Test Blu-ray : Salvatore Giuliano

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Salvatore Giuliano

Italie : 1961
Réalisation : Francesco Rosi
Scénario : Francesco Rosi, Suso Cecchi d’Amico, Enzo Provenzale, Franco Solinas
Acteurs : Salvo Randone, Frank Wolff, Sennuccio Benelli
Éditeur : StudioCanal
Durée : 2h04
Genre : Biographie, Drame
Date de sortie cinéma : 1 mars 1963
Date de sortie DVD/BR : 31 mai 2023

Juillet 1950. Le cadavre du bandit sicilien Salvatore Giuliano est découvert dans la cour d’une maison de Castelvetrano. Un commissaire y dresse un bref constat, des journalistes recueillent quelques renseignements. Plus tard, son corps est exposé à Montelepre, sa commune natale , la foule vient s’y recueillir, sa mère le pleure…

Le film

[5/5]

Comme son titre ne l’indique pas forcément d’entrée de jeu (surtout avec un décalage de soixante années par rapport à sa sortie dans les salles), Salvatore Giuliano est un biopic signé Francesco Rosi (Main basse sur la ville) consacré un paysan, hors-la-loi et indépendantiste sicilien. Ce dernier était souvent comparé à Robin des Bois dans la culture populaire italienne, notamment parce qu’il avait créé un vaste réseau de contrebande de denrées alimentaires sur le marché noir dans les années 40, alors que l’Italie était ravagée par la Seconde Guerre mondiale. S’il était déjà considéré comme une véritable légende de son vivant, le récit de sa vie a largement été mythifié après sa mort en 1950, ce qui en fait un « personnage » historique tellement « Bigger than life » qui sied de la meilleure manière qui soit à ce genre de film. Le genre du Biopic ou de la biographie filmée n’aime pas les personnages tièdes, et quitte à condenser une vie en l’espace de deux heures, autant le faire avec panache…

Faire un film sur la vie d’une personne ayant réellement existé est toujours une proposition délicate, et Francesco Rosi est en parfaitement conscient : c’est encore plus difficile lorsqu’il s’agit d’aborder la vie et l’héritage d’un hors-la-loi notoire. Pour autant, avec Salvatore Giuliano, le cinéaste évite de façon assez brillante la plupart des écueils inhérents à la représentation d’un homme aussi controversé. Sa méthode est en réalité assez simple, quoi que clairement inhabituelle, et consiste à mettre en place le contexte historique, social et politique de façon très précise tout en prenant ses distances avec le personnage-titre en lui-même.

D’une façon assez singulière, on verra donc finalement assez peu Giuliano tout au long de Salvatore Giuliano : d’une façon extrêmement habile, le film embarquera le spectateur au cœur des différents moments marquants de son histoire personnelle, mais passera finalement plus de temps à examiner ses méthodes à travers les yeux de ceux qui, entre 1946 et 1951, ont travaillé à ses côtés, sous ses ordres, ainsi que bien entendu de ceux qui enquêtent sur son assassinat, puisque le film nous relate l’existence du personnage sous la forme de flash-backs, à la façon du Citizen Kane d’Orson Welles. Par conséquent, on en viendrait presque à penser qu’avant d’être un portrait du hors-la-loi sicilien, Salvatore Giuliano est surtout un film sur l’Italie de l’époque : à travers les événements qui nous sont relatés à l’écran, Franceso Rosi nous permet avant tout de mieux comprendre l’effet qu’a pu avoir Giuliano sur son pays, à une époque pour le moins tumultueuse.

Pour autant, Salvatore Giuliano n’en demeure pas moins un spectacle vraiment captivant. La façon dont Francesco Rosi parvient à placer son public au cœur de l’action donne presque au film des allures de documentaire, avec un côté extrêmement viscéral. Les scènes de foule, en particulier, sont criantes de vérité et de réalisme. Tourné dans des décors réels et interprété avec une conviction absolue par une distribution qui ne comptait que deux acteurs professionnels, Salvatore Giuliano réussit donc le tour de force de capter constamment l’attention du public grâce à une narration efficace et, bien sûr, à la superbe photo noir et blanc de Gianni Di Venanzo. Assurément « LE » chef d’œuvre de la carrière de Francesco Rosi !

Le Combo Blu-ray + DVD

[4,5/5]

Très attendu au France au format Blu-ray, Salvatore Giuliano arrive donc enfin sur les linéaires de vos meilleurs dealers de culture, sous les couleurs de StudioCanal. A cette occasion, le film de Francesco Rosi intègre la prestigieuse collection « Make My Day ! » dirigée par Jean-Baptiste Thoret, et portera le numéro #59. Comme d’habitude avec l’éditeur, le film s’affichera dans des conditions techniques irréprochables, au nanti d’un superbe packaging Combo Blu-ray + DVD : l’habituel et néanmoins classieux digipack nanti d’un sur-étui cartonné, illustré par Vladimir Thoret, qui nous propose à nouveau un beau travail de création graphique ne se contentant pas de « recycler » l’affiche du film. Un bien « bel objet », qui s’harmonisera parfaitement avec les autres Combos de la collection « Make My Day ! » qui ornent à coup sûr déjà vos étagères.

Techniquement, aussi bien côté image que côté son, Salvatore Giuliano affiche une forme insolente : l’image est d’une belle stabilité, le grain d’origine est scrupuleusement respecté, le piqué est d’une étonnante précision et les contrastes pointus accentuent l’impression de profondeur de l’ensemble et sublime littéralement la photo noir et blanc de Gianni Di Venanzo. Côté son, le film est proposé soit en VF soit en VO italienne, dans des mixages DTS-HD Master Audio 2.0 mono d’origine, propres et clairs, restituant parfaitement les dialogues.

Un travail technique remarquable donc, qui se prolongera évidemment du côté des suppléments, puisque StudioCanal et Jean-Baptiste Thoret nous proposent ici un peu plus d’une heure de bonus, qui ont la particularité – notable – d’être variés et toujours passionnants. On commencera avec une présentation du film par Jean-Baptiste Thoret (8 minutes), qui mettra à jour la « méthode » Francesco Rosi, et la façon dont le cinéaste nous proposera un état des lieux de la société italienne d’après-guerre. On continuera ensuite avec un entretien avec Francesco Rosi (12 minutes), au cœur duquel le cinéaste dressera sa « note d’intention » concernant Salvatore Giuliano, et on terminera avec une analyse du film par Michel Ciment (42 minutes), extrêmement complète, qui commence en remettant le film dans son contexte historique ainsi que dans la carrière de Francesco Rosi, et se prolongera avec un intéressant retour sur les acteurs, l’équipe et les thématiques du film.

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