Test Blu-ray : Scary stories

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Scary stories

 
États-Unis, Canada : 2019
Titre original : Scary stories to tell in the dark
Réalisation : André Øvredal
Scénario : Dan Hageman, Kevin Hageman, Guillermo del Toro
Acteurs : Zoe Margaret Colletti, Michael Garza, Gabriel Rush
Éditeur : Metropolitan Vidéo
Durée : 1h47
Genre : Fantastique, Horreur
Date de sortie cinéma : 21 août 2019
Date de sortie DVD/BR : 4 janvier 2020

 

Dans un manoir abandonné, un groupe de jeunes trouve un livre qui raconte des histoires terrifiantes. Mais cette trouvaille n’est pas sans conséquence : la lecture du livre permet à ses effroyables créatures de prendre vie… La petite ville va alors faire face à une vague de morts particulièrement atroces, et chacun devra affronter ses pires peurs pour sauver les habitants et arrêter ce carnage…

 


 

Le film

[4/5]

Si le titre original du dernier film d’André Øvredal n’évoquera probablement pas grand-chose aux cinéphiles français, il n’en est pas de même dans les pays anglophones : la série de livres jeunesse « Scary stories to tell in the dark », prenant la forme de trois recueils écrits par Alvin Schwartz entre 1981 et 1991, y est en effet l’objet d’un culte aussi ardent que vivace. Avec sept millions de livres vendus en l’espace de 40 ans, on pourrait même dire que l’œuvre de Schwartz occupe aux États-Unis une place presque aussi importante que le cultissime Max et les maximonstres de Maurice Sendak (« Where the wild things are »), qui s’y est certes écoulé à plus de dix millions d’exemplaires, mais sur une période de 55 ans. Il n’y a d’ailleurs point à douter que la sortie du film, raccourci en Scary stories chez nous, devrait booster les ventes des livres d’Alvin Schwartz durant quelques mois.

Si elle est sans doute elle-même une enfant des Creepy, The vault of Horror et autres Tales from the crypt des années 50/60, la saga « Scary stories to tell in the dark » a également donné naissance à plusieurs rejetons illégitimes, le plus célèbre étant R. L. Stine, qui prendrait le relais d’Alvin Schwartz dans l’exploration des histoires horrifiques teintées de folklore et de légendes urbaines à destination des enfants. Stine toucherait d’ailleurs le jackpot avec sa série de romans jeunesse « Chair de poule » (« Goosebumps ») – dont le premier volume est paru quelques mois à peine après la mort d’Alvin Schwartz.

La présence au générique de Scary stories du nom de Guillermo del Toro (aux postes de producteur et de coscénariste) ne fera naturellement que renforcer l’intérêt pour cette plongée dans le folklore horrifique américain. Malgré ce qu’on peut lire un peu partout sur le Net, le film d’André Øvredal ne prend néanmoins pas la forme d’une anthologie ou d’un « film à sketches » à proprement parler, même si le récit met en scène plusieurs nouvelles imaginées par Alvin Schwartz. La trame générale est inspirée de la nouvelle « The haunted house », et autour de cette histoire s’articuleront plusieurs autres récits : « Harold », avec son épouvantail revanchard, « The big toe », qui met en scène un mort-vivant venu récupérer son gros orteil disparu, « The red spot » et sa morsure d’araignée qui dégénère, « The dream », avec une dame blanche bien flippante, et enfin une dernière histoire mettant en scène un croque-mitaine tout tordu dont le corps est composé de plusieurs morceaux de cadavre – qui mélange des éléments tirés des nouvelles « What do you come for ? », « Aaron Kelly’s bones » et « Me tie dough-ty walker ». Si vous voulez vous lancer dans la lecture des histoires d’horreur imaginées par Schwartz, les trois recueils viennent de paraître sous la forme d’une anthologie chez Castelmore sous le titre « Scary Stories – Histoires effrayantes à raconter dans le noir ». Elles sont restées inédites en français jusqu’en 2019.

