Test DVD : L’intégrale Spectrum Films #1

0
1305

Il est déjà écrit que le 17 décembre sera un grand jour pour les fans de cinéma asiatique : celui-ci marquera en effet la sortie en France du Blu-ray très attendu de The king of pigs, film d’animation coréen signé Yeon Sang-ho, qui s’est largement fait remarquer cette année avec son époustouflant survival zombie Dernier train pour Busan. Pour le coup, la sortie de The king of pigs cache un autre petit événement : il s’agira du tout premier Blu-ray édité par l’éditeur indépendant Spectrum Films.

 

 

A cette occasion, nous avons décidé, en accord avec l’éditeur bien entendu, de revenir durant le mois de décembre sur l’intégralité des films édités par Spectrum Films, qui n’a cessé d’étoffer son catalogue depuis 2009. Histoire de ne pas vous « étouffer » avec un article interminable, on a pris le parti de diviser les DVD édités en trois parties à peu près égales : dans cette première partie, nous traiterons des films en provenance de Corée du Sud (6 films). La deuxième partie sera consacrée aux films chinois et/ou made in Hong Kong (8 films), et la troisième partie évoquera les DVD de films venant de Taïwan et du Japon (6 films).

 

Partie #1 : La Corée du Sud

 

Mise sur le devant de la scène internationale au début des années 2000 avec une série de gros succès populaires appartenant pour la plupart aux films « de genre », la « nouvelle vague Coréenne » a vu l’émergence de cinéastes majeurs tels que Park Chan-wook (Sympathy for Mister Vengeance, Oldboy), Kim Ki-duk (Locataires), Kim Jee-woon (Le bon, la brute et le cinglé, J’ai rencontré le diable) ou encore Bong Joon-ho (Memories of murder, The host). Spectrum Films ne s’y est pas trompé, puisque plus d’un tiers de son catalogue est à ce jour composé de films en provenance de Corée du Sud.

Évacuons tout de suite l’aspect technique pour nous consacrer aux six premiers films de cette « intégrale ». Les DVD édités par Spectrum Films se situent clairement dans la fourchette haute de ce que l’on peut découvrir en général en ce qui concerne les films asiatiques. Les films sont toujours proposés dans leur format cinéma respecté, et si les masters varient quelque peu en termes de qualité (un tournage en vidéo ne peut logiquement rivaliser avec la pellicule), le tout est proposé par l’éditeur sans problème d’encodage majeur. La collection de DVD érigée par Spectrum Films au fil des années nous propose donc un confort de visionnage étonnant pour des films aussi indépendants et/ou (injustement) oubliés. Côté son, l’éditeur propose généralement ses films dans des mixages Dolby Digital 2.0 et VOST, clairs, sans souffle, avec les sous-titres amovibles pour les fans purs et durs de VO. Les sous-titres ne posent pas de problème récurent d’orthographe. Dernier détail d’importance pour les collectionneurs : tous les DVD édités par Spectrum Films sont disponibles dans des tirages limités à 1000 exemplaires.

 

 

Failan


Corée du Sud : 2001
Titre original : Pairan
Réalisateur : Hae-sung Song
Scénario : Hae-sung Song
Acteurs : Choi Min-sik, Cecilia Cheung, Dae-Hoon Jeong
Editeur : Spectrum Films
Durée : 1h56
Genre : Drame
Date de sortie cinéma : 18 décembre 2002
Date de sortie DVD : 18 août 2009

 

 

Lee Kang-jae, truand raté, sort de prison. Un jour, alors qu’il allait se constituer prisonnier à la place de son chef de bande, la police se présente à son domicile et lui annonce la mort de sa femme, Failan, épousée pour quelques billets. Au travers d’objets personnels, Lee Kang-jae découvre une femme jusqu’alors inconnue. Toute sa vie est remise en question…

 

