Test Blu-ray : Stay Hungry

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Stay Hungry

États-Unis : 1976
Titre original : –
Réalisateur : Bob Rafelson
Scénario : Bob Rafelson
Acteurs : Jeff Bridges, Sally Field, Arnold Schwarzenegger
Éditeur : Bubbel Pop’ Edition
Durée : 1h43
Genre : Comédie
Date de sortie cinéma : 5 avril 1978
Date de sortie DVD/BR : 15 novembre 2024

Craig Blake est un jeune homme du Sud, né dans une famille aisée, mais laissé seul et oisif après la mort de ses parents dans un accident d’avion. Il passe son temps à pêcher, chasser et bricoler dans sa grande maison familiale à Birmingham, en Alabama, habitée uniquement par lui-même et un majordome. Blake est employé dans une entreprise d’investissement douteuse dirigée par un escroc rusé nommé Jabo. On lui demande de s’occuper de l’achat d’une petite salle de sport que la société achète pour faire place à un immeuble de bureaux. Il rencontre Joe Santo qui prépare son entraînement pour le titre de Mister Univers…

La naissance d’un nouvel éditeur

Comme le veut la tradition, et puisque c’est la toute première fois que l’on évoque leur travail, on voulait saluer la naissance d’une nouvelle petite structure spécialisée dans l’édition de Blu-ray / DVD : Bubbel Pop’ Édition.

Derrière Bubbel Pop’ Édition se cachent deux enfants des années 70 / 80, passionnés de cinéma et de musique : Rania Griffete et Stéphane Chevalier, dont l’objectif avoué est de redonner vie à des films « cultes » à travers des éditions Blu-ray les plus complètes et prestigieuses possible. Fort de leur expérience (ils ont réalisé plus de cinquante reportages, écrit et maquetté de nombreux livres, collaboré avec Rimini Éditions…), Stéphane et Rania souhaitent désormais travailler et communiquer sur des films qu’ils auront eux-mêmes sélectionnés, principalement des années 70 / 80. Afin de nous proposer des éditions indispensables, ils réalisent eux-mêmes des bonus exclusifs, s’envolant jusqu’à New York ou Los Angeles pour interviewer acteurs et réalisateurs.

Bubbel Pop’ Édition nous proposera donc une sélection originale de longs-métrages divers et variés, dont la particularité sera de nous être proposés dans des éditions Blu-ray soignées, sortant qui plus dans des tirages limités qui en feront des objets d’autant plus rares et précieux. On souhaite donc toute la réussite du monde à ce nouveau venu dans le monde de la vidéo physique. Le choix de devenir éditeur, surtout Blu-ray, est vraiment de nos jours une affaire de passion avant tout. Le choix de s’aventurer dans un secteur de niche (la vidéo physique au format Blu-ray) est toujours un risque.

Le catalogue de Bubbel Pop’ Édition ne compte à ce jour qu’un seul titre, Stay Hungry, disponible dans une prestigieuse édition Mediabook Blu-ray + DVD + Livre de 100 pages. Mais plusieurs titres sont prévus pour une sortie prochaine : Recherche Susan désespérément, avec Madonna et Rosanna Arquette, verra le jour le 6 décembre, également au format Mediabook Collector Blu-Ray + DVD + Livre. Et en 2025, cela continuera de plus belle puisque l’éditeur nous annonce déjà une édition Collector Blu-ray 4K Ultra HD de Requiem for a Dream, accompagnée d’un livre et d’une rétrospective de Darren Aronofsky, une édition Collector de In Bed with Madonna incluant une édition de la tournée de l’époque en vinyle, ou encore Et maintenant on l’appelle El Magnifico, un western spaghetti réalisé en 1972 par Enzo Barboni et mettant en scène l’excellent Terence Hill.

Et puisque Bubbel Pop’ Édition semble aimer Madonna, on leur fait remarquer que les très amusants Shanghaï Surprise (1986) et Who’s that girl (1987) sont toujours inédits en Haute-Définition, de la même façon que la plupart des films mettant en scène le duo Bud Spencer / Terence Hill – on pense à des films tels que Attention, on va s’fâcher ! (1974), Salut l’ami, adieu le trésor (1981) ou à Un drôle de flic (1980), avec Terence Hill en solo, un ancêtre du film du film de super-héros à la Marvel…

Plus d’informations sur le Facebook officiel de Bubbel Pop’ Édition !

Le Film

[3,5/5]

Il y a une malédiction autour du film Stay Hungry : celle de faire partie de la filmographie commune de deux personnalités fortes du cinéma américain. D’un côté, nous avons donc le réalisateur du film, Bob Rafelson, qui était parvenu, en l’espace de quelques films seulement, à s’imposer comme l’un des principaux et des plus talentueux représentants du « Nouvel Hollywood ». De l’autre, nous avons Arnold Schwarzenegger, – un acteur autrichien à l’ambition tellement dévorante qu’il ne tarderait pas à devenir un des rois du box-office international. Stay Hungry est donc à la croisée des chemins de ces deux filmographies incontournables, et par un étrange phénomène mathématique, c’est un peu comme si les deux « + » s’annulaient l’un l’autre.

