Test DVD : Banco

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Banco [70 Binladens]

Espagne : 2018
Titre original : 70 Binladens
Réalisation : Koldo Serra
Scénario : Javier Echániz, Juan Antonio Gil Bengoa, Asier Guerricaechebarría
Acteurs : Emma Suárez, Nathalie Poza, Hugo Silva
Éditeur : Rimini Éditions
Durée : 1h36
Genre : Thriller
Date de sortie DVD : 17 juillet 2019

Rachel est désespérée : pour récupérer la garde de sa fille, elle a besoin d’une grosse somme d’argent. Alors qu’elle est à la banque pour négocier un prêt, un couple de braqueurs surgit et prend tout le monde en otages. Rachel comprend que c’est sa dernière chance : comment manipuler les voleurs pour obtenir ce qu’elle veut ?

Le film

[3,5/5]

Ils ont beau faire partie de nos voisins les plus proches, et afficher une culture et un sens de l’humour très comparable aux nôtres, les films espagnols s’exportent globalement assez mal et rencontrent bien des difficultés à traverser la maigre frontière qui les sépare de la France. Ce sont par conséquent des centaines de cinéphiles français qui doivent depuis des années se tourner vers le marché de la vidéo, soit en passant par la case « import », soit par l’intermédiaire d’un lointain cousin catalan, afin de découvrir les nombreux films produits chaque année au pays du chorizo. Heureusement, de courageux éditeurs français se penchent de temps à autre sur le cas du cinéma espagnol – c’est le cas ce mois-ci de Rimini Éditions, qui nous propose de découvrir Banco, sorti sur les écrans espagnols en mars dernier, et déjà dispo dans votre salon.

Avec le succès de La casa de papel, les espagnols ont prouvé qu’ils n’étaient pas seulement les nouveaux rois du cinéma fantastique, mais aussi ceux du thriller et plus particulièrement des intrigues tournant autour de braquages qui, forcément, ne se déroulent pas toujours comme prévu. Banco fait donc partie de cette nouvelle vague de thrillers espagnols qui, à l’image de Insiders (Daniel Calparsoro, 2016), marchent clairement sur les plates-bandes du cinéma américain, dont ils reprennent les codes, l’esthétique et surtout la tension, renforcée ici par la mise en scène remarquable de Koldo Serra, qui pense ses cadres et ses prises de vue au millimètre près, et ne laissera quasiment rien au hasard : du sublime plan-séquence de trois minutes suivant l’arrivée des braqueurs à la subtile utilisation des reflets, en passant par les indices visuels disséminés ici ou là au détour d’un plan, tout concourt à faire de Banco une assez sidérante réussite formelle – le genre de films qui prend toute sa valeur au second visionnage.

Rythme et action sont également au rendez-vous, et il sera quasiment impossible pour le spectateur de s’ennuyer une seconde, d’autant que l’interprétation fiévreuse des acteurs – on sera surtout marqué par la prestation impressionnante de Nathalie Poza – ne permettra littéralement pas de détourner les yeux de l’écran ne serait-ce qu’une seconde. On perçoit également le goût du réalisateur Koldo Serra pour le polar américain des années 1970, et notamment bien sûr pour Un après-midi de chien (1976) – on retrouve en effet dans le film de Serra la rigueur, la sécheresse du film de Sidney Lumet, qui se répercute même jusque dans le côté spartiate, très réaliste, des décors. Et bien sûr, en filigrane la critique des manipulations médiatiques, de la mainmise de la télévision sur les masses ou de la corruption de la police, qui ne sont certes pas centrales à l’intrigue dans Banco, mais existent bel et bien au détour d’une séquence ou deux.

Autre référence au cinéma des années 70 : Koldo Serra renoue ici avec une époque bénie où le cinéma n’était pas dominé par la jeunesse. Au cœur de Banco, on trouvera deux personnages centraux de femmes, qui plus est âgées de plus 40 ans (Emma Suárez, 55 ans, et Nathalie Poza, 47 ans), signe peut-être que les choses commencent à changer dans un secteur du divertissement où prédominent le culte de la jeunesse et le tabou du vieillissement.

Le DVD

[4/5]

C’est Rimini Éditions qui nous offre aujourd’hui la possibilité de découvrir Banco sur support DVD, et la galette proposée par l’éditeur français est d’ailleurs en tous points excellente. La définition est exemplaire, sans le moindre problème de compression ou autre problème technique. L’éditeur, rôdé au support, nous propose un encodage globalement maîtrisé, dont on ne percevra les limites techniques que sur certains arrière-plans affichant un léger bruit vidéo, ainsi que sur les scènes nocturnes, un poil plus granuleuses. Côté son, VF et VO espagnoles sont proposées en Dolby Digital 5.1, dans un mixage aux effets discrets, privilégiant de façon très nette l’ambiance aux effets spectaculaires, même si la scène arrière et les effets multicanaux fusent littéralement dans tous les sens durant les scènes d’action.

En guise de bonus, Rimini Éditions nous propose la bande-annonce du film.

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