Le film : Mettant en scène deux personnages que le destin empêche de se rencontrer de leur vivant, Failan est un mélodrame tragique et pour tout dire assez bouleversant. On découvre donc parallèlement l’histoire de ces deux êtres, tous deux très seuls et incompris, par le biais du personnage de Choi Min-Shik (l’inoubliable mangeur de poulpe de Oldboy), qui reconstitue quelques bribes de l’existence de Cecilia Cheung (Shaolin soccer), femme qu’il « aurait pu » follement aimer si le destin en avait décidé autrement. Subtile et délicate, la caméra de Ahn Sang-hoon suit le trajet de cet homme avec une délicatesse infinie jusqu’à un climax où il les fait se croiser par le biais du montage alterné dans une séquence à la fois sublime et éprouvante. Opposant un romantisme forcené autour de la mélancolie d’un amour « manqué » et la triste réalité de deux existences brisées et marquées par la brutalité, Failan s’avère un petit trésor de mélo, du genre de ceux capables de faire craquer les brutes les plus endurcies.

Bonus DVD : Bande-annonce.

 

 

 

Chow Yun-Fat boy meets Brownie girl


Corée du Sud : 2002
Titre original : Wooryung gakshi
Réalisateur : Nam Ki-woong
Scénario : Nam Ki-woong
Acteurs : Ku-ma Ko, Myeong-ji Chae, Ju-bong Gi
Editeur : Spectrum Films
Durée : 1h33
Genre : Fantastique, Comédie
Date de sortie cinéma : 31 août 2002
Date de sortie DVD : 26 juillet 2011

 

 

Chow Yun-Fat meets Brownie Girl s’inspire d’une ancienne légende asiatique. Gun-taé ne rêve qu’à uen seule chose : être Chow Yun-Fat dans ses films. Une nuit, il récupère un bocal mystérieux. Après y avoir déposé des escargots, une jeune fille apparaît et le récompense en faisant son ménage. Dans le même temps, le gangster Young-baek commence a troublé le paisible village. C’est à Gun-tae de prouver maintenant qu’il est capable de suivre les pas de Chow Yun-fat…

 

Le film : Attention, OVNI ! Qu’on se le dise, Nam Ki-woong est un cinéaste unique en Corée, inclassable et déviant. Son œuvre hautement référentielle slalome entre les genres, avec une énergie complètement barrée, rappelant autant Guy Maddin [pour la recherche formelle parfois proche de l’expérimentation] que les fous à lier tournant pour Troma ou Astron-6 [pour le côté décomplexé et complètement WTF de son univers]. Le ton est bon enfant, la caméra hyper mobile, et l’énergie déployée pour faire sourire le spectateur vaut vraiment le déplacement. Nam Ki-woong jongle par ailleurs avec les formats, de la pellicule à la vidéo, ce qui ajoute encore une patine visuelle à son cinéma surréaliste et gentiment foutraque.

Bonus DVD : Spectrum Films fait très fort en réunissant sur un même DVD les trois premiers films de Nam Ki-woong, mélange de science-fiction, de folie furieuse et d’expérimentations formelles : on aura donc droit au très étrange Kangchul (30 minutes environ), au délirant Teenage hooker became killing machine (60 minutes) pour terminer en apothéose avec le long-métrage Chow Yun-Fat boy meets Brownie girl, point d’orgue d’une carrière sous le signe du grand n’imp absolument réjouissant.

 

spectrum-jeonju-digital-project
 

Jeonju digital project


Corée du Sud : 2004
Titre original : Digital short films by three filmmakers 2004
Réalisateur : Bong Joon-ho, Sogo Ishii, Nelson Yu Lik-wai
Scénario : Bong Joon-ho, Sogo Ishii, Nelson Yu Lik-wai
Editeur : Spectrum Films
Durée : 1h38
Genre : Film à sketches
Date de sortie cinéma : 31 août 2002
Date de sortie DVD : 26 juin 2012

 

 

Le Jeonju Digital Project est un film composé de trois films distincts mais autour du même thème. Influenza : la violence captée par les caméras de surveillance. Dance with me to the end of Love : les conditions climatiques obligent les hommes à habiter sous terre. Mirrored Mind : un voyage au cœur de l’âme humaine…

 

Le film : Depuis l’année 2000, le Festival International du film de Jeonju en Corée du Sud produit et diffuse lors de son édition un programme composé de trois moyen-métrages appelé Jeonju Digital Project. Le concept est le suivant : les instances organisatrices du festival choisissent trois réalisateurs de nationalités différentes, et donnent à chacun d’entre eux la même somme pour réaliser, avec des outils numériques uniquement, un film de trente minutes environ. En 2004, les réalisateurs choisis étaient Sogo Ishii, Yu Lik-wai et Bong Joon-ho.