De fait, depuis sa sortie dans les salles françaises en 1978, il semblait jusqu’ici en effet absolument impossible de revoir Stay Hungry, qui n’était jamais sorti au format VHS, et encore moins en DVD. Pourtant, le film aurait mérité d’être revu, d’autant qu’il se rapproche, dans son humour et son cynisme vis à vis des « institutions » américaines, du film précédent de Bob Rafelson, à savoir l’étonnant The King of Marvin Gardens, une œuvre déroutante et unique qui marchait sur un fil entre la comédie et le drame social, le tout agrémenté de quelques touches de surréalisme. De fait, avec le recul, pour les cinéphiles ne connaissant de Bob Rafelson que son film le plus connu Cinq pièces faciles, et pour ceux ne connaissant de Schwarzie que sa carrière post-Terminator, il est certain que Stay Hungry pourra apparaître comme un peu déstabilisant, voire même un peu bizarre.

Il est vrai que le sens de l’humour de Bob Rafelson est peu commun, et peut parfois laisser penser qu’il ménage la chèvre et le choux, ne se positionnant pas clairement. Le scénariste / réalisateur développe en effet tout au long de son intrigue une certaine tendresse pour certains de ses personnages, et Stay Hungry n’adopte pas la structure de la pure satire. Au lieu de cela, et comme dans son film précédent, Rafelson fait le choix de mélanger les genres et, tout en s’amusant beaucoup avec ses personnages les plus excentriques, émet un certain nombre d’observations factuelles sur une série de sujets sociaux sérieux, nous proposant par exemple une déconstruction assez précise du système qui permet à l’Amérique à choisir ses « gagnants ».

Stay Hungry n’épargne cependant personne non plus, n’hésitant pas à mettre en évidence les aspects les moins reluisants de ses personnages : Jeff Bridges, qui représente la bourgeoisie Sudiste, n’est pas toujours des plus sympathiques, notamment dans le racisme ordinaire et les relations de classe dont il fait preuve ; de plus, sa trajectoire professionnelle est intrinsèquement mêlée à la corruption et aux magouilles politiques. De plus, au départ, sa visite au club de gym l’Olympic Spa était liée au fait de convaincre son propriétaire (R.G. Armstrong) de vendre. Mais au lieu de cela, il commencera à sortir avec la pétillante réceptionniste Mary (Sally Field), et se liera d’amitié avec Joe Santo (Arnold Schwarzenegger), un bodybuilder autrichien qui a pu venir en Amérique grâce à l’aide financière du propriétaire du club et qui envisage maintenant de remporter un grand tournoi pour le rembourser.

Basé sur un roman de Charles Gaines, inventeur du paint-ball et grand amateur de bodybuilding, Stay Hungry nous rappelle à nouveau que Bob Rafelson était un homme intelligent qui savait mettre en évidence la laideur de l’Amérique tout en conservant un grand sens de l’humour. A ce titre, les vingt dernières minutes du film rappellent le comique volontiers surréaliste de The King of Marvin Gardens, mais en poussent encore un peu plus loin le délire, avec ses hordes de bodybuilders fous mettant la ville sens dessus dessous – on rit beaucoup, et l’esprit anticonformiste de l’ensemble parachève de faire Stay Hungry une expérience mémorable et absolument remarquable !

Et pour la petite histoire, les amateurs de cinéma fantastique seront sans doute contents de découvrir dans Stay Hungry une poignée de seconds-rôles dont la popularité explosera dans un film d’horreur au début des années 80 : Joe Spinell, futur Maniac de William Lustig, Robert Englund, qui ne tarderait pas à enfiler les gants à piques de Freddy Krueger dans Les Griffes de la nuit, et Scatman Crothers, futur Dick Halloran dans le Shining de Stanley Kubrick.

Le MediaBook Blu-ray + DVD + Livre 100 pages

[5/5]

Stay Hungry est donc la toute première sortie estampillée Bubbel Pop’ Édition, et le nouvel éditeur se devait de frapper un grand coup pour attirer le regard et impressionner le cinéphile français. Le soin éditorial apporté à l’ensemble est indéniable : le film de Bob Rafelson nous est présenté dans un superbe Combo Blu-ray + DVD + Livre de 100 pages, en MediaBook, ce qui prouve que Bubbel Pop semble bien motivé à se faire rapidement une place parmi les acteurs majeurs de l’édition vidéo en France. De plus, le fait de s’imposer dans une optique de « collection » est un signe manifeste que l’éditeur est de plus bien déterminé à fournir au consommateur des éditions « Collector » qui soient non seulement irréprochables d’un point de vue technique, mais qui s’imposent également comme de « beaux objets » de collection.

