Il retourne plus tard chez lui perturbé par cette intervention. En pleine nuit les cris de sa femme le réveillent. Face à l’impensable, Andreas va prendre une décision au-delà de toute raison.

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La situation de départ

Andreas et Simon sont deux flics qui travaillent ensemble. Ce sont aussi deux amis en dehors du travail. Andreas est marié avec Anna et, quand il rentre chez lui, il s’efforce de relayer sa femme pour essayer de calmer Alexander, leur fils, un bébé qui ne cesse guère de pleurer. Quant à Simon, il vient d’être largué par sa femme qui l’a quitté pour un maître-nageur et, figurez vous, il le vit très, très mal. Un jour, dans le cadre de leur travail, Andreas et Simon sont amenés à débarquer chez Tristan et Sanne, chez qui ils trouvent, plus ou moins caché dans un placard, un bébé dont, manifestement, le couple s’occupe très peu, voire pas du tout. Tristan, qui trempe dans la drogue autant comme utilisateur que comme dealer, vient de sortir de prison et Andreas le connaît bien : c’était déjà lui qui l’avait arrêté la dernière fois. Et alors, que va-t-il se passer ? Nous n’irons pas plus loin car, avec ses rebondissements surprenants et passionnants, A second chance fait partie de ces films dont on ne peut dévoiler que le tout début de l’intrigue sauf à vouloir priver les spectateurs du plaisir de la découverte.

 

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Un vœu parfaitement respecté

Susanne Bier a un thème de prédilection, la famille. Bien évidemment, les familles chez qui il ne se passe pas grand chose de spécial ne l’intéressent guère. Non, ce qu’elle aime, c’est trifouiller dans la famille à problème, la famille chez qui se posent des problèmes de cas de conscience ou liés à la morale et, ça, elle le fait de façon remarquable. Réalisatrice danoise de 55 ans, elle a connu la période du Dogme95, ce mouvement cher à Lars Van Trier et à Thomas Vinterberg, et son film Open Hearts, sorti en 2002, porte le numéro 28 sur la liste officielle de ce mouvement. Dans les films qu’elle a tournés depuis, Susanne Bier a su conserver tout ce qu’il y avait de bon dans le mouvement et jeter aux orties tout le reste, c’est-à-dire, principalement, le … dogmatisme. En fait, elle a surtout retenu un court paragraphe des vœux de chasteté auxquels s’engageaient les réalisateurs dans le cadre du Dogme95 : « Mon but suprême est faire sortir la vérité de mes personnages et de mes scènes ». C’est du respect de ce vœu que provient la maîtrise dont Susanne Bier fait preuve dans les scènes qui regorgent de non-dits, de ressentiments trop souvent enfouis et qui, soudain, explosent d’une façon ou d’une autre. Dans A second chance, palpitant mélange de thriller et de drames familiaux, liés ici à la maltraitance infantile, toutes ces qualités s’expriment une fois de plus et font de ce film une des œuvres majeures de ce début d’année.

A Second Chance (En Chance Til)

Petit pays qui regorge de bons comédiens

Petit pays par la taille et le nombre d’habitants, le Danemark est, depuis longtemps, un grand pays du cinéma et il regorge d’excellents comédiens qui, très souvent, effectuent une partie de leur carrière à l’étranger, que ce soit en Grande-Bretagne ou aux Etats-Unis, voire en France (Cf. Sidse Babett Knudsen dans L’Hermine). C’est ainsi que dans A second chance, celui qui interprète le rôle d’Andreas, Nikolaj Coster-Waldau, est bien connu des fans de Game of Thrones, série dans laquelle il interprète celui de Jaime Lannister. Ulrich Thomsen, qui joue le rôle de Simon, lui, c’est dans la série Banshee qu’il apparaît, interprétant le rôle de Kai Proctor. Mais c’est aussi un acteur auquel Susanne Bier a très souvent fait appel, de même que Nikolaj Lie Kaas dans le rôle de l’inquiétant Tristan. Maria Bonnevie, qui joue Anna, la femme d’Andreas, est une actrice norvegeo-suédoise qu’on a appréciée dans Le Bannissement d’Andrey Zvyagintsev ainsi que dans Dina de Ole Borneval.  Quant à Lykke May Andersen (Sanne), elle est mannequin de profession, et A second chance est son premier film. Concernant la musique, on notera qu’il n’a pas été fait appel à l’œuvre d’Arvo Pärt, ce qui est plutôt rare par les temps qui courent. Toutefois, cette musique, écrite par le suédois Johan Söderqvist, auquel Susanne Bier a fait appel une fois de plus, n’est pas sans rappeler, par moment,  celle du compositeur estonien.

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Conclusion

Cela fait plus de dix ans que la réalisatrice danoise Susanne Bier creuse son sillon en s’intéressant de façon presque exclusive, film après film, au thème des relations familiales. Plein de rebondissements inattendus, passionnant du début à la fin, A second chance apporte une nouvelle preuve de son talent, un talent qui en fait une réalisatrice majeure de notre époque. 

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