Test Blu-ray : The third murder

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The third murder

 
Japon : 2017
Titre original : Sandome no satsujin
Réalisation : Hirokazu Kore-Eda
Scénario : Hirokazu Kore-Eda
Acteurs : Masaharu Fukuyama, Kôji Yakusho, Shinnosuke Mitsushima
Éditeur : Le Pacte
Durée : 2h05
Genre : Drame, Thriller
Date de sortie cinéma : 11 avril 2018
Date de sortie DVD/BR : 5 septembre 2018

 

 

Le grand avocat Shigemori est chargé de défendre Misumi, accusé de vol et d’assassinat. Ce dernier a déjà purgé une peine de prison pour meurtre 30 ans auparavant. Les chances pour Shigemori de gagner ce procès semblent minces, d’autant que Misumi a avoué son crime, malgré la peine de mort qui l’attend s’il est condamné. Pourtant, au fil de l’enquête et des témoignages, Shigemori commence à douter de la culpabilité de son client…

 

 

Le film

[5/5]

En choisissant, avec The third murder, d’évoluer dans un genre qui ne lui était pas familier et semblant à priori très éloigné de son univers, Hirokazu Kore-Eda n’a pas opté pour la solution de facilité. L’exploit de livrer un film aussi réussi n’en est que plus grand… Car autant être clair d’entrée de jeu : The third murder fait indéniablement partie des « grands » films de la décennie. Il y a de plus fort à parier que sa richesse thématique et sa sobriété formelle lui offrent d’ailleurs une pérennité qui ira bien au-delà de la simple décennie.

Durant sa première demi-heure, qui suit la préparation d’un avocat de la défense parachuté sur une affaire de meurtre, le film propose une très habile dissection du système judiciaire et en particulier des enquêtes menées par les avocats de la défense. Politisée et un rien cynique, toute cette partie du film rappellera énormément les romans de Michael Connelly mettant en scène Mickey Haller, l’avocat à la Lincoln : on y retrouve la même volonté de démontage en règle d’une justice volontiers biaisée et procédurière. De façon assez amusante d’ailleurs, si vous tapez « The third murder » sur Google, vous tomberez dans la section « recherches associées » sur La défense Lincoln, adaptation cinématographique du premier roman mettant en scène Mickey Haller.

Mais si Hirokazu Kore-Eda nous emmène dans un premier temps sur les plate-bandes de Michael Connelly, c’est pour mieux nous en éloigner ensuite, quand l’avocat au cœur de l’intrigue commence à déceler des failles dans l’histoire de son client, qui a pourtant avoué le meurtre et risque la peine de mort. A nouveau, on pourra percevoir la portée politique de l’œuvre, dans le sens où le film questionne une société qui condamne ses criminels à mort alors même que peut subsister un doute raisonnable dans l’esprit de tout un chacun. Mais toute l’originalité de The third murder se situe ailleurs ; non pas seulement dans sa portée sociale mais surtout dans la richesse abyssale de son redoutable scénario « à énigme » : plusieurs visionnages seront en effet probablement nécessaires pour venir à bout de cette intrigue à tiroirs, et de se faire une idée non seulement sur la culpabilité de Misumi (incarné par un formidable Kôji Yakusho), mais également sur la nature même du « troisième meurtre » évoqué par le titre du film.

Nous déroulant avec une limpidité cristalline un récit extrêmement complexe dont les ramifications s’étalent sur trois générations, Hirokazu Kore-Eda glisse à l’écran une série d’indices formels et thématiques. S’il jongle de façon habile avec les notions d’atavisme, de mensonge et de culpabilité, c’est surtout dans les motifs de couleurs ou encore dans une idée de duplicité, voire même de (sainte?) trinité qu’il nous propose systématiquement à l’image, en composant soigneusement ses plans en Cinémascope, que ce situe probablement la « clé » de The third murder. Un film énigme donc, dont la dimension par moments un peu trop démonstrative (notamment dans son exposition, avec les techniques de défense expliquées à une assistante qui, à priori, devrait être au courant de ce genre de subtilités) a probablement été pensée afin de mettre en lumière les zones d’ombre qui, immanquablement, subsisteront dans l’esprit du spectateur quand arrive le générique final. Mais Kore-Eda l’explique dans les bonus présents sur le Blu-ray du film : trois visionnages seront probablement nécessaires afin de reconstituer les pièces du puzzle…

 

 

Le Blu-ray

[4,5/5]

Le Blu-ray de The third murder édité par Le Pacte nous permettra de découvrir ou redécouvrir le film sublimé par une copie de toute beauté, avec un grain cinéma respecté aux petits oignons et des contrastes finement travaillés. La définition est d’une précision remarquable, le piqué est chirurgical, les couleurs sont tout à fait naturelles. En deux mots comme en cent, nous sommes vraiment en présence d’un master superbe. Côté son, l’éditeur nous propose naturellement de découvrir le film soit en version originale sous-titrée, dans un mixage japonais DTS-HD Master Audio 5.1, soit dans une VF très soignée (doublée en France), également proposée en DTS-HD Master Audio 5.1. La spatialisation est discrète mais bel et bien présente, et facilitera l’immersion du spectateur par petites touches d’ambiance.

Côté suppléments, Le Pacte nous propose d’écouter le réalisateur s’exprimer au sein d’un entretien avec Hirokazu Kore-Eda d’une durée d’environ dix minutes. Ses propos sont très intéressants, et sa modestie est typiquement japonaise. On continuera ensuite avec une galerie de photos de tournage ainsi qu’avec la traditionnelle bande-annonce.

 

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