Côté master, l’apport HD est indéniable : le film retrouve ses couleurs, sa précision, et affiche une stabilité remarquable. Les contrastes et le niveau de détails sont sensiblement renforcés, le grain cinéma est respecté, et les couleurs sont naturelles. En deux mots comme en cent, c’est un vrai plaisir que de (re)découvrir Stay Hungry en Haute-Définition : une merveille. En ce qui concerne le son, seule nous est proposée la VO, en DTS-HD Master Audio 2.0 : même si la sortie du film dans les salles françaises en 1978 implique qu’un doublage français existe, il n’a pas été retrouvé. Quoiqu’il en soit, on se rabattra sur la version originale, qui nous propose une restitution des ambiances, de la musique et les dialogues assez fine, et ce même si les dialogues prennent souvent le pas sur les ambiances annexes. Les sous-titres ne posent pas de problème particulier.

Stay Hungry © 1976 Metro-Goldwyn-Mayer Studios Inc. All Rights Reserved. Package Design © 2024 Metro-Goldwyn-Mayer Studios Inc. All Rights Reserved. Licensed from Metro Goldwyn Studios In. and made available in France by Park Circus Ltd. through BUBBELCOM.

Dans la section suppléments, on trouvera tout d’abord le livre de 100 pages intégré au boîtier, et écrit par Christophe Chavdia, collaborateur régulier de Rimini Éditions, qui vient donc ici prêter main forte à Bubbel Pop en apportant son savoir-faire dans le domaine des bonus. Il nous livre d’ailleurs ici un travail d’archives et de remise en contexte extrêmement complet, revenant sur toutes les étapes de la création du film sans oublier son rapport à l’œuvre originale de Charles Gaines et la sortie du film aux États-Unis. Sur la galette Blu-ray à proprement parler, Bubbel Pop nous propose également pas mal de suppléments, ayant la particularité d’être exclusifs à cette édition. On commencera avec un premier entretien avec Joanna Cassidy (15 minutes). Elle commencera son intervention en évoquant l’autobiographie de Sally Field (« In Pieces », 2018), et qui y évoquait le comportement de Bob Rafelson sur le casting du film comme un « moment #MeToo », puis abordera ses souvenirs du tournage de Stay Hungry : si elle ne semble pas forcément porter Sally Field dans son cœur, elle ne tarit pas d’éloges concernant Arnold Schwarzenegger, un « vrai natif du lion » à la personnalité bigger than life. Durant les trois dernières minutes de son intervention, elle évoquera son rôle dans Blade Runner, ce qu’elle fera également au cours d’un deuxième entretien avec Joanna Cassidy (6 minutes), en revenant sur la personnalité de Ridley Scott, le rapport du cinéaste à la lumière, et le fait que son personnage de Zhora dans Blade Runner était une femme forte, qui pourrait être une source d’inspiration pour les jeunes d’aujourd’hui. Et comme elle n’assurait pas elle-même la danse de Zhora dans le film de Ridley Scott, elle révélera l’avoir refaite sur YouTube à l’âge de 68 ans.

On continuera ensuite pas une présentation du film par Samuel Blumenfeld (16 minutes), qui reviendra sur le contexte de production du film, insistant sur le fait que les acteurs étaient peu connus et que la « vraie » star au générique de Stay Hungry était Bob Rafelson. Il y évoquera la place du cinéaste au cœur du Nouvel Hollywood, sa capacité à saisir l’air du temps et à avoir su capter la vogue du fitness et sortir Arnold Schwarzenegger du « Ghetto du Culturisme ». Il conseille de visionner le film de Bob Rafleson en « double-programme » avec Pumping Iron, alias Arnold le magnifique, documentaire réalisé par George Butler et Robert Fiore en 1977, s’intéressant tout particulièrement au milieu du culturisme professionnel aux États-Unis. Enfin, et outre la traditionnelle bande-annonce du film, on terminera le tour des suppléments du Blu-ray par une présentation du film par Jean-Baptiste Thoret (42 minutes), grand spécialiste du Nouvel Hollywood, qui reviendra sur la carrière de Bob Rafelson, sur la création de la BBS, sur l’influence du film Le Propriétaire (Hal Ashby, 1970) sur la conception de Stay Hungry, sur le côté à la fois sombre et loufoque du film, et sur le fait qu’il s’agisse du troisième volet d’une trilogie « non officielle » dont les deux premiers volets étaient composés de Cinq pièces faciles et The King of Marvin Gardens. Il évoquera également la relation entre Charles Gaines et Bob Rafelson, et sur le fait qu’il avait demandé à l’auteur une liberté totale dans son adaptation du roman, qui de fait s’avère assez différent du matériau d’origine. Il évoquera également les acteurs du film et le fait que Stay Hungry soit à cheval entre le Nouvel Hollywood et le cinéma américain des années 80, qu’il annonce de façon quasi-prophétique avec sa scène lâchant les culturistes sur le monde. Intéressant !

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