Test Blu-ray : The boat

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The boat

 
Royaume-Uni, Malte : 2018
Titre original : –
Réalisation : Winston Azzopardi
Scénario : Joe Azzopardi, Winston Azzopardi
Acteurs : Joe Azzopardi
Éditeur : Metropolitan Vidéo
Durée : 1h29
Genre : Fantastique
Date de sortie DVD/BR : 25 janvier 2020

 

Un pêcheur part en mer quand apparaît un bateau au milieu du brouillard. Le pêcheur monte à bord et découvre un bateau vide. Lorsqu’il veut retourner sur son embarcation, celle-ci a disparu. Il se retrouve seul à bord de ce vaisseau fantôme…

 


 

Le film

[4/5]

C’est bien connu : le français n’est jamais content, et comme s’il suivait le conseil prodigué par l’essayiste Stéphane Hessel, semble toujours trouver une raison pour s’indigner. C’est d’autant plus flagrant depuis que les réseaux sociaux ont pris le dessus sur la raison et la contextualisation : on ne compte littéralement plus les récriminations des français, dans tous les domaines. Mœurs, politique, économie, religion, consommation : le français a son avis sur tout, connaît parfaitement tous les corps de métiers, et n’hésite pas à le faire savoir à travers des pétitions, des boycotts, des signalements divers et variés.

Ainsi, en dépit d’un marché de la vidéo plus que chancelant en France depuis quelques années, le consommateur français voudrait que tous les films, même les plus obscurs, se voient édités en Blu-ray – voire même en 4K – dans des éditions blindées de bonus, et de préférence à moins de 15 euros. Et attention, car la Garde de nuit veille au grain : le faux-pas est proscrit, n’allez pas vous amuser à laisser passer un pixel mal dégrossi ou la moindre petite pétouille sonore, sinon on vous tombe dessus avec nos cris d’Orfraies, et on vous lamine littéralement la gueule sur les réseaux.

Ainsi, le fait d’être éditeur vidéo en France n’est plus simplement un métier : c’est un sacerdoce, et on comprend franchement que certains aient pu jeter l’éponge. Dans ce contexte, le fait de voir débarquer en vidéo « physique » un OVNI tel que The boat a vraiment de quoi surprendre. Car malgré tout ce que l’on peut lire ici ou là sur les éditeurs vidéo en France, on ne pourra s’empêcher, à la découverte du film de Winston Azzopardi, de se dire que ce métier nécessite tout de même non seulement une sacrée paire de balloches mais également un réel désir de « transmission », dans le sens où une partie du boulot éditorial effectué ici par Metropolitan Vidéo consiste vraiment dans le fait de porter notre regard vers une œuvre inconnue, de la faire découvrir dans toute son originalité.

Et cette audace éditoriale – qui représente quoi qu’on puisse en penser un risque financier bien réel, d’autant que l’éditeur ne quadrille pas le Web de publicités et d’annonces en tous genres – sera tout particulièrement remarquable dans le cas de The boat, pour une raison simple : il s’agit d’un film quasiment muet, mettant en scène un seul acteur (Joe Azzopardi, frère du cinéaste) dans un lieu unique, et ce pendant une heure et demie. De plus, on pourrait ajouter que son titre résume, en gros, l’essentiel de son intrigue. Donc voilà, un mec tout seul, sur un bateau. L’acteur : inconnu ou presque. Sur l’affiche : le bateau, traînant dans son sillage une tête de mort se dessinant dans l’écume. Vous imaginez la pression de Metropolitan en tant qu’éditeur ? Les chances pour qu’une telle audace accouche d’un succès inattendu en vidéo sont minces. Faites le test autour de vous : évoquez The boat et montrez l’affiche du film. « C’est quoi ça ? » sera la réponse qui vous sera adressée dans 80% des cas. C’est pour cette raison qu’il nous faut à tout prix saluer le courage et les couilles de mammouth des chefs de projet et des différentes personnalités de chez Metro à qui l’on doit la découverte du film de Winston Azzopardi.

Parce que oui, The boat est une très agréable découverte. On n’ira pas jusqu’à clamer sur tous les toits qu’il s’agit du film de l’année, mais en revanche, il s’agit bel et bien d’un film qui parvient sans le moindre problème à s’affranchir de ses contraintes de départ, et à s’imposer comme une étonnante réussite. Car quoiqu’on puisse penser du charisme ou des réactions du personnage principal, il faut reconnaître que le fait de tenir un huis-clos sur un seul acteur coincé sur un voilier nécessitait un véritable talent de metteur en scène, ne serait-ce que pour gérer le rythme et les rebondissements, tout en restant globalement crédible et en se passant de dialogues explicatifs (le silence ou les bruits environnants sont en effet suffisamment parlants par eux-mêmes). Le pari est réussi, The boat parvenant à rester toujours assez tendu et intéressant pour ne pas perdre le spectateur en route : le spectacle est certes lent, mais tout à fait immersif, nous plongeant de force dans la situation du héros, isolé, désespéré, au point d’en perdre parfois ses réactions logiques. Intrigant du début à la fin, le film des frères Azzopardi fait donc partie de ces longs-métrages « concept » transformant leurs contraintes formelles en une originalité aussi rafraîchissante que réellement attachante. Alors on dit merci qui ? Non, pas Jacquie et Michel, suivez, un peu : Merci Metropolitan Vidéo pour la découverte.

Et voilà pour la note : 3,5 + un demi-point pour l’audace du choix éditorial = 4/5 pour un petit film qu’on a franchement envie de soutenir.

 

 

Le Blu-ray

[4/5]

Le Blu-ray de The boat édité par Metropolitan Vidéo rend justice à la belle photo du film signée Marek Traskowski, qui nous délivre avec régularité de très beaux plans, parfois franchement inattendus, même si les sublimes paysages de Malte ne sont pas totalement étrangers à l’affaire. La définition est au taquet, le piqué précis, les couleurs explosives et les noirs admirablement denses et profonds. Le film est naturellement proposé au format et en 1080p, bref c’est du tout bon, on peut applaudir des deux mains l’éditeur. Côté enceintes, le film est mixé en DTS-HD Master Audio 5.1 en VF et en VO, les deux versions sont quasiment identiques (à la limite, le film n’aurait pas été doublé c’était pareil), et se révéleront toutes deux assez dynamiques, surtout durant les scènes les plus tendues du métrage : la scène arrière est omniprésente et permet vraiment une immersion parfaite. Du beau travail acoustique. Pas de bonus, mais vous l’aurez compris à la lecture de la longue introduction de notre critique ci-dessus : la découverte d’un film tel que The boat dans le contexte économique actuel de la vidéo physique est, en soi, déjà un bonus.

 

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