Test DVD : Déserts

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Déserts

Maroc : 2023
Titre original : –
Réalisation : Faouzi Bensaïdi
Scénario : Faouzi Bensaïdi
Acteurs : Fehd Benchemsi, Abdelhadi Talbi, Rabii Benjhaile
Éditeur : Blaq Out
Durée : 1h58
Genre : Comédie, Drame
Date de sortie cinéma : 20 septembre 2023
Date de sortie DVD : 20 février 2024

Mehdi et Hamid travaillent pour une agence de recouvrement à Casablanca. Les deux pieds nickelés arpentent des villages lointains du grand sud marocain pour soutirer de l’argent à des familles surendettées…

Le film

[3,5/5]

Si on le connaît surtout en tant que second-rôle régulier du cinéma français (Saint Laurent, Dheepan…), Faouzi Bensaïdi est également un réalisateur reconnu au Maroc depuis une vingtaine d’années. Déserts est ainsi son sixième long-métrage, et nous propose de suivre l’histoire douce-amère de deux agents de recouvrement traversant les villages arides du Maroc à la recherche de mauvais payeurs, qui s’avèrent souvent être des familles déjà bien surendettées.

Étonnant et ambitieux, Déserts nous propose un curieux mais très attachant mélange des genres, slalomant entre l’histoire d’amour tragique et la comédie absurde (très inspirée de Jacques Tati), le tout nous étant amené dans un contexte très particulier, visant clairement – et mine de rien – à souligner la situation économique et sociale des petites villes isolées du Maroc à l’ère de l’ultralibéralisme triomphant.

Doté d’images en Scope absolument saisissantes, dont la beauté est soulignée par la sublime direction photo de Florian Berutti, Déserts joue la carte d’une narration non linéaire, avec un récit parsemé d’ellipses qui mélange les ambiances et les genres. On y suivra donc Mehdi (Fehd Benchemsi) et Hamid (Abdelhadi Taleb), deux fonctionnaires vêtus de costards-cravates froissés, qui parcourent les villages pauvres du Maroc dans le but de soutirer de l’argent à des familles endettées. La majeure partie de l’action de la première moitié du film prend la forme de petites vignettes absurdes, fonctionnant généralement sur l’humour visuel, comme le montre par exemple la transformation de la voiture des deux hommes.

Mais peu à peu, et sans jamais se départir d’un humour parfois irrésistible, les histoires que Déserts nous donnera à entendre brosseront un tableau social assez réaliste de la vie dans ces petites bourgades marocaines. Les emprunteurs sont dans l’incapacité d’effectuer les remboursements, pour diverses raisons : leur emploi a disparu, des urgences médicales sont survenues ou, dans un cas, le débiteur a utilisé le montant pour payer des passeurs afin de quitter le pays plutôt que d’ouvrir le magasin de téléphones portables qu’il avait décrit dans sa demande de prêt.

De plus en plus frustrés, Mehdi et Hamid finiront par se substituer à des huissiers, en emportant par exemple des objets de valeur (tapis, chèvres, khôl…) afin de les revendre pour régler une partie des dettes de leurs débiteurs. Et s’ils endossent le mauvais rôle, les deux collecteurs de dettes n’en sont pas pour autant des personnages antipathiques. Leur maladresse, leur naïveté et leurs piètres résultats en font les parias de leur corps de métier, et au fil des séquences de Déserts, le spectateur ne pourra que développer une certaine tendresse pour Hamid, qui a du mal à dire non, et Mehdi, qui essaie de faire face au fait que sa femme l’ait quitté, emportant avec elle leur petite fille.

Et le film de slalomer tranquillement entre l’humour (on pense à cette scène impayable durant laquelle un concierge d’hôtel promet à Mehdi de lui présenter des femmes) et le drame aux consonances sociales les plus arides (l’ex-femme de Mehdi qui veut vendre leur fille à une femme riche). Dans la seconde moitié de Déserts, et alors que Mehdi et Hamid croisent la route d’un prisonnier évadé (Rabii Benjhaile), le film adoptera peu à peu une autre ambiance. Le rythme du métrage en pâtira légèrement, même si les compositions de plans époustouflantes parviennent globalement à maintenir l’intérêt du spectateur en éveil.

Le DVD

[4/5]

Il n’y a pas à se plaindre, le DVD de Déserts édité par Blaq Out nous permettra de découvrir ce petit film littéralement sorti de nulle-part dans des conditions tout à fait satisfaisantes. Même si les compositions de plans proposées par Faouzi Bensaïdi et son directeur photo Florian Berutti pourront régulièrement faire regretter le fait que le film ne soit pas proposé en Haute-Définition, l’éditeur est rodé depuis de nombreuses années au format DVD, et nous propose une nouvelle fois un master sans faille : définition, piqué et couleurs composent parfaitement avec les limites d’un encodage en définition standard. Côté son, la version originale (mélangeant l’arabe et le français) est proposée en Dolby Digital 5.1, dans un mixage dynamique et bien enveloppant, toujours clair malgré la profusion de personnages s’exprimant parfois en même temps. On notera également la présence d’un mixage stéréo en Dolby Digital 2.0, anecdotique mais probablement plus clair si vous ne bénéficiez pas de Home Cinema et visionnez le DVD de Déserts le plus simplement du monde sur votre téléviseur.

Dans la section bonus, l’éditeur nous propose un entretien avec Faouzi Bensaïdi (17 minutes), enregistré lors de la Quinzaine des Cinéastes à Cannes.

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