Bien sûr, comme tous les films à sketches, le résultat, sobrement appelé chez nous Jeonju digital project, est assez inégal : Influenza, réalisé par Bong Joon-ho (The host, Snowpiercer…), est un court-métrage très brutal et assez déstabilisant, uniquement composés d’extraits de caméras de surveillance. Tourné à la façon d’un film muet, avec des intertitres absolument impayables, Dance me to the end of Love, réalisé par Yu Lik-wai, est probablement le meilleur des trois courts films de cette cuvée 2004 : un merveilleux hommage hilarant et décalé aux grands classiques du cinéma muet et à la science-fiction old school. Plus faible et très lent, Mirrored mind réalisé par Sogo Ishii se veut un « voyage au cœur de l’âme humaine »…

Bonus DVD : En plus des trois courts-métrages disponibles au sein du programme, l’éditeur nous propose de découvrir le très amusant Suicide of quadruplets (Kang Jin-A, 2008).

 

spectrum-treeless-mountain
 

Treeless mountain


Corée du Sud, États-Unis : 2008
Titre original : –
Réalisateur : So Yong Kim
Scénario : So Yong Kim
Acteurs : Chae Gil Byung, Jung Gil Ja, Shin Hyun Je
Editeur : Spectrum Films
Durée : 1h29
Genre : Drame
Date de sortie cinéma : 30 décembre 2009
Date de sortie DVD : 1 mars 2011

 

 

Jin et Bin, deux petites filles, habitent dans un appartement inconfortable de Séoul. Quand leur mère décide de partir à la recherche de leur père dont elle est séparée, Jin et Bin sont obligées de passer l’été avec leur tante dans une petite ville. Mais celle-ci perd sa maison, et les deux enfants partent chez leur grands-parents à la campagne. Grâce à ce voyage fait d’abandons, les deux soeurs se rapprocheront l’une de l’autre et apprendront l’importance des liens du sang…

 

Le film : Porté par deux petites actrices tout simplement adorables, Treeless mountain bringuebale ses deux héroïnes (Jin, 6 ans, et Bin, 4 ans) de foyer en foyer, sur le mode de la chronique douce-amère. On mange des criquets, se dispute, et on apprend à connaître une grand-mère dont on ignorait jusqu’à l’existence. En lumière naturelle, avec une délicatesse rare, la jeune réalisatrice So Yong Kim filme la naissance d’une complicité entre une vieille paysanne et ses petites-filles. Joli film -largement autobiographique- sur l’enfance abandonnée, Treeless mountain est une lettre adressée par la cinéaste à sa mère. On notera que le film avait obtenu le soutien de la Cinéfondation à Cannes en 2007, et a reçu le prix du meilleur film lors du festival international du film de Dubaï en 2008.

Bonus DVD : Le DVD édité par Spectrum Films n’a pas volé sa dénomination d’édition « collector » : outre un commentaire audio de la réalisatrice et du producteur (VOST), on trouvera une série de scènes coupées (7 minutes environ), également accompagnées d’entretiens avec So Yong Kim et avec Kim Hee Yeon (Jin) et Kim Song Hee (Bin), les deux petites héroïnes du film.

