Test Blu-ray : Primal – Saison 1

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Primal – Saison 1


États-Unis : 2019
Titre original : Genndy Tartakovsky’s Primal
Création : Genndy Tartakovsky
Voix : Aaron LaPlante, Tom Kenny, Jon Olson
Éditeur : Warner Bros.
Durée : 3h40 environ
Genre : Série TV, Animation
Date de sortie DVD/BR : 9 juin 2021

Un homme des cavernes à l’aube de l’évolution et un dinosaure au bord de l’extinction se lient d’amitié par la tragédie, cette amitié improbable devient le seul espoir de survie dans un monde primaire violent…

La saison

[5/5]

La réussite flamboyante de Primal n’est pas une surprise, pour qui connaissait déjà le génial Genndy Tartakovsky. De son vrai nom Genndy Borisovich Tartakovsky est un animateur, réalisateur et producteur américain d’origine russe né en 1970, et repéré au milieu des années 90 avec Le laboratoire de Dexter, série produite par Hanna-Barbera et diffusée sur Cartoon Network. Avec son ami Craig McCracken, il s’implique dans la production de la série Les Supers Nanas et assure la direction artistique du film Les Supers Nanas : Le film (2002).

La carrière de Tartakovsky décollera réellement en 2004, quand il remportera deux Emmy Awards pour ses séries Samouraï Jack et Star Wars: Clone Wars. Après avoir réalisé un prologue animé au film Priest en 2007 et créé quelques storyboards pour le film Iron Man 2 en 2010, il intègre finalement Sony Pictures Animation, pour qui il réalisera, en collaboration étroite avec Adam Sandler, les trois premiers films de la franchise Hôtel Transylvanie (2012-2018). En juillet 2012, il signe un contrat à long terme avec Sony pour le développement et la réalisation de ses propres projets.

C’est ainsi que fut possible le retour de Samurai Jack, série à l’origine interrompue en 2004, qui revint finalement sur les écrans au printemps 2017. Cette cinquième et ultime saison avait pour but de conclure l’histoire de Jack, et fut diffusée non plus en journée sur Cartoon Network mais au cœur de la tranche de fin de soirée [Adult swim], en raison de son caractère plus adulte et sombre. Pour autant, la collaboration avec Sony ne fut pas tout à fait sans heurts : le projet Popeye, qui devait devait à l’origine sortir courant 2016, fut annulé suite à des « divergences artistiques » entre Genndy Tartakovsky et Sony Pictures Animation. Au terme de quelques années de luttes, le projet fut finalement relancé en 2020, toujours avec Tartakovsky à la barre, mais aucune date de sortie n’est encore annoncée à ce jour.

Primal est un projet de longue date pour Genndy Tartakovsky, mais ce dernier l’avait finalement abandonné, tout simplement parce que ce dernier ne lui correspondait pas à l’époque où il l’avait envisagé : à ses débuts, Tartakovsky misait en effet tout sur le rythme et l’énergie, avec des séries qui allaient à 100 à l’heure, quitte à sacrifier un peu ses personnages, qui se construisaient sur la durée, au fil des épisodes. C’était une approche inimaginable concernant Primal, qui nécessitait que le spectateur « croie » dans les personnages, et dans l’étrange lien se créant entre les deux héros, qui sont très différents (un homme / un dinosaure) mais qui s’avèrent liés par la tragédie.

Cependant, après Le laboratoire de Dexter, qui développait une créativité bouillonnante typique des premières œuvres, Genndy Tartakovsky avait peu à peu appris à canaliser son énergie, pour le bien de ses projets, et à ralentir le tempo afin de mieux organiser ses idées et ses thématiques. Ainsi, durant la production de la cinquième saison de Samurai Jack, l’idée d’une série sans dialogues, alternant les passages de calme et d’extrême violence, finit par s’imposer à l’esprit du réalisateur.

On balaiera donc d’un revers de la main le fait que 65 millions d’années séparent la disparition du dernier dinosaure et l’apparition du premier homme sur Terre : Genndy Tartakovsky convoque en effet avec Primal un imaginaire de Fantasy, d’horreur, d’action et d’aventure, tout à la fois inspiré de H.G. Wells, de Conan Doyle, du Serial des années 1910 / 1920, des pulps ou encore du cinéma de genre. Chaque épisode nous invite à suivre une étape du voyage de Spear et Fang (les noms attribués aux personnages), et la série ne tardera pas à trouver son propre rythme, sa respiration assez unique, avec une tonalité oscillant avec brio de l’émotion pure au fun le plus décomplexé.

