Test Blu-ray : Macho Callahan

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Macho Callahan

États-Unis, Mexique : 1970
Titre original : –
Réalisation : Bernard L. Kowalski
Scénario : Richard Carr, Cliff Gould
Acteurs : David Janssen, Jean Seberg, Lee J. Cobb
Éditeur : Sidonis Calysta
Durée : 1h39
Genre : Western
Date de sortie cinéma : 8 juillet 1971
Date de sortie DVD/BR : 17 février 2022

Profitant d’une sanglante mutinerie dans la prison militaire où il est détenu, Macho Callahan s’évade, bien déterminé à se venger de l’homme qui l’a envoyé derrière les barreaux. Déjà recherché par des chasseurs de primes et la justice, il aggrave encore son cas en tuant en duel un officiel confédéré dont l’épouse offre une forte prime contre sa tête…

Le film

[3,5/5]

Aussi éloigné de l’ambiance traditionnelle du western américain que de la décontraction des récits de vengeance du western spaghetti, Macho Callahan est un western assez unique en son genre. « Feel bad movie », âpre et moralement complexe, développant une atmosphère et un climat oppressant, désespéré, le film de Bernard Kowalski s’inscrit en revanche profondément dans son époque de production : l’ombre de la guerre du Vietnam plane en effet de façon assez forte au-dessus du récit.

Enrôlé malgré lui en tant que soldat confédéré – par un recruteur sans scrupule ayant profité de son illettrisme – Diego « Macho » Callahan (David Janssen) a tenté de déserter, et s’est vu en envoyé en prison. Le film de Bernard Kowalski commence ainsi de manière assez noire et impressionnante, avec la description terriblement macabre et complaisante d’un camp de prisonniers de guerre infesté de rats et de cafards où les soldats dépérissent et meurent comme des chiens. Cependant, malgré la description assez terrible du camp qui marque les premières minutes de Macho Callahan, il sera bien difficile pour le spectateur de s’identifier au personnage central du film une fois que celui-ci, après une évasion audacieuse, cherchera à tout prix à se venger.

La raison en est simple : le personnage central de Macho Callahan, à l’image de tous ceux qui l’entourent, est une véritable ordure – un personnage sans morale navigant dans un océan d’autres personnages sans morale. On comprend certes qu’il soit très énervé par ce qui lui est arrivé, mais pourtant, il sera difficile de faire preuve d’une quelconque empathie lorsque Callahan versera dans la violence la plus aveugle et inconsidérée, par exemple en tuant le colonel Mountford (David Carradine) autour d’une bouteille de champagne. Difficile de lui trouver des circonstances atténuantes quand, quelques scènes plus tard, il battra et violera sa veuve, Alexandra (Jean Seberg), à l’occasion d’une séquence rude et encore aujourd’hui assez éprouvante et difficile à regarder.

Vous l’aurez compris : à l’image de son antihéros de personnage central, Macho Callahan n’est pas un film franchement « aimable ». Bernard Kowalski y démontre que la guerre annihile tout sens commun : les êtres humains sont réduits à l’état de bêtes sauvages, et le sort des animaux n’est d’ailleurs pas tellement enviable, dans le sens où en plus de la scène de viol assez pénible que l’on vient de citer, Macho Callahan comporte également quelques scènes de cruauté envers les animaux qui mettront probablement les spectateurs assez mal à l’aise.

Le moins que l’on puisse dire cependant, c’est que le film de Bernard Kowalski n’est pas un film tiède : il provoquera chez le spectateur de fortes réactions, quelle que soit sa sensibilité. On notera également que Macho Callahan mettra en scène – avant même prise d’otage de 1973 et l’enlèvement de Patty Hearst en 1974 – une illustration du syndrome de Stockholm avec le personnage d’Alexandra qui tombera amoureuse de Callahan après que ce dernier ait assassiné son mari, puis l’ait battue, violée et marquée au visage !

Vous êtes prévenus : voilà un western assez extrême et inhabituel… Un film à la fois moralement répugnant et absolument fascinant, d’autant qu’il est magnifié par une photo et une musique remarquables. Les acteurs sont également assez excellents : outre le duo d’acteurs principaux, on notera des seconds rôles solides, tenus par Lee J. Cobb, James Booth et Bo Hopkins. Une sacrée curiosité…

Le Blu-ray

[4/5]

C’est à Sidonis / Calysta que nous devons le plaisir malaisant de (re)découvrir Macho Callahan sur support Blu-ray. Le master encodé en 1080p et format Scope 2.35 respecté n’est certes pas irréprochable (quelques poussières et autres griffes subsistent), mais le piqué, les couleurs et les contrastes sont enthousiasmants. La copie est stable, et le grain argentique d’origine a été respecté : c’est tout à fait réussi. Côté son, VF et VO anglaise sont proposées dans des mixages DTS-HD Master Audio 2.0 mono d’origine, la version française s’avérant un peu plus étouffée que sa grande sœur anglaise, avec un léger souffle persistant, mais rien de dramatique là non plus.

Dans la section suppléments, fidèle à ses habitudes éditoriales sur la collection « Western de légende », l’éditeur français nous propose de retrouver deux présentations du film, assurées par les spécialistes « maison » de la collection. Comme très souvent, la présentation par Jean-François Giré (17 minutes) révélera énormément de détails de l’intrigue, le critique spécialiste du western spaghetti résumant assez longuement le film afin de revenir sur certains détails précis. Jean-François Giré admettra avoir réévalué le film de Bernard Kowalski en le redécouvrant récemment, et évoquera la photo, les personnages et l’histoire du film dans son ensemble. On continuera ensuite avec une présentation par Patrick Brion (8 minutes). Fidèle à sa méthode d’analyse, il replacera Macho Callahan dans son contexte de tournage, et, tout en soulignant le talent du réalisateur, reviendra sur ses quelques réserves concernant le film.

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