Test Blu-ray : Star Trek Picard – Saison 1

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Star Trek : Picard – Saison 1


États-Unis : 2020
Titre original : –
Création : Alex Kurtzman
Acteurs : Patrick Stewart, Santiago Cabrera, Michelle Hurd
Éditeur : Paramount Pictures
Durée : 8h environ
Genre : Série TV, Science-Fiction
Date de sortie DVD/BR : 20 janvier 2021

Quatorze ans après avoir pris sa retraite de Starfleet, Jean-Luc Picard, toujours hanté par la mort de Data, mène une vie tranquille dans le vignoble familial lorsqu’une jeune femme vient lui demander de l’aide…

La saison

[4/5]

Si en France, le public semble définitivement acquis à Star Wars, l’opposition entre la saga de SF créée par George Lucas et l’univers Star Trek est l’objet d’une guéguerre sans fin outre-Atlantique depuis de nombreuses années. Après plusieurs années de silence radio, CBS s’est d’ailleurs récemment replongé à corps perdu dans la saga Star Trek à travers deux séries revisitant les motifs les plus populaires de la franchise : Star Trek : Discovery, se déroulant quelques années avant la série originale (1966-1969), et Star Trek : Picard, qui quant à elle se situe une vingtaine d’années après la fin de la série Star Trek : The next generation (1987-1994).

Star Trek : Picard est donc la septième série en prises de vue réelles de l’univers Star Trek, et nous permet de retrouver le capitaine Jean-Luc Picard deux décennies après le neuvième film de la saga, Star Trek : Nemesis, sorti sur les écrans du monde entier en 2002. D’entrée de jeu, une chose est donc sûre et certaine : le néophyte totalement étranger aux différentes occurrences du show durant ces vingt-cinq dernières années aura probablement un peu de mal à trouver ses marques parmi la multitude de mondes et de concepts liés aux différentes séries et films l’ayant précédé. Pour autant, les auteurs de Star Trek : Picard semblent avoir tout fait pour que tout le monde s’y retrouve, que l’on connaisse ou pas Picard et sa clique.

Retraité de Starfleet depuis quatorze ans, l’amiral Picard (Patrick Stewart) ne tardera donc pas à se retrouver confronté à des événements surgis de son passé, et plus particulièrement liés au personnage de Data (Brent Spiner), un « synthétique » (androïde) faisant partie de l’équipage de l’Enterprise dans Star Trek : The next generation. Entretemps, l’usage des synthétiques a été prohibé par la Fédération suite à une attaque sur Mars par un groupe d’androïdes renégats, mais la découverte d’une synthétique semblant être la fille de Data va forcer Picard à reprendre du service, contre l’avis de Starfleet qui ne voit dans les propos de l’ex-capitaine que les divagations d’un vieux fou…

Si bien sûr Star Trek : Picard fait la part belle au « fan service » avec l’apparition de nombreux personnages tirés de séries antérieures (Data, Seven of Nine, William Riker, Deanna Troi), la série ne s’en impose pas moins comme une entité autonome, développant une intrigue dense et détaillée. Les nouveaux venus, non familiers avec l’univers Star Trek, devraient donc globalement s’y retrouver, tout en caressant l’envie d’en apprendre davantage sur les différents personnages croisés au fil des dix épisodes de ce nouveau show. Pour ce faire, il faudra se tourner vers les séries et films antérieurs allant, en gros, de Star Trek : The next generation à Star Trek : Voyager (1995-2001) en passant par les trois films de cinéma sortis entre 1996 et 2002 (Premier contact, Insurrection et Nemesis).

Pour les fans de longue date de la franchise, Star Trek : Picard s’avérera en revanche un véritable régal, liant plusieurs fils narratifs tout en se concentrant sur un amiral Picard que l’on découvre âgé et amoindri, marqué par l’échec de sa tentative de sauvetage de Romuliens condamnés ayant finalement abouti à sa rupture avec Starfleet. Une grande partie des thématiques développées sur cette première saison de Star Trek : Picard se concentre en effet sur la « renaissance » de Picard,sur cet ultime baroud d’honneur lui permettant à nouveau de « faire le bien » dans la galaxie à l’aune de sa propre boussole morale, et en ignorant largement les ordres de Starfleet lui intimant de mettre un terme à son opération.

Le spectacle que nous propose Star Trek : Picard fonctionne donc plutôt bien, notamment grâce à une histoire qui relie plusieurs composants clés de l’univers Star Trek autour de préoccupations plutôt contemporaines, tournant notamment autour de l’intelligence artificielle et sur la notion de « libre arbitre » des robots. Durant les décennies 80/90, l’essentiel de la science-fiction développée par les séries Star Trek avaient un rapport ténu avec la conquête de l’espace et la découvertes d’intelligences nouvelles. Aujourd’hui, la donne a considérablement changé, et l’intrigue de Star Trek : Picard s’en fait forcément l’écho…

Cette évolution est somme toute logique : il y a 25 ans, à l’époque de Star Trek : The next generation, le symbole le plus marquant en matière d’intelligence artificielle était sans doute « Deep Blue », la machine ayant réussi à battre Kasparov aux échecs. Aujourd’hui en revanche, la situation a énormément changé, et l’IA est devenue une préoccupation majeure au sein de la société, notamment avec le développement du deep learning en 2014/2015. De nombreux scientifiques (Stephen Hawking, Bill Gates, Elon Musk) ont ainsi publiquement fait part de leurs craintes liées au fait que l’intelligence artificielle puisse dépasser l’intelligence humaine. Pour Raymond Kurzweil et les théoriciens du mouvement transhumaniste, l’emballement de la croissance technologique autour de l’IA induira inévitablement des changements au sein de la société humaine dans les années à venir : c’est la notion de « singularité technologique ».

