Test Blu-ray : Un talent en or massif

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Un talent en or massif

États-Unis : 2022
Titre original : The Unbearable Weight of Massive Talent
Réalisation : Tom Gormican
Scénario : Tom Gormican, Kevin Etten
Acteurs : Nicolas Cage, Pedro Pascal, Tiffany Haddish
Éditeur : Metropolitan Vidéo
Durée : 1h47
Genre : Comédie, Action
Date de sortie cinéma : 20 avril 2022
Date de sortie DVD/BR : 11 août 2022

Nicolas Cage est maintenant un acteur endetté qui attend le grand rôle qui relancera sa carrière. Pour rembourser une partie de ses dettes, son agent lui propose de se rendre à l’anniversaire d’un dangereux milliardaire qui se révèle être son plus grand fan. Mais le séjour prend une tout autre tournure, lorsque la CIA le contacte, lui demandant d’enquêter sur les activités criminelles de son hôte. Nicolas Cage va devoir jouer le rôle de sa vie et prouver qu’il est à la hauteur de sa propre légende…

Le film

[4/5]

Rock, Les Ailes de l’enfer, Volte-face, 60 secondes chrono, Ghost Rider, Benjamin Gates… Autrefois considéré comme une valeur sûre à Hollywood, Nicolas Cage est, en l’espace d’une dizaine d’années, peu à peu devenu un des acteurs les plus prolifiques du marché du DTV et des plates-formes de VOD. Les films dont il tenait la tête d’affiche ne sortaient plus dans les salles obscures, mais cela ne l’empêchait pas de tourner, tel un stakhanoviste de la série Z, enchaînant les nanars – parfois goutus – au rythme de deux à trois par an. Nicolas Cage a donc enchaîné rien de moins qu’une quarantaine de films ces dix dernières années, et à l’exception de Snowden dans lequel il faisait une apparition en 2016, aucun d’entre eux n’était sorti en France depuis Joe en 2014.

En octobre 2021 cela dit, Metropolitan Filmexport lui redonnait sa chance en sortant sur les écrans français le magnifique Pig (lire notre article) – distribué sur un circuit limité de 42 salles, le film n’avait attiré qu’un peu plus de 16.000 spectateurs. Mais la sortie de Pig dans les salles n’était qu’un galop d’essai, et en avril 2022, Metropolitan redonnait pour de bon sa chance à Nicolas Cage sur grand écran avec Un talent en or massif, cette fois distribué dans un circuit de 380 salles. Malheureusement, le film n’attirerait en France que 80.000 curieux, et il va sans dire qu’il aurait mérité beaucoup, beaucoup mieux. Cependant, cette comédie au cœur de laquelle Nicolas Cage fait preuve d’une grande autodérision a peut-être souffert d’avoir un peu « le cul entre deux chaises » : d’un côté, elle est probablement un peu trop « méta » et décalée pour attirer le grand public, et de l’autre, elle n’était sans doute pas assez intello et indé pour faire de l’œil aux amateurs du cinéma de Charlie Kaufman et aux lecteurs de Libération.

Et pourtant… Difficile de ne pas saluer l’intelligence et l’humour d’Un talent en or massif, qui nous propose une exploration ludique, loufoque et souvent irrésistible de la personnalité « publique » de l’acteur, qui s’amuse de son image en devenant le « personnage » que l’on attend de lui, excentrique, excessif, imprévisible. Le côté « schizophrène » de l’acteur – qui vient probablement de son jeu volontiers halluciné – est également mis en avant dans le film, Nicolas Cage affrontant régulièrement son « moi » plus jeune – période Sailor et Lula – grâce à une poignée d’images de synthèse relativement réussies. Bien sûr, le scénario de Tom Gormican (qui a également réalisé le film) et Kevin Etten n’exploite pas à 100% la folie intrinsèque de l’acteur, mais les nombreux hommages à sa filmographie sont manifestement sincères, et Nicolas Cage parvient finalement à se montrer relativement nuancé dans son interprétation de lui-même (ou du moins d’une version fictive de lui-même).