Si on insiste autant sur les livres à l’origine du film, c’est que Scary stories s’avère un véritable petit trésor du point de vue du production design, non seulement dans sa reconstitution de l’Amérique de 1968 mais aussi et surtout dans la façon dont le film donne véritablement vie aux illustrations de Stephen Gammell, dont l’étrangeté et la folie sont reprises ici avec un soin et une fidélité vraiment remarquables. Ainsi, pour apprécier le film d’André Øvredal à sa juste valeur, on vous conseillerait presque de le visionner avec le bouquin sur les genoux, ne serait-ce que pour vous rendre compte du boulot effectué par les équipes du film afin de retrouver l’essence des dessins macabres de l’illustrateur. Mis en scène de façon ingénieuse, le film s’avère également une réussite du point de vue de l’adaptation des nouvelles d’Alvin Schwartz, qui étaient conçues comme des courts récits issus de la tradition orale, à raconter au coin du feu. L’articulation des différents récits autour d’un seul et même groupe de personnages aurait pu s’avérer casse-gueule, mais elle fonctionne plutôt bien car chacun d’entre eux possède une personnalité bien définie, et que le sous-texte vis-à-vis du « poids des mots » au centre du film – les histoires apparaissent au fur et à mesure, dictant aux personnages leurs actions futures – prend une importance assez considérable étant donné que les auteurs ont choisi de placer l’intrigue en 1968, pendant la campagne opposant Richard Nixon à Hubert Humphrey pour la succession de Lyndon Johnson, et alors que les jeunes américains s’engageaient en masse pour l’abattoir au Viêt Nam.

En deux mots comme en cent, Scary stories est un film fantastique classique mais généreux, alliant poésie, rêve et réalité, angoisse et humanité. De plus, à la façon d’un S.O.S fantômes ou d’un Beetlejuice, il constitue ce qu’on pourra sans peine considérer comme une excellente « passerelle » d’accès au genre fantastique, qui permettra aux plus jeunes cinéphiles de se lancer dans le genre fantastique sans risquer de se taper des nuits blanches par la suite. Encore que certaines visions proposées par le film risquent bien d’en impressionner durablement certains… Et pas forcément que les enfants !

 

 

Le Blu-ray

[4,5/5]

Même s’il s’agit à coup sûr de l’un des meilleurs films d’horreur sortis dans les salles en 2019, le Blu-ray de Scary stories édité par Metropolitan Vidéo nous arrive presque timidement, sans grand renfort de promo. Peut-être cette timidité est-elle due à son relatif insuccès dans les salles l’été dernier – 211.000 spectateurs sur 261 copies, il aurait mérité mieux – mais on espère que sa sortie en vidéo permettra au film de trouver le chemin de vos cœurs autant que de vos DVD / Blu-raythèques… D’autant que la galette Haute Définition que nous propose aujourd’hui Metropolitan est comme d’habitude extrêmement fréquentable ! Le film est bel et bien proposé en 1080p, le piqué est précis, les couleurs explosives, les noirs denses et admirablement rendus… L’ensemble compose avec un master récent et fort logiquement flambant neuf. En un mot, c’est du tout bon, et ce n’est pas la partie son qui mettra l’éditeur en difficulté puisque les deux mixages (VF / VO) sont proposés en DTS-HD Master Audio 5.1, fins et très spectaculaires, même si l’on note une légère domination de la version originale dans la répartition des voix et des effets.

Du côté des suppléments, on trouvera, outre la traditionnelle poignée de bandes-annonces éditeur, une série de featurettes qui, mises bout à bout, nous proposent un survol de la production assez complet, quoi que très promotionnel. On commencera avec un entretien avec Guillermo del Toro (« Histoires effrayantes », 5 minutes) qui permettra au producteur du film d’évoquer la série de livres d’Alvin Schwartz ainsi que le travail d’adaptation des nouvelles. On continuera ensuite avec un module consacré au style et à l’ambiance du film (« L’horreur à l’ancienne », 5 minutes), et à son refus d’aborder l’horreur par le prisme du « jump scare ». On s’attardera ensuite sur le production design du film, avec un retour sur le décor de la maison hantée (« Le manoir des Bellows », 4 minutes), puis sur la conception et la fabrication des différents monstres (« Les créatures des ténèbres », 12 minutes). On aura également droit à deux montages d’images du tournage (5 minutes), pour terminer avec un bonus caché (24 minutes), qui consiste en un montage des « résumés » montés par le réalisateur André Øvredal à la fin de chaque semaine de tournage, contenant de nombreuses séquences inutilisées dans le montage final. Passionnant !

 

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