 

spectrum-land-of-scarecrows
 

Land of scarecrows


Corée du Sud, France : 2008
Titre original : Heosuabideuleui ddang
Réalisateur : Roh Gyeong-Tae
Scénario : Roh Gyeong-Tae
Acteurs : Nellisa Arnado, Adelyn Bacon, Jocelyn Baculi
Editeur : Spectrum Films
Durée : 1h29
Genre : Drame
Date de sortie cinéma : 29 septembre 2010
Date de sortie DVD : 28 juin 2011

 

 

Poème visuel et sentimental qui décrit la vie de trois personnages poursuivant chacun leur rêve : Jiyoung Jang, une lesbienne travestie qui se fait passer pour un homme de 40 ans ; Loi Tan, un petit garçon philippin adopté, et Rain, une jeune femme venue des Philippines poursuivre son rêve coréen. C’est aux Philippines que les Coréens du pays des épouvantails vont chercher les enfants et les épouses dont leur terre toxique ne peut plus garantir l’intégrité…

 

Le film : Même si sa côte de popularité vient juste d’exploser cette année avec la sortie en salles de Black Stone, le style assez inimitable de Roh Gyong-tae était déjà au cœur de Land of Scarecrows, deuxième opus de sa trilogie consacrée à la pollution environnementale. Succession de tableaux très contemplatifs, visuellement sublimes, et plutôt cruels dans ce qu’ils racontent de la Corée contemporaine, Land of Scarecrows impose un humour non-sensique et une poésie tout à fait uniques et un discours désabusé sur le monde et l’incommunicabilité entre les êtres. Suivant d’attachants marginaux jusqu’à les faire se croiser dans un final très inattendu, le film de Roh Gyong-tae développe un univers décalé et poétique tout en gardant un pied solidement ancré dans une réalité sordide. Mais le véritable tour de force de Land of Scarecrows est bien de réussir à tenir un discours lié à la pollution environnementale, physique et mentale sans jamais ennuyer le spectateur.

Bonus DVD : En plus du film, Spectrum Films nous permet de découvrir Father & Son et le très expérimental Reincarnation, qui sont les deux premiers courts-métrages de Roh Gyong-tae, tournés en 2004. On poursuivra avec une interview exclusive du réalisateur, ainsi qu’une émission de TV coréenne évoquant longuement le film, et proposant également un entretien avec Roh Gyong-tae.

 

spectrum-riviere-tumen
 

La rivière Tumen


Corée du Sud, France : 2010
Titre original : Dooman river
Réalisateur : Zhang Lu
Scénario : Zhang Lu
Acteurs : Jian Cui, Lan Yin, Jin-Long Lin
Editeur : Spectrum Films
Durée : 1h29
Genre : Drame
Date de sortie cinéma : 25 août 2010
Date de sortie DVD : 2 janvier 2014

 

 

La rivière Tumen marque la frontière entre la Chine et la Corée du Nord. De nombreux coréens tentent de fuir leur pays ou simplement de chercher des vivres et des médicaments. Chang-ho, douze ans, et sa soeur muette Soon-hee se lient d’amitié avec un jeune garçon nord-coréen. Les trafics frontaliers sont mal vus et les menaces grandissent pour ceux qui viennent en aide aux clandestins. Tandis qu’un drame survient pour Soon-hee, la fidélité de Chang-ho pour son nouvel ami est mis à l’épreuve…

 

Le film : La rivière Tumen est un film exigeant. Naturaliste, froid et contemplatif, le film de Zhang Lu utilise les codes du documentaire afin de mettre l’accent sur l’authenticité des tranches de vie qu’il met en scène, qui s’avèrent d’ailleurs interprétées par des comédiens amateurs issus de troupes locales. Zhang Lu filme avec attention (et une certaine mélancolie) un no man’s land gelé, oublié du monde, où des Nord-Coréens cherchent à se réfugier, alimentant des tensions sourdes qui finiront par exploser en fin de métrage de façon inattendue. On notera que le film a obtenu la « mention Spéciale » lors du Festival de Berlin 2010, ainsi que les « Prix du Jury » et « Prix des étudiants » au Festival Paris Cinéma la même année.

Bonus DVD : Entretien avec le monteur François Quiqueré.

 

 

Pour plus d’informations sur les DVD édités par Spectrum Films, on vous invite à visiter le SITE INTERNET de l’éditeur, et à suivre leur actualité sur le FACEBOOK OFFICIEL.

spectrum-site

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici