Test Blu-ray : Pour toi j’ai tué

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Pour toi j’ai tué

 
États-Unis : 1949
Titre original : Criss cross
Réalisation : Robert Siodmak
Scénario : Daniel Fuchs
Acteurs : Burt Lancaster, Yvonne De Carlo, Dan Duryea
Éditeur : Elephant Films
Durée : 1h28
Genre : Film Noir
Date de sortie cinéma : 17 juin 1949
Date de sortie DVD/BR : 6 février 2018

 

 

Steve Thompson est convoyeur de fonds à Los Angeles. Attristé par son récent divorce, il ne songe qu’à récupérer Anna, son ex-femme qui s’est pourtant remariée avec Slim Dundee, un gangster qui ne lui inspire guère confiance. Pour tenter de les séparer, Steve décide de tendre un piège à Slim en organisant le braquage de son propre fourgon, glissant progressivement lui aussi dans le grand banditisme…

 

 

Le film

[5/5]

Une voix off lancinante et déprimée, des personnages torturés, une histoire d’amour obsessionnelle et mortifère, un braquage qui tourne mal, le tout se déroulant sur une intrigue faite de manipulations en tous genres… Dites-donc, ça serait pas un Film Noir, votre truc, là ? Bingo, et quel Film Noir ! Pour toi j’ai tué marque en effet, en 1949, les retrouvailles entre le réalisateur Robert Siodmak et Burt Lancaster, trois ans à peine après Les tueurs, qui avait déjà fait très forte impression auprès de la critique et du public.

Faisant, dans ses deux premiers tiers, passer son intrigue de gangsters au second plan au profit de la mise en place du couple Burt Lancaster / Yvonne De Carlo, Pour toi j’ai tué prend son temps afin de poser les bases d’une passion amoureuse aussi dévorante que fatale, rendue crédible par des personnages à la psychologie complexe, dont le spectateur découvrira une partie du passé grâce à une habile série de flash-backs, n’empiétant jamais ni sur l’évolution de l’intrigue ni sur le rythme du film, aussi court que nerveux. Comme toujours ou presque dans le genre du Film Noir, une certaine idée de « fatalité » se mêle à la sombre histoire de crime et de passion qui nous est ici racontée ; ainsi, dès les premières minutes du film, à l’entame de la voix-off récitée par le personnage de Burt Lancaster, et à la découverte de son personnage dont les actes ne sont motivés que par une espèce d’irrépressible pulsion morbide, le spectateur sait pertinemment que le dénouement sera dramatique… Prisonnier d’un passé qu’il ne parvient pas à oublier, le personnage de Burt Lancaster semble agir comme un fantôme, impuissant devant ses propres actes, qu’il commente quasiment sans les comprendre.

Derrière la caméra, Robert Siodmak prend le parti de l’épure, et livre avec Pour toi j’ai tué un spectacle tendu et presque intemporel. Le sens du cadre dont il fait preuve est saisissant, opposant ou rapprochant ses personnages dans les mêmes plans, jouant sur les positions et les regards avec une virtuosité de tous les instants – ce qui est d’autant plus remarquable que la photo du film signée Frank Planer s’avère réellement de toute beauté. Et outre les deux premiers rôles tenus à la perfection par Burt Lancaster et Yvonne De Carlo, on notera également la présence de Dan Dureya dans la peau du troisième larron composant ce triangle amoureux destructeur. Impressionnant dans son rôle de caïd aussi imprévisible que dangereux, l’acteur ne parvient cependant pas au fil du film à se défaire de l’image qu’il fait, peut-être malgré lui, naître dans l’esprit du spectateur lors de sa première apparition : celle du truand incarné par un Richard Widmark alors débutant dans Le carrefour de la mort (Henry Hathaway, 1947). On a cela dit connu pire référence !

 

 

Le Blu-ray

[4/5]

Petit à petit, les rangs de la collection « Cinema MasterClass » de chez Elephant Films s’étoffent et permettent aujourd’hui au spectateur français de profiter d’une belle série de chefs d’œuvres en Haute Définition. En ce qui concerne Pour toi j’ai tué, on ne pourra à nouveau que féliciter l’éditeur, qui nous livre un master assez superbe : la copie a visiblement été restaurée et affiche un excellent niveau de détail et des contrastes finement travaillés, tout en respectant scrupuleusement le grain « cinéma » du film. On repérera bien ici ou là quelques rayures verticales et autres petits points blancs dus au temps, mais le film de Robert Siodmak affiche globalement une image d’une stabilité remarquable. Côté son, l’éditeur nous propose une version originale en DTS-HD Master Audio 2.0 (mono d’origine), sans trop de souffle ni de bruits parasites intempestifs. Les dialogues sont parfaitement clairs ; on regrettera néanmoins quelques fautes d’orthographe dans le sous-titrage français.

Côté suppléments, l’éditeur nous propose, outre la traditionnelle série de bandes-annonces des films de la collec et l’incontournable galerie de photos, une présentation du film par Eddy Moine, qui s’échine à donner de la vie à son intervention en lui insufflant un certain dynamisme. Synthétique et pertinente, cette entrée en matière s’avère très intéressante.

 

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