Test Blu-ray : Nous les gosses

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Nous, les gosses

 
France : 1941
Titre original : –
Réalisateur : Louis Daquin
Scénario : Marcel Aymé, Louis Daquin
Acteurs : Louise Carletti, Gilbert Gil, André Brunot
Éditeur : Pathé
Durée : 1h30
Genre : Drame, Comédie
Date de sortie cinéma : 2 décembre 1941
Date de sortie DVD/BR : 7 novembre 2018

 

 

Un élève d’une école primaire brise par accident la grande verrière de son école. Un véritable élan de solidarité se manifeste alors pendant la récréation : tous ses camarades décident de le soutenir en travaillant pendant les vacances afin de payer la reconstruction. Mais un voyou du coin s’empare de leurs économies…

 

 

Le film

[3,5/5]

On pense souvent que la tradition française du « film de gosses », qui exploserait en France avec le grand succès populaire de La guerre des boutons (Yves Robert, 1962), est né de la plume fine et poétique de Jacques Prévert et de ses fameux Disparus de Saint-Agil (Christian-Jaque, 1938). En y regardant de plus près, on pourra néanmoins supposer que l’inspiration de Prévert et Christian-Jaque venait du succès outre-Atlantique des Petites canailles, une série de courts films créée par le producteur Hal Roach, produits et diffusés entre 1922 et 1944 aux Etats-Unis. Comme son titre l’indique, la série suivait bien sûr les tribulations d’une petite bande d’enfants farceurs et indisciplinés. Les français découvriraient par la suite Les petites canailles à la télévision en 1962, année de sortie de La guerre des boutons ; il y a également de fortes chances pour que les quarantenaires d’aujourd’hui connaissent également la série, puisqu’elle fut diffusée à partir de 1984 dans Récré A2, parallèlement à la série animée de chez Hanna-Barbera mettant en scène la même bande de petits galopins.

Elle a beau avoir l’air, comme ça, un peu tirée par les cheveux, cette référence aux Petites canailles n’est néanmoins absolument pas gratuite, tant Nous, les gosses, réalisé par Louis Daquin en 1941, semble réellement conçu comme une « réponse française » à la série créée par Hal Roach. Essentiellement basé sur la bande de gamins, et sur les trésors d’imagination qu’ils vont développer pour réunir une somme destinée à remplacer une verrière cassée à l’école, le film fait preuve d’un esprit bon enfant tout à fait charmant, et enchaine les saynètes à la manière d’un film à sketches. Si elles ne sont pas tous de la même trempe ni de la même efficacité, les séquences comiques s’enchainent sur un rythme relativement soutenu, et leur mise en scène est en revanche bien souvent très moderne et remarquable ; par conséquent, certains passages s’avèrent, encore aujourd’hui, assez réjouissants. On s’amusera également des références faites au monde du cinéma par Louis Daquin : outre une référence explicite à Charlie Chaplin et à son chef d’œuvre Le kid, on remarquera également une affiche de film avec le nom de Pierre Larquey, qui joue le père Finot dans Nous, les gosses. De la même façon, Marcel Aymé est explicitement cité en tant qu’écrivain au début du film… alors qu’il en signe également les dialogues.

Produit et tourné durant l’occupation, Nous, les gosses développe son récit autour d’une certaine idée de « solidarité » entre les enfants, qui décident, d’un commun accord, de passer leurs vacances à travailler afin de rembourser une verrière que l’un d’eux a brisé – mais il faut veiller à ne pas se faire dérober cet argent durement gagné, car le danger rôde… Si le sous-texte politique semble évident à posteriori, on admettra néanmoins qu’aucune référence explicite au gouvernement de Vichy n’est faite durant le film. A voir si vous voulez vous faire une idée !

 

 

Le Blu-ray

[5/5]

Nouveau « classique » oublié du cinéma français exhumé par Pathé, Nous, les gosses débarque sur support Blu-ray dans la prestigieuse collection « Version restaurée par Pathé ». Et le moins que l’on puisse dire, c’est que pour un film allant tout doucement vers son quatre-vingtième anniversaire, le film de Louis Daquin affiche une forme insolente, prouvant à nouveau le soin maniaque apporté par l’éditeur à ses restaurations de films de patrimoine. L’image est d’une belle stabilité, le grain d’origine est scrupuleusement respecté, le piqué est d’une étonnante précision et les contrastes pointus accentuent l’impression de profondeur de l’ensemble ; les gris sont riches, les blancs lumineux, bref, c’est une réussite totale. Côté son, le film est proposé dans un mixage DTS-HD Master Audio 2.0 mono d’origine propre et clair, restituant parfaitement les dialogues ; si quelques légères saturations demeurent inévitables, aucun craquement intempestif ne viendra en revanche perturber l’oreille des spectateurs : du très beau travail acoustique.

Du côté des suppléments, l’éditeur nous propose tout d’abord de nous plonger dans trois courts documents d’archives sur la France de Vichy, qui s’accompagneront d’une présentation du film aux côtés de Thomas Baurez et Jonathan Broda, qui nous donneront des informations très intéressantes sur le contexte de tournage ; très enthousiastes, ils voient dans Nous, les gosses une contestation de l’autorité en place.

 

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