Zarafa

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Zarafa de Rémi Bezançon, Jean-Christophe Lie

L'affiche de Zarafa de Rémi Bezançon, Jean-Christophe Lie Zarafa

France : 2011
Titre original : Zarafa
Réalisateur : Rémi Bezançon, Jean-Christophe Lie
Scénario : Rémi Bezançon, Alexander Abela
Acteurs : Thierry Frémont, Simon Abkarian, Ronit Elkabetz
Distribution : Pathé Distribution Paris
Durée : 1h18
Genre : Animation
Date de sortie : 8 février 2012

Globale : [rating:2.5][five-star-rating]

Tirée d’une histoire vraie, Zarafa nous conte l’histoire de la première girafe française, offerte au roi Charles X par le Pacha d’Égypte au début du XIXe siècle. Coréalisé par Rémi Bezançon (Le premier jour du reste de ta vie) et Jean Christophe Lie (L’homme à la Gordini), les réalisateurs proposent de revisiter cette aventure en développant une sorte de conte-road movie épique.

Synopsis : Sous un baobab, un vieil homme raconte aux enfants qui l’entourent une histoire : celle de l’amitié indéfectible entre Maki, un enfant de dix ans, et Zarafa, une girafe orpheline, cadeau du Pacha d’Égypte au Roi de France Charles X. Hassan, prince du désert, est chargé par le Pacha de conduire Zarafa jusqu’en France mais Maki, bien décidé à tout faire pour contrarier cette mission et ramener la girafe sur sa terre natale, va les suivre au péril de sa vie. Au cours de ce long périple qui les mènera du Soudan à Paris, en passant par Alexandrie, Marseille et les Alpes enneigées, ils vont vivre mille péripéties et croiser la route de l’aéronaute Malaterre, des étranges vaches Mounh et Sounh et de la pirate Bouboulina…

Zarafa de Rémi Bezançon, Jean-Christophe Lie

Une aventure pas si extraordinaire

L’histoire de base est originale : un garçon se prend d’affection pour une girafe et la suit jusqu’au bout du monde, celle-ci étant destinée à être la première girafe de France. Une aventure pleine de promesses, mettant en avant la liberté de chacun. Le personnage du conteur permet de plonger le spectateur dans une position d’écoute de manière simple et concrète, tout en insistant sur l’identité du conte et de la tradition orale.

Mais dès le départ, le récit manque de liaisons entre les différentes péripéties, la structure apparait grossièrement construite autour d’une multitude de blocs narratifs difficilement emboitables. Le voyage en montgolfière est une excellente idée, qui aurait pu permettre de rendre ce périple fabuleux. Cependant, celui-ci est complètement sous exploité et sa présence narrative est à peine justifiée. On passe trop vite d’un décor à un autre.

Quant à l’histoire, celle-ci est traitée de manière ultra basique, regorgeant de clichés (les Africains qui rentrent au pays vivre dans des cases et qui font plein d’enfants, le « pas cher, pas cher » d’un marchand dans le désert…) et rien n’est épargné au spectateur (notamment le retour miraculeux d’Hassan et sa future vie heureuse en Grèce). Parfois, cela frôle même le ridicule, notamment quand la mutique Zarafa (normal, c’est une girafe) se met à parler par télépathie ( ??????) !!!!!

Les réalisateurs, pétris de bonnes intentions, n’ont pas réussi à exploiter à fond leur matériel créatif pour simplement le survoler.

Zarafa de Rémi Bezançon, Jean-Christophe Lie

Des personnages grossièrement définis

Malgré une palette de personnages variés, ceux-ci manquent cruellement de profondeur et de caractérisation, ne permettant pas de susciter de l’empathie, même pour Maki ou Zarafa. Le trait tend facilement vers la caricature, des protagonistes (Hassan, Bouboulina) à la représentation de la culture africaine. Moreno, le marchand d’esclaves, est simplement bête et méchant. Son attitude ne figure que comme un obstacle parmi tant d’autres et les réalisateurs se sont sentis obligés de justifier son comportement : il est méchant parce que sa femme le martyrise… Parfois, les personnages font des choix sans aucun sens, simplement là pour le Happy Ending et c’est bien dommage.

Ces caractères stéréotypés nous renvoient vers des thèmes faciles (l’amitié, la promesse) et d’autres moins (la religion, l’esclavagisme), malheureusement survolés ou abordés de manière maladroite. Le film repose en grande partie sur la relation protecteur-protégé (père-fils, enfant-girafe), favorisant tout de même une vraie rencontre entre les personnages ; alors que les autres semblent simplement dessinés les uns à côté des autres, diminuant l’émotion qui pourrait émaner du récit.

Zarafa de Rémi Bezançon, Jean-Christophe Lie

Mais une qualité visuelle indéniable

Heureusement, le film se sauve par la qualité technique et esthétique du dessin. On savoure de voir évoluer ces personnages dessinés, un peu vibrés et réalistes, se mouvoir dans des paysages magnifiques, de l’Afrique jusqu’à Paris. On aurait aimé être encore plus émerveillé, le voyage en ballon étant une belle excuse pour découvrir toujours plus d’horizons divers et variés.

De nombreuses écoles françaises d’animation ont travaillé sur le projet, mais également des sociétés partout dans le monde… Les réalisateurs ont puisé leurs références chez Disney et Miyazaki, mais également chez Michel Ocelot et Sylvain Chomet (Les Triplettes de Belleville). Grâce à des films comme Zarafa, Le Tableau ou encore Les contes de la nuit, on se rend bien compte que le dessin animé traditionnel n’est pas mort, malheureusement (ou au contraire, bienheureusement) pour le cinéma en relief.

Résumé

Une histoire originale, mais mal exploitée, des personnages classiques sans relief, des décors comme une invitation supplémentaire au voyage… Zarafa, c’est un peu tout ça, du bon et du moins bon. Dommage, on est encore loin de la qualité d’un Kirikou ou du Tableau.

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