Test Blu-ray : The Woman in the Yard

0
82

The Woman in the Yard

États-Unis : 2025
Titre original : –
Réalisation : Jaume Collet-Serra
Scénario : Sam Stefanak
Acteurs : Danielle Deadwyler, Okwui Okpokwasili
Éditeur : Universal Pictures
Durée : 1h28
Genre : Fantastique
Date de sortie DVD/BR : 6 août 2025

Ramona, une femme accablée par le chagrin, a survécu à un accident de voiture fatal à son mari. Gravement blessée, Ramona doit s’occuper de son fils de 14 ans et de sa fille de six ans, seule dans une ferme rurale. Un jour, une femme apparaît dans leur jardin. Ramona pense que cette femme erre et a perdu la raison, mais alors que la femme rôde de plus en plus près de la maison, il devient évident qu’elle n’est pas une personne ordinaire et que ses intentions sont loin d’être bienveillantes…

Le film

[3,5/5]

Depuis quelques années, on a vu apparaître un sous-genre du cinéma d’horreur appelé « Elevated Horror ». Ce terme un peu flou, parfois appelé « Art Horror » ou « Horreur d’Auteur » en français, que l’on accole régulièrement aux films de Jordan Peele, Robert Eggers ou Ari Aster, désigne une vague de films d’horreur s’appuyant essentiellement sur une esthétique très travaillée, un développement psychologique des personnages assez poussé et un recours à des thématiques volontiers philosophiques. On pourrait ajouter à cela l’utilisation de symboles et de métaphores, voire même d’une imagerie abstraite, et de récits s’installant sur un rythme volontairement lent. A n’en point douter, le dernier film de Jaume Collet-Serra The Woman in the Yard s’inscrit de plein pied dans la catégorie du « Elevated Horror ». Pour vous en convaincre, on vous invite, une fois que vous aurez vu le film, à faire quelques recherches concernant la signification de la fin du métrage : vous vous rendrez rapidement compte que toutes les théories ont cours, et que les explications / interprétations vont bon train sur de nombreux forums et groupes de discussion liés au cinéma. Et si de nombreux spectateurs semblent ne pas réellement avoir compris le film, au moins ce dernier fait-il parler, créant le débat bien au-delà de la séance de projection.

Le postulat de départ de The Woman in the Yard est extrêmement simple. Dans les premières minutes du film, le spectateur est amené à rencontrer Ramona (Danielle Deadwyler), qui vit dans une ferme isolée de Géorgie avec ses enfants Taylor et Annie. Le mari de Ramona a récemment été tué dans un accident de voiture, et la mère de famille doit maintenant composer avec une jambe gravement blessée, qui la force à se déplacer en béquilles. Alors que la famille tente bon gré mal gré de s’acclimater à sa nouvelle vie, une femme (Okwui Okpokwasili) apparaît dans le jardin de la propriété. Assise sur une chaise, elle est vêtue d’une longue robe noire, et son visage est masqué par un voile noir. Elle reste là, immobile, sa présence devenant de plus en plus inquiétante au fil des heures, presque menaçante. Après avoir tenté d’initier la conversation avec la femme, mais n’ayant obtenu plus de questions supplémentaires que de réponses, les trois personnages prennent le parti de l’ignorer, espérant qu’elle disparaîtrait aussi mystérieusement qu’elle est apparue. Mais à mesure que la femme semble se rapprocher de la maison, tensions, frustrations et peurs commencent à monter au sein de la petite famille déjà fracturée…

Loin du Boogeyman traquant ses victimes la machette à la main, le personnage de « la Femme » au cœur de The Woman in the Yard représente une espèce de force tranquille et infatigable. Elle ne semble à priori ni ouvertement hostile ou agressive, mais son style vestimentaire et la force pénétrante de sa voix la rendent inquiétante. Si son apparition fait monter la tension à l’intérieur de la maison, c’est parce que les personnages perçoivent sa présence comme un mauvais présage, amplifiant par ailleurs les problèmes liés à la disparition du père et à la panne d’électricité / la voiture en panne, qui leur donnent l’impression d’être coupés du monde. Et au fur et à mesure que les reproches fusent et que les querelles se multiplient à l’intérieur de la maison, à l’extérieur, la Femme se rapproche chaque fois un peu plus. Il semble dès lors que sous le voile noir de La Femme se cache en réalité une menace à la portée métaphorique, et qu’elle soit intrinsèquement liée à Ramona, et plus précisément à son état de santé mental. Sans aucunement vous #Spoiler le dénouement du récit, il nous semble que cette interprétation soit la plus plausible.

Mais on avoue également que quelques-uns des événements relatés dans The Woman in the Yard tendent à nous faire douter de ce que nous en avions conclu à priori, et représentent autant de questions sans réponses. Certaines interprétations avancées sur le Net différent totalement de ce que nous avons compris du final. En cherchant dans les limbes d’Internet une interprétation du film à 100% satisfaisante, vous pourrez néanmoins tomber sur un entretien accordé par Sam Stefanak, le scénariste du film, à nos confrères de Filmmaker Magazine : « Je pense qu’il est juste de dire que certains éléments de la fin peuvent être interprétés comme symboliques. Il faut reconnaître à Jaume qu’il donne beaucoup de pistes, ce qui peut mener à plusieurs lectures. À un moment, j’ai essayé de l’encourager à rendre les choses un peu moins ambiguës, et il m’a répondu : Non, je pense que nous voulons frustrer notre public. Nous voulons le faire débattre. Le public pense vouloir des réponses, mais ce n’est pas le cas. Il veut plus de questions. » Si l’idée était de nous perdre et de provoquer le débat, le pari est réussi !

Le Blu-ray

[4/5]

Privé de sortie dans les salles obscures en France, The Woman in the Yard débarque chez nous au format Blu-ray sous les couleurs d’Universal Pictures. L’arrivée du film sur support physique devrait permettre aux amoureux du cinéma de Jaume Collet-Serra (La Maison de cire, Esther, Instinct de survie, Black Adam) de rattraper cet excellent représentant du sous-genre « Elevated Horror ». La galette Haute-Définition du film est d’ailleurs de toute beauté. La photo du film, sophistiquée et signée Pawel Pogorzelski (Hérédité, Midsommar) est sublimée par un encodage Blu-ray sans faille. Le piqué ne souffre jamais de la basse lumière, et l’ensemble est vraiment superbe. Côté son, c’est également un festival de dynamisme : les effets vous feront à coup sûr sauter au plafond. Le mixage de la VO nous est proposé en Dolby Atmos, et passe en un éclair des ambiances discrètes finement spatialisées à des effets littéralement tonitruants propres à secouer les murs. La VF, mixée en Dolby Digital 5.1, est un peu en retrait mais s’avère tout de même solide et efficace. Du très beau travail.

Du côté des suppléments, on commencera avec un court making of (8 minutes). Le réalisateur Jaume Collet-Serra, le producteur Jason Blum et les acteurs (Danielle Deadwyler, Peyton Jackson) reviendront sur le projet, les personnages, la symbolique de l’ensemble et le rôle de la maison. On terminera enfin avec un focus consacré au personnage de la Femme (5 minutes), qui permettra à l’actrice Okwui Okpokwasili de partager ses réflexions sur la nature et la symbolique du personnage.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici