Attendu après la Palme d’Or, Tree of Life, Terrence Malick explore l’Amour dans son dernier film, To The Wonder, en compétition à la Mostra de Venise.
Présente à la 69ème Mostra de Venise, To The Wonder est avec le film de Paul Thomas Anderson (The Master, dont les avis sont dithyrambiques) à la fois un grand favori et un film très attendu, alors que finalement on sait très peu de choses dessus. Mais comme Tree of Life, exploration ésotérique sur le pourquoi de la vie, entre religion et théorie de l’évolution malickienne, c’est la communication autour du film qui a fait l’essentiel. Un vague synopsis, une seule et unique image (présentant les deux acteurs principaux Ben Affleck et Rachel McAdams) et une flopée d’informations diverses, des traditionnels acteurs coupés au montage par l’exigeant Terrence Malick à la composition du personnage quasi muet qu’interprétera Ben Affleck. Tout est fait pour susciter l’attente. On se souvient que sur Tree of Life, certains sites n’avaient pas hésité à crier au chef-d’œuvre avec seulement deux minutes de bande-annonce, livrant sur ces quelques images une critique aussi longue que le film lui-même.
Pour ce sixième long métrage, Terrence Malick remplace la thématique un poil trop large pour lui de la Vie, par celle de l’Amour. Pour Thomas Baurez (Studio Ciné Live), « entre élégie, lyrisme et philosophie pour les Nuls, Malick flotte à nouveau dans un espace décidément trop grand pour lui ». To The Wonder ne sera donc pas moins ambitieux que son prédécesseur, ce que confirme Vodkaster par la voix de Hugues Derolez, soulignant que « To The Wonder est une cathédrale de papier prête à s’embraser à tout instant dans un grand feu de joie. Pour ne devenir que cendres ». Voilà de quoi expliquer la réception du film, hué lors de la première projection presse du matin. Terrence Malick diviserait toujours plus.
Voyons du côté des médias étrangers si la discorde est aussi présente. The Playlist semble déjà en avoir conscience tout en avouant une « œuvre brute, belle et sincère ». La critique souligne également que le film se passe dans le présent actuel, « ce qui offre une vitalité manquant aux précédents films ». La très influente Nikki Finke (Deadline) s’avoue dérangée par l’absence de texte pour Ben Affleck, personnage le plus présent à l’écran. Néanmoins, si elle comprend la division que provoquera le film, elle affirme que To The Wonder contient une véritable histoire et des vrais personnages travaillés. Pour The Hollywood Reporter, c’est la musique et l’usage de la voix-off qui sont une nouvelle fois la pierre angulaire du film. Le critique croit savoir que ces deux éléments n’arrivent jamais « à s’affirmer d’une manière utile au cours du visionnage d’un film qui semble drainé par la vie et des idées plutôt que d’être soutenu par eux ».
Sur Twitter, les avis se bousculent également. John Bleasdale s’avoue « très déçu par le film. Malick fait du mélodrame et signe son pire film ». Un avis qui rejoint celui de Damon Wise : « Dieu qu’il est ennuyeux » ou encore Adam Woodward qui taxe le film de « sirupeux et symphonique ». Face à eux, rares sont les avis absolument positifs. Ainsi Xan Brooks évoque un film « magnifique, rejeton rampant de Tree of Life. »
A l’inverse de Tree of Life disponible en salles dès sa projection cannoise, To The Wonder n’a toujours pas de distributeur, et donc aucune sortie en France de prévue.