D’ailleurs, et même si le film est évidemment assez bienveillant à son égard, on ne doute pas du fait qu’Un talent en or massif ait probablement obligé Nicolas Cage à affronter et à dépeindre certaines de ses faiblesses comportementales les plus évidentes (qui lui ont d’ailleurs valu un certain nombre d’arrestations), ce qui, il faut l’admettre, constitue une prouesse que beaucoup d’acteurs moins téméraires n’auraient jamais voulu tenter. Pour le reste, l’amitié qui se noue à l’écran entre Nicolas Cage et son hôte Javi (Pedro Pascal) est plutôt bien rythmée, et comporte à l’occasion quelques scènes assez mémorables, telles que cette séquence durant laquelle les deux lascars, bien décidés à écrire un film ensemble, prennent du LSD afin de booster leur créativité. On regrettera cependant qu’Un talent en or massif prenne finalement dans son deuxième acte les atours d’une « simple » comédie d’action, certes remplie de clins d’yeux aux nombreux rôles de Nicolas Cage dans le genre.

Pour autant, pour son retour sur grand écran, Nicolas Cage réussit avec Un talent en or massif à trouver la bonne tonalité, et le projet qui devrait à priori ravir tous ses fans à travers le monde. Parce que ça fait vraiment du bien de le revoir sur grand écran. Bien entendu, en dépit d’une carrière tournée vers le « Direct To Video » ces dix dernières années, l’acteur avait tout de même réussi à tourner dans une poignée de chefs d’œuvre (le plus grandiose d’entre eux étant sans aucun doute possible le génialissime Mandy), mais il faut également admettre que l’absence de Nicolas Cage sur le grand écran avait créé un manque profond…

Le Blu-ray

[4/5]

Côté Blu-ray, il n’y a aucun doute, l’éditeur Metropolitan Vidéo connaît le support Haute-Définition sur le bout des doigts et maîtrise l’encodage de façon vraiment remarquable. Qu’il s’agisse de la définition, du piqué, des couleurs ou de la gestion des contrastes et la tenue des noirs, tous les écueils auxquels on pourrait s’attendre sont brillamment et soigneusement évités. Niveau image, ce Blu-ray d’Un talent en or massif nous propose donc véritablement un sans faute, et il faut de plus reconnaître que techniquement, le boulot de l’éditeur rend vraiment hommage à la photo du film signée Nigel Bluck (formé sur la série True Detective). Côté enceintes, à la fois la VF et la VO sont mixées en DTS-HD Master Audio 5.1, et imposent toutes deux un dynamisme et une ampleur assez spectaculaires : le spectateur sera littéralement transporté au cœur du film de façon très immersive.

Dans la section suppléments, on commencera avec un commentaire audio du réalisateur / co-scénariste Tom Gormican et du co-scénariste Kevin Etten (en VO only), pour ensuite poursuivre avec une série de scènes coupées, proposées avec un commentaire optionnel de Tom Gormican et Kevin Etten (5 minutes). On retiendra tout particulièrement la deuxième scène coupée, qui s’impose comme une des meilleures du film, et qui met en scène, en noir et blanc et dans des décors évoquant Le Cabinet du Docteur Caligari (Robert Wiene, 1920), l’affrontement entre Nicolas Cage et son alter ego du passé. Le tout est parsemé de références à la filmographie de l’acteur, et la scène est absolument géniale. On continuera ensuite avec une poignée de featurettes revenant sur le tournage du film : on y reviendra sur le concept du film et la personnalité de Nicolas Cage (7 minutes), sur les références à la carrière passée de Nicolas Cage (5 minutes), sur le personnage de Javi (4 minutes), sur les différents « personnages » interprétés par Nicolas Cage dans le film (5 minutes) ainsi que sur le virage de la comédie vers l’action dans le deuxième acte (7 minutes). Un peu moins sérieux, on découvrira quelques auditions d’acteurs passées par des enfants afin, potentiellement, d’incarner Nicolas Cage à l’écran (2 minutes). On aura également droit à une session de Questions / Réponses avec l’équipe du film, enregistrée lors du SXSW Film Festival (16 minutes), et on terminera avec une sélection de bandes-annonces de films mettant en scène Nicolas Cage.

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