Turn me on

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Turn me on de Jannicke Systad Jacobsen

Turn me on de Jannicke Systad JacobsenTurn me on

Norvège : 2011
Titre original : Famegpa forfaen
Réalisateur : Jannicke Systad Jacobsen
Scénario : Jannicke Systad Jacobsen
Acteurs : Helene Bergsholm, Malin Bjørhovde, Beate Støfring
Distribution : Zootrope Films
Durée : 1h16
Genre : Comédie
Date de sortie : 18 janvier 2012

Globale : [rating:3.5][five-star-rating]

Un ovni venu de Norvège qui confirme la formidable énergie du cinéma scandinave. Avec des comédiens criants de vérité, cette adaptation d’un sulfureux roman qui a fait scandale en Norvège à sa sortie est une vraie réussite.

Synopsis : Trois adolescentes dans un bled paumé de la Norvège. L’âge des fantasmes, des premières cigarettes qu’on crapote plus qu’on ne les fume, des premières boums, des premiers garçons. Alma, qui vit seule avec sa mère, se voit écartée du groupe et bannie de tous pour avoir colporté une rumeur sur un de ses camarades dont elle est follement amoureuse. Tout bascule alors pour elle.

Turn me on de Jannicke Systad Jacobsen

Un OVNI norvégien

Skoddenheimen. Un bled paumé au fond d’un fjord. Le touriste parisien en mal de chlorophylle va s’extasier devant ce qui constitue l’enfer au quotidien d’une gamine qui s’éveille à l’amour. La cinéaste ne va pourtant point épargner la luxuriante nature. Dans la séquence d’ouverture au montage aussi pétaradant qu’une mitraillette, chaque plan montre un élément qui constitue le quotidien de cette héroïne dont la voix off achève de démystifier toute velléité contemplative que l’on pourrait avoir face à ce décor gigantesque. Froideur scandinave d’où émerge comme si souvent, de Kaurismaki à Vintenberg un humour caustique, décalé, désabusé.

Le décalage observé dans le traitement du décor va s’opérer de la même manière dans le portrait de cette adolescente. Blonde comme les blés, le regard d’un bleu turquoise, la jeune fille semble tout droit sortie d’une enfance choyée, sans heurt auprès de sa mère qui lui ressemble d’une manière étonnante. Plus virginale que ses deux comparses (l’une a la clope quasi constamment coincée entre les lèvres, l’autre passe son temps à se peinturlurer la bouche d’un gloss de midinette), elle a tout de la petite fille modèle, même si elle boit une bière de temps en temps. La suite démentira cette première impression.

Turn me on de Jannicke Systad Jacobsen

 Des comédiens criants de vérité

Fantasme, téléphone rose, revue porno, gestes obscènes : autant de subterfuges, de pis aller pour ne pas franchir le grand pas. La sexualité, qui se trouve au cœur du propos, est encore un sujet tabou en Norvège. Le roman dont est inspiré ce film a d’ailleurs provoqué un tôlé à sa sortie. La cinéaste Jannicke Systad Jacobsen a toutefois gommé du support littéraire tout ce qui aurait pu déboucher sur du voyeurisme, resserrant son intrigue sur ses personnages. Elle a gagné son pari, non seulement car le film a fait un carton en Norvège mais parce qu’il est vraiment réussi.

Par petites touches, elle dépeint un monde qui s’ouvre au monde : celui de l’adolescence qui rejoint celui des adultes. Ce passage délicat où les choses changent, les corps et les esprits, où les rébellions sourdent, où les idéalismes s’effritent, où l’on se sent prêt à partir vivre au Texas pour y abolir la peine de mort. Mais où surtout on est prêt à tout pour ne pas tomber amoureux de peur de ne plus jamais quitter son trou à rat et reproduire le schéma honni de nos géniteurs.

Les comédiens, pour certains non professionnels, sont criants de vérité. Car en dépit d’un humour sous-jacent, ce film prône le réalisme absolu un peu à la manière de Truffaut dans « 400 coups ». Mais nous ne sommes plus en 1958 et même si la Nouvelle Vague a atteint les côtes de la Norvège comme elle a influencé toute la planète cinématographique, on montre aujourd’hui une jeunesse aux prises avec la sexualité ainsi que le suggère le titre  (Turn me on pouvant se traduire par « Allumez-moi ». Plus proche de Despentes que de Truffaut…). Et même si beaucoup de choses restent à l’état de fantasmes, le réalisme prime. Il est juste suffisamment distordu par une scénarisation stylisée de la narration, assurant un juste équilibre à ce bel objet cinématographique, à la fois lucide et impertinent, drôle et décalé.

 Résumé

La sexualité et le désœuvrement d’une jeunesse qui s’ennuie dans un bled de Norvège. Sans misérabilisme ni forte imprégnation sociale à la Ken Loach, cette chronique douce-amère souvent drôle et décalée est une belle surprise venue de Scandinavie.

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