Ces interrogations très contemporaines induites par le développement de l’intelligence artificielle se retrouvent donc clairement au cœur de la première saison de Star Trek : Picard, qui ne se déroule plus tant que ça dans l’espace et/ou dans des vaisseaux spatiaux, mais explore d’autres horizons, assez passionnants, et proposant une résonnance toute particulière avec notre « présent ». Et comme le champ des questions vis-à-vis de l’évolution et de l’éthique des technologies est vaste, une saison ne suffira sans doute pas entièrement à explorer les différentes possibilités offertes par Star Trek : Picard. Ça tombe bien, trois saisons sont déjà en prévision, et la deuxième devrait débarquer sur CBS courant 2021.

Le coffret Blu-ray

[4,5/5]

C’est Paramount Pictures qui sort aujourd’hui la première saison de Star Trek : Picard sur support Blu-ray, et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’éditeur a plutôt soigné sa copie : le résultat est superbe, définition au taquet, piqué d’une précision redoutable, couleurs éclatantes de naturel… Les scènes nocturnes ne marquent par ailleurs aucune baisse de définition – on est vraiment en présence d’un beau coffret, proposant un excellent boulot technique. Même constat d’excellence pour les pistes son : la VO est mixée en DTS-HD Master Audio 5.1 et s’impose sans peine par son dynamisme de tous les instants, proposant des effets parfois surprenants, dont l’impact est encore renforcé par un caisson de basses survitanimé. La répartition et le placement des voix est très subtil et le tout délivre une parfaite efficacité, c’est absolument grandiose.

La version française, proposée en Dolby Digital 5.1, a en revanche forcément un peu de mal à tenir la distance en comparaison, mais parvient néanmoins à nous proposer une bonne immersion. On notera que le doublage de Picard est assuré par Pierre Dourlens, déjà à l’œuvre sur la saga X-Men, mais pas sur Star Trek : The next generation, où la voix de Patrick Stewart était doublée par Alain Choquet.

Du côté des suppléments, on trouvera tout plein de bonus répartis sur les trois Blu-ray qui composent le coffret. On notera tout d’abord que chacun des dix épisodes de la saison se verra accompagné de son « journal de bord », c’est-à-dire d’une featurette durant entre 4 et 8 minutes et nous proposant de découvrir les coulisses de chaque épisode. Détails techniques, anecdotes, entretiens avec les acteurs et l’équipe, etc. C’est intéressant, et la courte durée de chacun des modules ne permet aucun ennui.

On continuera ensuite avec un commentaire audio / vidéo en mode Covid sur le premier épisode (VOST) : la « distanciation sociale » y est de rigueur. Alex Kurtzman, Akiva Goldsman, Michael Chabon, Hanelle M. Culpepper et Kirsten Beyer interviendront donc en apparaissant dans de petites cases le long du côté droit de l’écran. On continuera ensuite avec un intéressant court-métrage prenant place dans l’univers de la série, intitulé Les enfants de Mars (8 minutes, HD, VF+VOST). Ce dernier reviendra sur deux enfants dont la vie a été affectée par la tragédie ayant pris place sur Mars. Il est proposé avec un commentaire audio d’Alex Kurtzman, Jenny Lumet et Kirsten Beyer, malheureusement non sous-titré.

Sur le premier et le troisième Blu-ray, on trouvera également une poignée de scènes coupées, ayant le fâcheux défaut d’être extrêmement courtes, sauf dans le cas du premier épisode. Mais ce n’est pas tout, puisque Paramount nous propose également de nous plonger de façon un peu plus approfondie dans le processus de fabrication de la série. On commencera avec un intéressant making of (« Qu’il en soit ainsi », 10 minutes), qui reviendra sur les différents défis que représentait Star Trek : Picard. La difficulté de se créer une « identité » après six séries consécutives, retravailler sur des personnages existants, l’évolution du personnage de Picard seront entre autres les thèmes évoqués par l’équipe.

On reviendra ensuite sur la conception et la fabrication des « ex-Borgs » que l’on voit fréquemment tout au long de la saison, et ayant la particularité d’avoir sur le visage des traces de leurs casques Borgs (« Les aliens vivants », 13 minutes). Un regard appuyé sera également porté sur les accessoires de la série (13 minutes) ainsi que sur les décors-clés (« Mise en place », 15 minutes), tels que le Château Picard, le cube Borg ou le vaisseau de Rios. On aura également droit à un retour sur les nouveaux personnages de la série, décrits et défendus par les acteurs qui les incarnent (« Drôle de bande », 19 minutes). Enfin, et parce que l’on sait que c’est bon de rire parfois, on terminera avec un amusant bêtisier (8 minutes).

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