Œuvre « de la maturité » pour Genndy Tartakovsky, Primal renouvelle et approfondit le style et certaines des thématiques déjà abordées par le créateur du show dans Samurai Jack, poussant tous les curseurs un peu plus loin dans la cruauté et la noirceur. Sur le plan thématique, Tartakovsky abandonne complètement certains aspects de sa création précédente : la technologie, les combats conçus en hommage au chanbara ; il laisse même de côté tout recours à une narration passant par le dialogue, afin de plonger le spectateur dans un monde et une œuvre uniques, suivant la trajectoire d’un homme des cavernes imposant qui lutte pour survivre dans un pays sauvage où les dinosaures et les créatures fantastiques dominent la chaîne alimentaire.

« Avoir un bon copain, voilà ce qu’il y a de meilleur au monde », et avoir un copain T-Rex, ça aide, bien sûr, même si la compréhension et cette étrange relation d’amitié inter-espèces n’est pas encore complètement établie dans les premiers – et formidables – épisodes de la série, et mettra un certain temps à se construire. Des concepts forts traversent par ailleurs Primal : suicide, vengeance… De fait, les dix épisodes de cette première saison, courts mais dégageant une violence viscérale incroyablement brutale, ne sont pas forcément à mettre devant tous les yeux. Développant une violence et une intensité parmi les plus exagérées que l’on ait jamais vu dans une série animée, Primal joue souvent la carte de l’excès, mais c’est aussi ce qui fait son charme. La musique de Tyler Bates et Joanne Higginbottom est également absolument remarquable, et contribue à sa manière à l’addiction que vous développerez assurément en découvrant le show.

Dans l’ensemble, la première saison de Primal suit un chemin narratif ténu mais bien réel, à mi-chemin entre le show procédural (un épisode = une histoire) et le feuilleton (la relation entre Spear et Fang évolue toujours un peu). Les premiers épisodes servent à établir et à tisser l’amitié centrale entre les deux personnages. A partir du cinquième et délirant épisode, dans lequel un Spear métamorphosé en créature à la Hulk réduit à néant une population d’hommes-singes, Primal passe en territoire plus pulp-esque avec un personnage majeur presque mortellement blessé qui sera lentement ramené à la santé d’un épisode à l’autre. À partir de là, les dangers reprendront leur cours jusqu’à un dernier épisode introduisant un nouveau personnage, qui devrait prendre une grande importance dans la deuxième saison de la série, qui devrait être diffusée cette année sur [Adult swim] – chaîne disponible en France en US+24 sur Molotov.TV, pour ceux que ça intéresse…

Le coffret Blu-ray

[4/5]

Mise en boite avec un talent incroyable par le Studio La Cachette, studio d’animation parisien (Cocorico !), Primal nous propose une expérience visuelle époustouflante, magnifiquement rendue en Haute-Définition par le Blu-ray édité par Warner Bros. L’image est donc d’une précision et d’une limpidité extraordinaires. Les couleurs et les contrastes sont au taquet, la définition est sans accroc, le piqué d’une précision remarquables. Les compositions de plans créées par Genndy Tartakovsky et son équipe, qui combinent des personnages aux contours francs et massifs en avant-plan couplés avec des arrière-plans extrêmement stylisés, s’imposent comme de véritables réussites visuelles. Côté son, pas de dialogues à proprement parler, mais des grognements et des bruits d’ambiance – voilà le pari ambitieux de Primal, qui permet de fait à Warner de nous proposer un unique mixage DTS-HD 5.1 Master Audio qui permettra à la bande originale originale de Tyler Bates et Joanne Higginbottom de se démarquer d’une atmosphère acoustique à 100% immersive, mixant les bruitages parfois exagérément agressifs à des surrounds d’ambiance épatants, le tout explorant avec malice chaque parcelle de la scène sonore. Une présentation acoustique à la hauteur de la série : intense et dynamique.

Du côté des suppléments, on trouvera un court making of (10 minutes) qui donnera la parole à divers membres de l’équipe de la série, en commençant bien sûr par le créateur de Primal Genndy Tartakovsky. Le directeur artistique Scott Wills, le concepteur sonore Joel Valentine et l’acteur Aaron LaPlante s’exprimeront également, revenant de façon rapide sur la genèse et le développement de la série. Cerise sur le gâteau, les français Julien Chhenge et Camille De Knÿff (Studio La Cachette) reviendront également sur leur expérience aux côtés de Tartakovsky, présenté comme une « rockstar » dans le monde de l’animation.

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