Test Blu-ray : Prospect

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Prospect

États-Unis, Canada : 2018
Titre original : –
Réalisation : Christopher Caldwell, Zeek Earl
Scénario : Christopher Caldwell, Zeek Earl
Acteurs : Pedro Pascal, Sophie Thatcher, Jay Duplass
Éditeur : Condor Entertainment
Durée : 1h40
Genre : Science-Fiction
Date de sortie DVD/BR : 25 septembre 2019

Adolescente idéaliste, Cee accompagne son père dans son quotidien de prospecteur spatial, en quête de ressources rares qu’ils revendent à de puissants industriels. Lorsqu’ils sont dépêchés sur la Lune verte, à la recherche d’un précieux minerai, Cee et son père voient une occasion unique de faire fortune et de pouvoir enfin mener la vie qu’ils désirent. Mais ils sont loin d’être seuls à convoiter cette mine sur cette planète recouverte d’une jungle hostile, et leur quête se transforme peu à peu en une quête désespérée pour la survie…

Le film

[4,5/5]

Depuis Tarkovski, il existe une véritable tradition du film de science-fiction à petit budget, utilisant le futur comme un prétexte à délivrer un message plus grand, plus philosophique que le simple space opera popularisé par la saga Star wars. Brillant récit de coming of age situé « dans une galaxie lointaine, très lointaine », Prospect s’inscrit globalement dans cette mouvance de SF initiée par Solaris.

Pour autant, et malgré un budget que l’on imagine fort limité, les deux scénaristes / réalisateurs du film, Zeek Earl et Chris Caldwell, s’appliqueront tout de même à plonger le spectateur dans un univers complexe et cohérent, développé avec soin et faisant preuve d’un souci du détail très poussé. En effet, si la mise en scène ne s’avère jamais ni démonstrative ni ostentatoire, on dénotera forcément, au fur et à mesure que l’intrigue de Prospect avance, de nombreux accessoires, costumes, éléments de langage ou de décor qui contribuent à étoffer et à crédibiliser un univers vraiment réaliste, de petits détails d’autant plus étonnants qu’ils ne sont jamais explicités de façon didactique dans le récit. Pour ne citer que quelques exemples, on notera l’application des cinéastes à montrer des vaisseaux et combinaisons spatiales usés jusqu’à la corde par une utilisation que l’on imagine intensive, ou celle visant à insister sur les gestes techniques lors de l’extraction des cristaux. Dans les décors, on remarquera la redondance dans différents lieux d’un étrange motif religieux – allant plus chercher du côté de Lovecraft que du traditionnel symbole christique – ou encore le fait de ne montrer que des nourritures ornées d’idéogrammes japonais, comme si toute la production de bouffe était centralisée au même endroit. Autant d’infimes détails qui peuvent certes paraître insignifiants au premier abord, mais qui contribuent à la construction mentale que se fera le spectateur de l’univers au cœur duquel les personnages évoluent…

Et pour ne rien gâcher, il y a ces décors, superbes, à la fois familiers et étranges, magnifiés durant de rares instants de calme par la photo du film, signée Zeek Earl lui-même. Bien sûr, presque cinquante ans après Solaris ou THX-1138, les techniques d’effets spéciaux ont considérablement évolué, et il est maintenant possible de créer, même avec un budget serré, un monde de science-fiction crédible dans forcément jouer la carte de l’ascétisme forcené. Mais Prospect ne se limite pas non plus à son univers et à ses belles images, puisqu’il suit la trajectoire de deux personnages complexes et attachants, incarnés par Sophie Thatcher (formidable mélange de force et de fragilité) et Pedro Pascal, personnage-titre de la série The Mandalorian dérivée de la saga Star Wars, et que l’on pourra suivre à partir du mois de novembre sur Disney+. La défiance mais également l’attachement entre les deux personnages principaux sont amenés avec une remarquable subtilité, puisqu’ils seront dans un premier temps alliés pour des raisons pragmatiques avant de se découvrir l’un l’autre dans une relation finalement proche de celle unissant un père à sa fille.

Le dosage entre action, émotion et la mise en place d’un « monde » diégétique vaste et passionnant est également un des points forts de Prospect : le rythme est soutenu et ne trahit jamais les origines du film, tiré d’un court-métrage réalisé par Zeek Earl et Chris Caldwell en 2014. L’expérience au contraire est vraiment intense et mémorable, à l’image de cette séquence finale qui devrait rester gravée dans bien des mémoires. Autant dire que l’on tient là une immense réussite de « petit » film de SF.

Le Blu-ray

[4,5/5]

Côté Blu-ray, la sublime photo de Prospect s’avère parfaitement rendue à l’écran par un transfert aux petits oignons mitonné par Condor Entertainment : les séquences de jour affichent une précision et un niveau de détail assez époustouflant. Les contrastes auraient certes pu afficher légèrement plus de pêche, mais la tenue des noirs est particulièrement bien gérée, rendant les passages nocturnes tout à fait solides. Niveau son, VF et VO sont proposées dans des mixages DTS-HD Master Audio 5.1 d’une étonnante sobriété. L’immersion est bonne pour le spectateur, mais la spatialisation joue la carte de l’ambiance, discrète, mais collant finalement assez bien à l’esprit du film et se révélant souvent très efficace.

Mais le Blu-ray de Prospect nous réserve une surprise est de taille. En effet, après une dizaine d’années passées à ne sortir que des Blu-ray encodés en 1080i, Condor Entertainment semble enfin avoir pris en compte les récriminations des consommateurs français : le film de SF de Zeek Earl et Chris Caldwell est donc bel et bien proposé en 1080p, respectant le défilement original de 24 images par seconde. On salue l’éditeur pour cette décision économiquement courageuse, à une époque où les ventes de cinéma sur support physique périclitent de plus en plus sous le poids des téléchargements illégaux et des plate-formes de VOD telles que Netflix.

Du côté de la section suppléments, on trouvera un court mais très synthétique making of (5 minutes), qui reviendra essentiellement sur la notion de « souci du détail » que l’on a évoqué un peu plus haut. On continuera ensuite avec deux scènes coupées (7 minutes), l’une prenant place au tout début du film et introduisant un personnage inédit, l’autre étant une version étendue de l’anecdote du personnage d’Ezra (Pedro Pascal) sur les rats. Enfin, on appréciera la présence de trois analyses de scènes : on y découvrira les premières scènes dans le vaisseau commentées par Zeek Earl et Ian Hubert, responsable des effets visuels (5 minutes), la présentation du camp de mercenaires commentée par Aidan Vitti (7 minutes), costumière, et enfin la première apparition d’Ezra, commentée par les deux réalisateurs et Matt Acosta, production designer (5 minutes). Trois modules riches en informations sur la genèse du film ! Notre seul regret concernant l’interactivité proposée par Condor Entertainment : on aurait aimé pouvoir découvrir Prospect, le court-métrage à l’origine du film, réalisé en 2014. Pour les curieux, ce dernier est néanmoins disponible sur YouTube !

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